« Je suis assez surpris de ce qu’on a sur la plaine, on est dans un contexte favorable », s’étonne Jacky Boisseau, apiculteur à Plaisir, en commentant les résultats de l’étude. Dans un communiqué datant du 16 mars, l’association patrimoniale la Plaine de Versailles a présenté les résultats de son étude, lancée l’année dernière pour trois ans, sur le cadre de vie des abeilles dans les Yvelines, entre Plaisir, Feucherolles et Jumeauville.

Plutôt positives, les analyses font un état des lieux de la qualité de l’environnement et de la biodiversité qui entourent les abeilles, afin de les préserver. In fine, ces travaux serviront à sensibiliser les habitants, les agriculteurs et les pouvoirs publics, pour qu’ils adaptent leur comportement concernant l’utilisation des pesticides et la semence de certaines fleurs et arbres.

L’idée de ces travaux leur est venue de la ferme de Gally, qui a lancé cette étude en 2016 à Saint-Cyr-l’École sur deux ruches. « L’association avait trouvé intéressant, en particulier en période d’agribashing, d’étudier l’environnement des abeilles, explique Marie Martinez, animatrice de l’association yvelinoise. […] On voulait avoir une approche scientifique et l’élargir à l’ensemble du territoire de la plaine. » C’est donc le laboratoire belge, BeeOdiversity, qui s’est chargé d’étudier les abeilles grâce à leur pollen.

Deux ruchers ont ainsi participé à l’étude, à savoir le domaine de Jacky Boisseau à Plaisir et celui d’un autre apiculteur à Feucherolles. Ils ont dû faire des prélèvements quotidiens à certaines périodes de l’année. À l’aide d’une trappe à l’entrée des ruches, ils sont venus récupérer le pollen des abeilles. Ces dernières, en la traversant, se voient alors dépossédées d’une partie de leur récolte, qui est ensuite analysée par le laboratoire.

Des carences au niveau de la flore

BeeOdiversity a donc pu dégager un constat sur la ressource florale en quantité, qualité et diversité. « Qu’est ce qu’elles ont à manger, en diversité, qualité et quantité […] ? Ont-elles des carences ou des besoins en acides aminés ? », illustre Marie Martinez. Le laboratoire a aussi étudié la présence de polluants, de métaux lourds et de pesticides dans l’environnement.

Un an après, Jacky Boisseau et Marie Martinez ont pu constater, au vu des résultats, qu’il y avait une carence en quantité, diversité et qualité au sein de la flore. Les abeilles n’ont pas assez d’acides aminés, selon les informations de l’animatrice de l’association. Les résultats préconisent alors une amélioration de la flore, surtout entre avril et juillet à Plaisir et toute l’année du côté de Feucherolles.

À l’aide d’une trappe à l’entrée des ruches, ils sont venus récupérer le pollen des abeilles. Ces dernières, en la traversant, se voient dépossédées d’une partie de leur récolte, qui est ensuite analysée par le laboratoire.

Concernant la pollution et les métaux lourds, leurs concentrations ne seraient pas inquiétantes, selon le communiqué de la Plaine de Versailles. « [Elles] sont faibles et ne présentent pas de risque ni pour la santé humaine ni pour l’environnement », indique le document.

Alors, en attendant de relancer l’étude à la mi-avril, la Plaine de Versailles compte faire des préconisations pour sensibiliser les agriculteurs, les habitants ou encore les pouvoirs publics. « On va chercher à fédérer l’ensemble des acteurs pour encourager à planter des essences mellifères. […] On va essayer de trouver des budgets pour acheter des semences », envisage Marie Martinez.

Elle fait notamment référence aux agriculteurs, à qui elle souhaiterait donner des semences, pour qu’ils fleurissent leurs bordures de champs par exemple. « On pourrait leur fournir des essences qui sont locales et adaptées, comme le tilleul, le noisetier, le prunellier, trèfle, sarrasin… », illustre-t-elle.

La Plaine de Versailles a également envoyé un courrier au Département concernant la fauche tardive – une technique d’entretien des espaces verts qui permet de préserver la biodiversité. « Ils ne sont pas obligés de tout tondre. Le fauchage pourrait être moins fréquent et plus tardif. […] La nature sait ce qui est bon pour elle, si on lui en laisse la possibilité », affirme Marie Martinez.

Enfin concernant les pesticides, une sensibilisation sera également prévue, même si ce n’est pas le point le plus préoccupant pour les abeilles, selon l’animatrice. Les agriculteurs seront pleinement impliqués. « Pour cette étude, ils sont les premiers acteurs de la biodiversité, expose Marie Martinez.

Tout comme « le jardinier du dimanche ». Selon Jacky Boisseau, il serait l’un des plus gros pollueurs. « Quand il désherbe, il ne regarde pas la quantité. Il met trop de doses, alors que l’agriculteur est plus pointu, compte tenu de la traçabilité », explique-t-il.