Un recueil de tranches de vie racontées poétiquement, plus qu’une autobiographie complète. Plus tôt dans l’année, Roland Nadaus a publié Le Miroir amnésique (Éditions Henry). Dans ce livre, l’ancien maire PS de Guyancourt (1983-2002) et président de Saint-Quentin-en-Yvelines (1989-1998), revient sur son cheminement de poète, enseignant, militant, homme politique et croyant.

« C’est une commande de mon éditeur, qui date de bien avant le confinement, qui vient de lancer une nouvelle collection qui s’appelle ‘‘La poésie, comme elle va’’, raconte Roland Nadaus. […] La commande qu’il nous a faite, c’est de faire une espèce d’autobiographie, mais uniquement sous l’angle poétique, donc même en parlant d’autres activités. » Un exercice qui n’a pu que convenir au poète-ex-maire, maniant la plume depuis son plus jeune âge et déjà auteur d’une soixantaine d’ouvrages.

Dans ce livre de 120 pages, les thèmes et la temporalité ne sont donc pas linéaires, mais s’entremêlent sous forme « d’éclats de miroir », nous explique-t-il par téléphone. Chaque chapitre est ainsi autant de « tranches » de vie qui « me semblaient significatives de mon itinéraire, et qui étaient en lien avec les fondement de mon existence, qu’ils soient d’ordres politique, littéraire et poétique, spirituel, amoureux, philosophique, etc. ».

« L’angle poétique »

En plus des hommes et femmes qui ont compté dans le parcours de Roland Nadaus, et de son « bocage » en Mayenne où il passe désormais le plus clair de son temps, Guyancourt et Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) occupent une place prépondérante dans Le Miroir amnésique. « J’en parle beaucoup parce que ça a été un carrefour très important de ma vie publique, mais aussi de ma vie de poète et de dramaturge », confirme l’auteur, qui garde « un œil sentimental » sur SQY et Guyancourt, même s’il confie y revenir « très peu souvent », surtout depuis le début de la crise sanitaire, préférant désormais « être au milieu des champs ».

Dans ce livre, on apprend notamment que Roland Nadaus s’est fait « casser la gueule » par un colleur d’affiches à la veille de sa première élection comme maire en 1983. Coup de boule dont il garde aujourd’hui le nez cassé, la fracture ayant été détectée trop tardivement. Si l’ancien maire de Guyancourt confie qu’il en a « eu d’autres », dont des « freins sectionnés », il leur préfère d’autres souvenirs.

« Tout n’a pas été comme ça, heureusement, souligne Roland Nadaus. J’ai eu le bonheur, qui est assez rare quand même, de construire une ville. Parce que, lorsque je suis arrivé à Guyancourt, c’était un petit village de 1 000 habitants […] et on a bâti une ville complète, en une génération. C’est quand même quelque chose d’extraordinaire, épuisant, que je paye de ma santé aujourd’hui, mais qui n’est pas donné à tout le monde. »

En plus de la politique, la poésie est centrale dans Le Miroir amnésique, tout comme la foi avec, comme le raconte l’auteur, « une conversion à la fois longue et brutale après 40 ans d’absence ». Trois thèmes sur lesquels l’ouvrage montre clairement la liberté qu’a toujours souhaité avoir Roland Nadaus.

« Ça a été une constante dans ma vie, qui ne me faisait pas rigoler, mais qui me fait maintenant un peu rigoler : chez les poètes j’étais suspect parce que je faisais de la politique, chez les politiques j’étais suspect parce que j’étais poète, chez les cathos j’étais suspect parce que je n’allais plus à l’église, et puis encore suspect quand j’y suis revenu, glisse-t-il. En fait non, j’ai toujours eu une vie de liberté, je l’ai payé, mais tout compte fait je suis plutôt fier d’avoir été un homme libre tout en étant fidèle à mes convictions, mes amis, mes amours. »