Les bons Gondi. C’est le nom du nouveau mode de paiement mis en place le mois dernier par l’Association notre Villepreux (ANV). Il se décline sous la forme non pas d’une monnaie locale mais de bons d’achats, « car la monnaie locale est un dispositif plus lourd à installer », selon Kouros Golgolab, président d’ANV et candidat aux dernières municipales à Villepreux, évoquant l’urgence de la situation. « Dans notre projet, on avait envisagé […] un dispositif pour recentraliser la consommation sur la ville, redynamiser l’économie locale, et soutenir les commerçants et la population, explique-t-il. Après un an de crise socio-économique, actuelle et qui se profile, cette aide locale […] retrouve tout son sens ».

Ces bons, d’une valeur de 5, 10 ou 20 euros, peuvent être achetés par le consommateur à un prix inférieur. « [Le particulier] achète avec une remise de 5 % à euro égal, précise Kouros Golgolab. Pour 10 euros, il débourse 9,50 euros, […]. On fournit les bons et les gens les dépensent dans les commerces. » Au total, 12 commerçants villepreusiens de proximité utilisent les bons Gondi, sur 16 ou 17, d’après le président de l’association. « On finance, sur les fonds propres de l’association, la mise en œuvre, la gestion et la prise en charge de ces bons d’achat », détaille-t-il, ajoutant que pour le change, les commerçants se voient remettre un chèque et un reçu.

Les bons Gondi reprennent aussi des éléments patrimoniaux et les armoiries de la ville. Un point que souligne d’ailleurs la mairie, estimant que cela peut « être source de confusion pour la population ». « Cette initiative privée, isolée et non concertée avec l’autorité territoriale ne s’inscrit aucunement dans un cadre institutionnel officiel », affirme la municipalité, avançant qu’elle « n’est ni à l’origine, ni en soutien de ce procédé pour lequel elle a été informée de son existence […] a posteriori de son entrée en vigueur. »

La mairie ne soutient pas l’initiative

Kouros Golgolab, lui, assure avoir « écrit avant toute publication » à la mairie, le 5 mars. « Notre association est inscrite sur le portail de la ville, s’indigne le président d’ANV. En plus, ils disent eux-mêmes qu’ils n’ont pas beaucoup d’informations, me demandent des informations. Le temps que je leur écrive, ils se versent dans une campagne politique, des rumeurs. »

La réponse de la municipalité au courrier du 5 mars est datée du 16 mars, par une lettre demandant à l’association de lui fournir différents documents liés au lancement de ces Gondis. Le 24 mars, était publié un post Facebook appelant les habitants à la vigilance « en l’absence de communication des pièces justificatives réclamées ». Nouvelle missive de Kouros Golgolab le 27 mars, avançant qu’il s’apprêtait à répondre quand il a découvert « avec stupeur [des] réactions publiques dénigrantes et diffamatoires ».

Joint par La Gazette, ce dernier rappelle que « c’est un contrat privé entre l’association et un commerce » mais qu’il a malgré tout « soumis juste par principe de précaution un billet de 5 euros à la Banque de France, […] je pense que s’il y avait la moindre chose, ils nous l’auraient dit », et confie avoir « consulté un avocat spécialisé en commerce, et un juriste, […] et ils ont dit : ‘‘Il n’y a aucun problème’’. »

Kouros Golgolab se plaint même que des commerçants utilisant les bons aient été agressés verbalement et menace de faire « un signalement au procureur de la République ». Contactée, une commerçante utilisant les Gondis confirme avoir eu « deux ou trois personnes qui sont rentrées et m’ont un peu malmenée en disant qu’il ne fallait pas que je fasse ça », précisant toutefois qu’il ne s’agissait pas de personnes de la mairie. Elle estime que le mode de paiement permet de « se démarquer et faire consommer local ».

Le maire, Jean-Baptiste Hamonic (Modem), ne semble pas du même avis. « On est extrêmement sollicités par des commerçants et des Villepreusiens qui sont inquiets. Ils pensaient au départ que c’était la Ville », rapporte l’édile, soupçonnant Kouros Golgolab de financer les bons avec ses deniers personnels et parlant même de « clientélisme ».

CREDIT PHOTO : Association Notre Villepreux