Du rêve au cauchemar en quelques secondes. Le Plaisir rugby club (PRC) a bien cru qu’il allait le faire, et tout un stade Barran survolté avec lui, en ce dimanche 2 juin. Devant leurs supporters, alors qu’ils venaient d’inscrire ce qu’ils pensaient être la pénalité de la qualification en quarts de finale de Fédérale 2, synonyme de montée en Fédérale 1, les Plaisirois ont très mal négocié un ultime renvoi adverse, suite auquel ils se sont fait pénaliser. Une pénalité que n’a pas manquée Castillon, qui arrache donc sa qualification. La victoire est certes plaisiroise (23-17) lors de ce 8e de finale retour, mais elle ne suffit pas pour se qualifier après la défaite de huit points (32-24) à l’aller en terre girondine.

« Ce match ressemble à beaucoup des derniers matchs qu’on a faits, lâchait, encore marqué et la voix éteinte, l’entraîneur plaisirois, Sébastien Roncalli, quelques minutes après la fin de la rencontre. Pour moi, le plus gros des adversaires, c’est nous-mêmes. On joue quand même à 12 en 1re mi-temps, on prend trois cartons, on ne se met pas bien, mais toute la force de ce groupe c’est ça, c’est que même avec 13 ou 14 points de retard (et même 16 à la mi-temps sur le cumul des matchs, Ndlr), à 12 ou 13, on n’a rien lâché. Je pense qu’on a fait une très grande 2e mi-temps de rugby, qu’on n’a pas été payés comme on aurait dû l’être par Monsieur l’arbitre, qu’il y a vraiment eu de grosses erreurs [d’arbitrage] qui nous coûtent très cher. »

Avant l’ultime action fatale, le PRC avait bien réussi à réaliser ce qui s’apparente à un miracle. Miracle, car outre les 8 points de retard après le match aller, les Plaisirois, pénalisés et en triple infériorité numérique temporaire après trois cartons jaunes reçus, ne parvenaient pas à emballer le match pour rattraper leur retard en 1re période. Pis encore, ils se retrouvaient menés 11-3 après 40 premières minutes où certes, ils ont ouvert la marque d’entrée sur une pénalité de leur demi d’ouverture Thibaud Fautrier, mais ont encaissé un essai et deux pénalités.

« En 1re mi-temps, on a du mal car on ne joue pas à 15, et on est très pénalisés, on n’est jamais récompensés. Sur l’ensemble du match, il y a une mêlée qui avance et une qui recule, et on n’a jamais été récompensés, donc à un moment donné, c’est quand même dur aussi de jouer contre 16 types en permanence, concède Sébastien Roncalli, ayant visiblement du mal à digérer certaines décisions arbitrales. Et puis, quand vous êtes un, deux, ou trois de moins sur un 8e de finale, forcément, ça compte. C’est vraiment un gros regret, car on s’était dit qu’on allait être aujourd’hui très disciplinés. Malheureusement, on est restés sur nos petits travers. »

En seconde période, pourtant, c’est davantage la force du PRC et non ses travers que le public plaisirois a pu voir. Le talonneur des Jaune et bleu, Corentin Queau, sonnait la révolte par un essai à la 43e minute. Plaisir dominait largement cette seconde période et mettait au supplice son adversaire, qui écopait aussi d’un carton dès le début de la 2e mi-temps. Le coaching, notamment un changement de demi de mêlée, qui amenait du rythme au jeu plaisirois, faisait son effet. La remontée plaisiroise était en marche et en dépit d’une pénalité adverse autour de l’heure de jeu, Thibaud Fautrier répondait lui aussi dans cet exercice une minute plus tard (13-14, 62e minute). Puis un essai à la 73e minute de l’ailier Hugo Taillandier, transformé par Fautrier, faisait basculer Plaisir devant sur ce match. Plus que trois points et le PRC passait devant sur les deux matchs. Et ils arrivaient, ces trois points, sur une 3e pénalité réussie par Fautrier dans cette partie.

23-14, mais il restait encore une dernière action et la suite de l’histoire risque de hanter les têtes plaisiroises encore quelques temps. « Sur la fin sur une dernière réception, celle-là, c’est bien nous qui l’avons loupée, et personne d’autre, admet Sébastien Roncalli. C’est les phases finales, ça se joue à pas grand-chose, et aujourd’hui, ça ne bascule pas pour nous, malheureusement. » Alors qu’au tour précédent, Plaisir avait entre autres bénéficié d’un raté adverse sur une dernière pénalité pour se qualifier, cette fois, la réussite n’était pas de leur côté.

Au coup de sifflet final, il fallait donc regarder de l’autre côté du terrain, où étaient rassemblés les supporters adverses, pour voir des scènes de joie et des personnes s’enlaçant, à quelques mètres de joueurs plaisirois allongés par terre, sonnés. Ils pourront tout de même se consoler en se disant qu’ils auront sans doute écrit l’une des plus belles si ce n’est la plus belle page de l’histoire du club. Car oui, malgré cette fin trop cruelle et même s’il n’y a pas de montée, un 8e de finale de Fédérale 2 est aussi une 1re pour le club, et l’objectif fixé en début de saison d’atteindre ce stade de la compétition est rempli.

« C’est historique, la saison qui a été effectuée au club, souligne Sébastien Roncalli. C’est la 1re fois qu’en Fédérale 2, on a de tels résultats. On a quand même fini 1ers sur le classement général (toutes poules confondues pendant la phase régulière, Ndlr) avec 13 bonus offensifs, donc il y a quand même eu un gros volume de jeu envoyé toute l’année. Ça reste très positif pour tout le groupe senior. » Il salue ainsi également le beau parcours de l’équipe B, qui s’est hissée jusqu’en quart de finale de Fédérale B, où elle a été largement battue par Soustons (47-3) et de l’équipe 3, qui a elle remporté son championnat. Sébastien Roncalli fait ainsi part de sa « fierté » d’être à la tête d’un staff qui a « travaillé et fait progresser tous ces joueurs ». « Donc quoi qu’il arrive, malgré cette grosse déception, ça reste une belle saison aboutie », conclut le technicien.