Un bus, où les gens du voyage auront accès à de l’accompagnement scolaire, à de l’insertion professionnelle, ou encore à de la prévention santé, sera bientôt mis en circulation. Ce projet de camion multi-services est le résultat d’un consortium entre la Ligue de l’enseignement, le Secours populaire, et l’Association des gens du voyage des Yvelines. « On intervient déjà tous dans nos domaines respectifs. Mais là on va utiliser les compétences de chacun pour intervenir et travailler ensemble », explique Florence Cazaux, la directrice générale adjointe de la Ligue de l’enseignement.

50 % des enfants ne sont plus scolarisés

Cette confédération d’associations intervient depuis 2018 auprès des gens du voyage, installés sur des aires d’accueil ou sur des emplacements illicites. À la demande de la direction départementale de la cohésion sociale des Yvelines, elle a dû rentrer en contact avec eux pour faire un état des lieux et agir en conséquence. « On a créé une relation de confiance. Il a fallu déconstruire les représentations et apprendre à se connaître. La pandémie a été le point de départ pour réfléchir à ce qu’on pouvait faire, car ils ont été touchés de plein fouet », justifie Magali Raymongue, responsable à la Ligue et coordinatrice du projet. Cette dernière fait référence aux emplois perdus pour beaucoup d’entre eux.

D’où la nécessité de créer ce bus multi-services, pour les sortir d’une exclusion sociale et économique. Cet accompagnement devrait se concrétiser avant l’été, grâce au financement de France relance. Porteuse du programme, la Ligue de l’enseignement a présenté ce dispositif lors d’un appel à projets, pour prévenir et lutter contre la pauvreté en janvier dernier. Et le 14 avril, elle a été retenue. Le montant du financement n’est pas encore connu.

En attendant l’arrivée de ce bus, ponctuellement dans neuf aires d’accueil et emplacements illicites des Yvelines – dont celles d’Élancourt et Trappes – le consortium mobilise actuellement les gens du voyage pour connaître leurs priorités en matière de besoins. « Sur site, on travaille avec eux pour construire le projet, pour être en adéquation avec leurs attentes et leurs besoins », explique Magali Raymongue. Un peu comme « un conseil citoyen », poursuit la directrice générale adjointe.

700 personnes sont concernées par ce projet

Pour le moment, certains besoins ont déjà été identifiés, comme la prévention sur la santé. « On va déployer des autotests en leur mettant à disposition des boîtes et on va les sensibiliser à leur utilisation », illustre la coordinatrice du projet. Les mères de famille ont également fait part de leur volonté d’en savoir plus sur la santé alimentaire, notamment pour leurs enfants, selon Florence Cazaux. Les risques domestiques sont également une problématique que la Ligue souhaite aborder avec les voyageurs. « Les aires d’accueil peuvent être dangereuses pour les enfants. On va peut-être former les adultes et les ados aux gestes de premiers secours », ajoute la directrice.

L’accompagnement scolaire des enfants est également une thématique phare dans ce programme. « Pour beaucoup d’enfants, la scolarisation a été stoppée pendant la pandémie. Au total, 50 % des enfants ne sont plus scolarisés. On va avoir un travail de démystification de l’école pour qu’ils soient rescolarisés », analyse Florence Cazaux.

En effet, depuis la crise sanitaire, les parents voyageurs ont le plus souvent retiré leurs enfants de l’école, par peur qu’ils attrapent le Covid-19, (voir notre édition du 19 janvier 2021). « Ils se font aussi de fausses idées. Un papa m’a dit par exemple qu’il pensait que les enfants se faisaient vacciner à l’école », illustre la directrice.

Le bus proposera également du soutien scolaire. « Les parents ne sont pas tous lettrés. Ça a été un problème pendant le premier confinement. Pourtant, ils allaient chercher les devoirs à l’école, mais ils ne pouvaient pas beaucoup aider leurs enfants », constate Florence Cazaux.

Les parents seront également aidés dans leurs démarches administratives. « Dans le bus, on pourra répondre à leurs questions et on les orientera vers la bonne structure, pour qu’ils la connaissent », explique Florence Cazaux. Enfin, l’accès au savoir pour les adultes et à l’insertion professionnelle sont d’autres objectifs du bus de la Ligue de l’enseignement.

Ainsi, France relance compte leur accorder un financement sur deux ans. Mais le projet va probablement se poursuivre après avec d’autres financements, espère la directrice. Au total dans les Yvelines, 700 personnes issues de la communauté des gens du voyage sont concernées par ce dispositif.

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