Certains rêvent d’une carrière de footballeur, lui a choisi le sifflet. Félicien Gazon est arbitre depuis huit ans maintenant. Le jeune homme de 25 ans, licencié au FO Plaisir, a été propulsé sur le devant de la scène de manière inattendue le 13 mars dernier, lors d’un Dunkerque-Niort, comptant pour la 29e journée de L2. À la 37e minute, l’arbitre central, Olivier Thual, se blesse et doit lui céder sa place. Une première pour celui qui officie, depuis l’été dernier, comme 4e arbitre dans cette division, et arbitre central en N2.

« C’était un gros moment de stress, mais après, il a fallu se mettre dans la rencontre, et mon seul objectif, c’était de mener la rencontre à son terme et de ne pas avoir de soucis, confie-t-il. La fin de 1re période m’a permis de m’acclimater et, à la mi-temps, j’avais la chance d’avoir deux assistants très expérimentés également, qui m’ont rassuré et encouragé […]. La 2de période, j’ai pu plus facilement rentrer dedans. »

Mais Félicien Gazon ne s’emballe pas. Il reconnaît que sa première au centre en L2 était due à « un concours de circonstances ». Elle s’inscrit néanmoins dans la trajectoire de progression du Plaisirois, qui ne cesse de gravir, voire sauter, les échelons depuis ses débuts dans l’arbitrage, à 17 ans. En une saison, il passe du départemental au régional, en R4 (PH à l’époque). Puis, major, il bénéficie d’une promotion accélérée et se retrouve, au bout de trois ans, en R2 (DSR), et débarque en N3 (ex-CFA2), où il fait deux saisons avant donc, en août 2020, de faire ses débuts en N2 au centre – même s’il a rapidement été mis au repos forcé en raison de l’arrêt de la N2 dû à la crise sanitaire – et comme 4e arbitre en L2.

En huit ans, Félicien Gazon a déjà parcouru du chemin. Il faut dire que le coup de cœur pour la fonction a été quasi instantané. « C’était un dirigeant de mon club qui m’avait proposé de passer la formation initiale pour devenir arbitre au district des Yvelines, et ça m’a interpellé, se souvient-il. Le fait de découvrir les lois du jeu, d’avoir l’examen pratique, d’être sur le terrain et d’être mis en condition, j’ai tout de suite accroché […]. C’est devenu, au fil des années, une passion. »

Il n’a d’ailleurs pas tellement hésité lorsqu’il a dû choisir entre joueur et arbitre. « Les deux premières saisons, […] j’arbitrais le samedi les jeunes, et je jouais le dimanche avec mes amis au FO Plaisir. Au bout d’un an et demi, j’avais 19 ans, et je n’avais plus l’âge d’arbitrer les jeunes […]. On m’a dit : il faut que tu choisisses […] J’ai tout de suite choisi l’arbitrage, car ça me plaisait énormément, j’avais la possibilité d’évoluer, et je voulais creuser et découvrir la fonction encore plus », raconte-t-il, se disant attiré par le fait de « prendre le sifflet et de protéger les acteurs, d’avoir une place à part entière dans la construction du jeu, […] et aussi tout le côté [faire] respecter le règlement tout en n’étant pas trop autoritaire ».

Selon Félicien Gazon, un bon arbitre doit « être humble, […] avoir ce côté remise en question permanente » et faire preuve de courage, car « il faut savoir prendre des décisions, les assumer, reconnaître quand on se trompe ». Bien sûr, il faut aussi « être un athlète », ajoute-t-il. La préparation physique est d’ailleurs essentielle avant un match, mais aussi la préparation mentale : « Dès lors qu’on a la désignation (de l’affiche, environ dix jours avant, Ndlr), on se renseigne sur les deux équipes qu’on va arbitrer […]. Plus on est préparé mentalement, plus on a de cartes pour faire face à d’éventuelles situations. »

D’autant que les arbitres ne sont pas épargnés par les violences verbales, voire physiques. Ce dernier cas de figure, Félicien Gazon assure ne l’avoir jamais subi. En revanche, « les violences verbales, forcément », reconnaît-il, insistant sur l’importance de « faire abstraction » des « choses assez désagréables » qui sont entendues. « C’est aussi la difficulté du rôle d’arbitre, de très bien voir, mais de ne pas très bien entendre », résume-t-il. Félicien Gazon peut aussi compter sur sa profession d’ingénieur en informatique, qui l’aide à couper de l’arbitrage durant la semaine. « C’est un métier […] que j’aime bien également, donc ça me permet aussi d’avoir un à-côté du football. […] À notre niveau, c’est conseillé d’effectuer un métier, on n’est pas encore à un niveau où on peut vivre uniquement du football. »

Mais pourquoi pas, à l’avenir, officier au plus haut niveau ? Le jeune homme reste lucide mais ne manque pas d’ambition : « Il faut beaucoup travailler pour pouvoir atteindre le niveau supérieur qui est le National, déjà, et je me donnerai tous les moyens pour y arriver. C’est clairement l’objectif, et c’est une passion, donc à partir du moment où on fait quelque chose qu’on aime, on a forcément envie d’aller au bout du truc. »

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