« Là, on arrive à un point où ça devient compliqué de mener à bien les mesures qui nous incombent », reconnaît Valérie Ramage, membre du bureau CGT pour les agents du conseil départemental et ses établissements publics. Une intersyndicale, composée de la CGT, FO, et la Fédération autonome, a lancé un mouvement de grève le 8 avril pour dénoncer les conditions de travail, qui s’aggravent avec la crise sanitaire, selon les syndicats.

Les agents sont en flux tendu

Mais cette mobilisation ne serait pas représentative des agents départementaux. « Je ne suis pas alarmée par ce mouvement. […] Il faut relativiser les choses au vu des chiffres de la participation. Sur 4 000 collaborateurs, 13 on fait grève toute la journée, 14 une demi-journée et 95 ont débrayé une heure », minimise Myriam Lepetit-Brière, Directrice des ressources humaines (DRH) du Département des Yvelines. Même si la période n’est pas évidente pour se mobiliser, justifie la syndicaliste.

« Ça relève d’un constat qui date de plusieurs années et ça devient prégnant. On est constamment en réorganisation et on voit des postes qui disparaissent. Et on a des redéploiements avec le même nombre de postes sur d’autres services lourds, comme le médico-social ou l’enfance (laissant d’autres services sans renfort, ndlr) », atteste Valérie Ramage. C’est pourquoi l’intersyndicale réclame davantage de moyens humains, car les agents sont en flux tendu, selon elle.

Ce sont pour la plupart des travailleurs sociaux, médico-sociaux, professionnels de l’enfance, assistants familiaux, spécialisés dans l’insertion… « On travaille avec de l’humain, et on n’arrive pas à tout mettre en place en termes de prévention », observe-t-elle, en raison d’une montée en charge de leurs activités et d’une complexification des situations et des modes de traitement, selon le communiqué de presse de l’intersyndicale.

Pourtant, depuis janvier 2020, 180 travailleurs sociaux ont été recrutés et 33 recrutements sont en cours de recherche, selon la DRH. « On fait en fonction des besoins des managers. Le métier de travailleur social est compliqué. […] Ce n’est pas avec plus de moyens qu’on répond à la charge mentale qu’ils accumulent. C’est pourquoi on a mis en place un suivi psychologique », défend-elle.

Mais, certains travailleurs sociaux auraient jusqu’à 35 mesures chacun à gérer. Elles comprennent les placements des enfants, les mesures de prévention avant le placement, etc. Les syndicats demandent donc que l’accent soit mis sur la prévention pour limiter les mesures de placement. Ce qui réduirait les missions, les coûts, et améliorerait le bien-être des familles, comme l’affirme Valérie Ramage.

Myriam Lepetit-Brière la rejoint sur ce point : « La prévention est une préoccupation de la collectivité. » Le Département a d’ailleurs monté un centre de traitement du psychotraumatisme chez l’enfant, afin de prendre en charge le plus tôt possible ceux qui font l’objet d’un traumatisme, selon la DRH.

D’autant plus que les placements auraient augmenté depuis le premier confinement. « De ce que nous relate le terrain, […] avec des familles en huis clos, on a plus de difficultés. Même si on a tout fait. […] On a quand même eu une montée des violences. C’est indéniable », relate-elle. Ce que confirme la DRH. D’où une aggravation de leur condition de travail avec la crise sanitaire, selon la syndicaliste. Mais Myriam Lepetit-Brière nuance : « Il y a plus de situations à gérer et les professionnels sont aussi des parents. C’est pourquoi on a mis en place de la souplesse dans les organisations. On a priorisé les missions. »

« Il n’y a pas de précarité »

La lutte contre la précarité des agents est un autre cheval de bataille des syndicats. C’est pourquoi ils demandent que les contractuels soient titularisés. « On veut une vraie promotion et que le personnel soit valorisé », indique la membre du bureau CGT. À qui la directrice des ressources humaines répond : « Il n’y a pas de précarité. On ne fait pas de contrats de courte durée. Il y a très peu de contractuels. Les trois quarts sont des fonctionnaires. »

Enfin, la reconnaissance du travail des agents est un autre point que les syndicats soulèvent. « Là, les missions ne sont pas reconnues à leur juste valeur », affirme Valérie Ramage. Ils souhaitent que leur parole et leur expertise soient entendues et prises en compte, lorsqu’ils ont des réclamations notamment, comme lors de ce mouvement du 8 avril. « On a demandé une rencontre, mais on n’a pas eu de nouvelles », regrette Valérie Ramage. Mais un dialogue social « dynamique » existerait déjà, selon la DRH.

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