« Équipe », « ensemble pour innover et imaginer demain », « horizontal », « conviction », « succès », ce sont les mots de la fin prononcés par chacun des cinq fondateurs de la Software république. Lancé le 9 avril au siège du groupe Renault à Boulogne lors d’une conférence de presse en visioconférence, ce campus technologique consiste à développer un nouvel écosystème ouvert, consacré à la mobilité intelligente et durable. Il devrait prendre ses quartiers en septembre au Technocentre de Guyancourt, si la situation sanitaire le permet.
À l’initiative de Luca de Meo, dirigeant du groupe Renault, cinq entreprises, à savoir Atos, Dassault systèmes, le groupe Renault, STMicroelectronics et Thales forment un modèle d’intégration horizontale, afin de mutualiser leurs expertises. « Chacun met son savoir-faire au service de celui qui ne sait pas faire. […] On multiplie les compétences », lance Bernard Charlès, dirigeant de Dassault systèmes. L’objectif étant de concurrencer le marché mondial.
Ainsi, « l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la connectivité, l’électronique embarquée et les jumeaux numériques contribueront à l’excellence de ces nouveaux produits et services », précise le communiqué de presse. Seront développés et commercialisés des systèmes et des logiciels au service d’une offre de « mobilité enrichie et durable pour le territoire, les entreprises et les citoyens ».
La décarbonation
Une initiative essentielle selon ces responsables d’entreprise pour préserver l’environnement. « La décarbonation, c’est l’un des objectifs de la Software république. […] On s’est gargarisé ces derniers mois en pensant qu’il y avait moins de carbone. Il n’y a pas forcément d’effet structurel, car on revient sur les niveaux d’avant. 24 % des émissions de carbone viennent des transports », souligne Elie Girard, dirigeant d’Atos.
D’autant plus que la concurrence internationale grossit rapidement. Selon le Boston Consulting Group, le marché mondial de la mobilité va croître de 60 % d’ici 2035 pour atteindre 11 000 milliards d’euros, prévient un article des Echos du 20 août 2020, cité dans le communiqué de presse.
« Cette croissance provient principalement de l’émergence de ruptures technologiques – véhicules électriques, nouveaux composants, nouveaux services après-vente […] dont la part va passer de 5 % à 45 % du marché mondial de la mobilité », indique Les Echos. C’est pourquoi les cinq leaders souhaitent assurer leur souveraineté dans ce domaine.
Ils vont donc travailler conjointement dans plusieurs secteurs, comme sur les systèmes intelligents pour faciliter la connectivité sécurisée entre le véhicule et son environnement. « On se propose de mettre sur la table la cybersécurité et de l’intégrer dans un système de mobilité, car la vie des gens peut être en jeu », atteste Patrice Caine, dirigeant de Thales, en faisant référence à « la faille humaine ».
Les cinq entreprises vont également coopérer sur les systèmes de simulation et de gestion des données, comme l’intelligence artificielle, pour optimiser les flux pour les mairies et les entreprises. Par exemple, cela permettra « aux autorités publiques de simuler et mettre en œuvre des scénarios de mobilité, comme pour la gestion des urgences, des événements etc. », illustre le communiqué de presse.
Pendant la conférence de presse, les dirigeants proposent déjà un projet sur lequel ils discutent conjointement. Appelé « plug and charge », il servirait à développer des bornes intelligentes pour les voitures électriques. En d’autres termes, la personne qui viendra charger son véhicule n’aura pas besoin de payer ou de télécharger une application, la facturation se fera automatiquement après la charge.
Ainsi, la Software république devrait s’installer au sein du bâtiment Odyssée au Technocentre de Guyancourt. Elle prendra la forme d’un « laboratoire géant en plein air avec, à côté, des laboratoires de simulation », précise Luca de Meo.
En parallèle, est prévue la création d’un incubateur et d’un fonds d’investissement pour héberger des start-up. Le projet a en effet pour but d’intégrer et de faire participer d’autres entreprises et des universités. Un « data challenge » sera justement mis en place pour qu’ils puissent contribuer à développer les technologies pour la mobilité de demain.
Pour ce faire, le groupe a fait de la place en libérant une partie de l’ingénierie, comme l’annonce le dirigeant de Renault. Et « on va continuer à libérer de la place », poursuit-il. Actuellement, au Technocentre, les syndicats se battent justement pour conserver la maintenance des moyens d’essai, qui est en passe d’être externalisée avec ses salariés.
CREDIT PHOTO : Art & Build