Le SQY ping – club de tennis de table né en 2019 du rapprochement entre le club de Voisins-le-Bretonneux et les villes de Villepreux, Magny-les-Hameaux, Trappes et La Verrière pour se structurer à l’échelle de l’agglomération -, poursuit ses projets à destination de ses pratiquants handisport. En février, le club de 300 adhérents, dont une vingtaine en situation de handicap, annonçait la création à la rentrée prochaine d’un pôle handisport haut niveau.

« On a beaucoup de joueurs de l’équipe de France [handisport] qui s’entraînent au club, explique Joffrey Nizan, entraîneur et directeur sportif du SQY Ping. Le seul pôle qui existe en France, il est à Talence, près de Bordeaux. On a des joueurs qui ont été proposés pour y aller, mais c’est beaucoup trop loin. Du coup, on a demandé à la Fédération si on ne pouvait pas avoir notre propre pôle. »

Le club a ainsi œuvré avec ses partenaires, l’Erea Toulouse-Lautrec à Vaucresson (établissement scolaire doublé d’un centre de soins, où les deux tiers des 300 élèves présents sont en situation de handicap, Ndlr) et l’université Paris-Saclay qui par le Service universitaire des activités physiques et sportives, son association sportive, est « en train de créer des pôles de haute performance, et nous, on a des athlètes qui sont en train de faire leurs études là-bas », poursuit Joffrey Nizan.

Au sein du pôle, figureront huit à 12 pongistes, « soit des sportifs déjà détectés et identifiés équipe de France (comme le champion de France sourds ou une membre du top 10 mondial tétraplégiques, Ndlr) », soit entrant dans « un circuit de progression pour les jeunes potentiels », précise Joffrey Nizan. Ils s’entraîneront une fois par jour au gymnase des Pyramides à Voisins-le-Bretonneux et/ou à l’Erea Toulouse-Lautrec. Les trois entraîneurs du club ont été ou vont être formés pour exercer dans ce pôle, où les sportifs seront aussi suivis par un préparateur physique et des kinés, ajoute-t-il.

Ces athlètes sont sélectionnés selon un critère de double acceptation. « Nous, on doit accepter le projet sportif, mais la Maison départementale des personnes handicapées doit accepter le dossier pour savoir si le joueur est capable de tenir physiquement six entraînements par semaine », d’après Joffrey Nizan. « L’objectif principal de la structure, c’est vraiment de proposer des encadrements de qualité et des suivis de projets de très haut niveau, dont les Jeux paralympiques », résume-t-il.

D’ailleurs « la moitié [des athlètes du pôle] se préparent pour Paris 2024 », indique le directeur sportif. Les athlètes handisport n’entrant pas dans les critères de haut niveau pourront eux bénéficier d’« un groupe d’entraînement ouvert à tous » où « ils pourront s’entraîner une fois par semaine avec le pôle », assure-t-il, rappelant qu’avant, il y avait une section pour les pongistes handisport au sein du club mais « pas de structuration spéciale pour eux, ils étaient obligés de s’entraîner avec les valides ».

Fin août, un stage de reprise à Espalion (Aveyron) lancera la saison du futur pôle, qui n’est pas le seul projet handisport du club. « On monte d’abord ce projet sur le handicap physique et, après, on intégrera le handicap mental », souligne Joffrey Nizan. Les projets se sont accélérés avec la crise sanitaire, car « c’est le seul public pour lequel on pouvait travailler, on s’est dit que plutôt que de perdre notre temps à attendre que le gymnase rouvre pour les valides, autant qu’on mette du temps pour le public qui a le droit de jouer actuellement », avance-t-il. Peut-être que l’arrivée à la présidence du club de Florence Sireau-Gossiaux, ancienne pongiste handisport, y est aussi pour quelque chose.

Cette dernière prendra par ailleurs la tête du comité d’organisation de l’Open French Para TT, un tournoi handisport international qui aura lieu à SQY, au Vélodrome, du 9 au 11 novembre prochains, et réunira 200 joueurs du monde entier. « C’est la première fois qu’on organise ce type de compétition, ce qui est énorme pour nous, confie Joffrey Nizan. Mais ça rentre aussi dans cette logique [autour du handisport]. C’est un énorme projet […], qui comprend l’ouverture du pôle, mais aussi la détection et plusieurs organisations. »

Car ce tournoi international doit être suivi de l’organisation par le club de championnats de France l’année prochaine et, surtout, doit servir de test en vue d’un éventuel Tournoi de qualification paralympique (TQP) à SQY. « L’idée, c’est d’organiser le TQP en 2024, révèle Joffrey Nizan. Mais pour ça, il faut qu’on montre la qualité de nos organisations en amont. » D’autant que les précédents tournois handisport mondiaux de tennis de table en France « ne se sont pas très bien passés », relate-t-il. Avant d’avouer : « On a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »

CREDIT PHOTO : Philippe Bouric