Les abeilles passent par une grille avant de pénétrer dans une des ruches. Celle-ci filtre le pollen qui tombe dans une trappe, située en dessous de la ruche. C’est ainsi que Jacky Boisseau, apiculteur au rucher du bois de Sainte-Apolline à Plaisir, a fait son premier prélèvement de pollen. Le 18 juin, le Plaisirois a décidé de se lancer dans une étude scientifique, en collaboration avec l’association patrimoniale de la Plaine de Versailles. Celle-ci est menée par le bureau d’étude belge Beeodiversity qui va analyser les causes de mortalité chez les abeilles dans une de ses ruches.

« En trente ans je suis passée de 50 kilos de miel par ruche, à 20 kilos maintenant », déclare l’apiculteur. Et selon lui, les causes seraient multiples : « rayonnements électro magnétiques, changement météorologique, les frôlons asiatiques, les pesticides et le manque de diversité florale. » Et c’était une volonté de l’association de lancer une action à grande échelle d’analyse du pollen sur toute la plaine de Versailles.

Pour se faire, elle s’est inspirée de la ferme de Gally, où l’étude a été expérimentée pour la première fois, avec deux ruches en 2016. Elle a révélé, qu’en réalité, le manque de diversité florale, créait une carence alimentaire chez les abeilles, provoquant ainsi leur mort, comme l’indique Dominique Laureau, cogérant de la ferme de Gally et présent lors de ce premier prélèvement plaisirois. Avant de débuter l’étude, la ferme située à Saint-Cyr l’Ecole avait noté que 30 % de ses abeilles mourraient.

« Tout le monde parle des pesticides. Mais leur santé dépend aussi de la nourriture, des maladies et des acariens. Il a donc fallu vérifier si c’était vraiment les pesticides », assure Dominique Laureau. Après des analyses sur les espèces butinées et sur la présence de traces de polluants comme les métaux lourds ou encore les pesticides. Les résultats de l’étude ont donc livré ce constat étonnant : les abeilles n’ont pas assez de nourriture.
Dominique Laureau et son équipe ont alors commencé par replanter des fleurs, qui n’étaient déjà plus en quantités suffisantes à partir de juin. « On a semé de la prairie fleurie et de la phacélie », précise-t-il. Selon l’apiculteur de Plaisir, ces dernières sont surnommées le bistro des abeilles car elles sont très mellifères.

L’étude dure depuis trois ans et la ferme de Gally a déjà observé une nette amélioration. « Dès la deuxième année le nombre de types de fleurs butinées a augmenté, on est passé de 11 à 16 types puis 22 l’an dernier », se réjouit Dominique Laureau. Mais c’est encore trop tôt pour observer une baisse de la mortalité chez les abeilles, indique le cogérant.

Le projet de Jacky Boisseau vient en revanche de commencer et il n’est pas encore financé. Il faut compter 10 000 euros par ruche et par an. « En attendant on cherche les financements. On a demandé à la fondation de France de la région Île-de-France », confie Marie Martinez, animatrice cheffe de projet pour l’association patrimoniale de la Plaine de Versailles. Cette association regroupe 70 agriculteurs membres, dont Jacky Boisseau, qu’elle accompagne dans ce projet. D’autres ruches ont également intégré le programme, dont une à Feucherolles.