Elles avaient, normalement, reçu trois flacons du vaccin AstraZeneca à la fin de la semaine dernière : un la semaine du 8 mars, et les deux autres la semaine du 22 mars. Les pharmacies, habilitées à vacciner contre le Covid-19 depuis le décret gouvernemental du 4 mars dernier, voient la campagne de vaccination doucement reprendre son cours.

« On a perdu une semaine » avec la suspension

Mais elles ont aussi dû faire face à la suspension du sérum suédo-britanique décidée du 15 au 18 mars derniers suite à l’apparition de cas graves d’effets secondaires. Or, la plupart des officines avaient prévu d’administrer leurs premières injections le 15 mars. C’est notamment le cas des pharmacies de SQY contactées par La Gazette.

À la Grande pharmacie des Clayes-sous-Bois, par exemple, « on a été arrêtés à mi-parcours », confie Nicolas Avignon, le cotitulaire, qui avait déjà vacciné sept personnes lorsqu’il a appris la nouvelle, un flacon comprenant dix doses et devant être utilisé sous maximum 48 heures une fois ouvert. « J’avais la huitième [personne] en face de moi, son bras à nu, moi avec la seringue et l’aiguille dans les mains, et, entre-temps, on a eu le message BFM d’une personne de la pharmacie qui était partie faire une livraison, qui revient à la pharmacie, et qui nous dit ‘‘Je viens d’entendre à la radio le président qui annonçait qu’on arrêtait la vaccination’’ », raconte-t-il.

Le vaccination avec l’AstraZeneca a finalement été réautorisée le 18 mars. Mais la perte de temps n’est pas négligeable. « Les flacons qu’on aurait dû recevoir la semaine du 15, on ne les a pas reçus, ça a été annulé suite à la suspension, et les livraisons n’ont repris que [la semaine dernière]. Donc on a perdu une semaine », déplore Bruno Maleine, président du conseil de l’ordre des pharmaciens d’Île-de-France.

« Ça nous a coupés dans notre élan, juge Joëlle Rajerison, de la pharmacie du Manet, à Montigny-le-Bretonneux. On a reçu la dose le 11 [mars]. Avec ma collègue, on allait le faire le mercredi 17, et on a été stoppées le lundi 15. […] On commençait à tout mettre en place au niveau logistique, et, du coup, on a tout arrêté et on a repris le jeudi soir. »

« Donnez-nous des doses ! »

« La logistique, ce n’est pas dur en soi. Si on sait faire la grippe, le reste, c’est pareil, nuance Nicolas Avignon, pour qui c’est surtout le manque de doses qui pose problème. Quand on reçoit nos doses de grippe, on reçoit 100, 200 ou 300 doses, et on vaccine. Là, on reçoit un flacon, dix doses, et on doit vacciner les personnes avec dix doses. Les demandes, c’est par centaines, et les doses, c’est par unités, donc forcément, ça ne marche pas. […] Donnez-nous des doses ! Qu’ils créent des centres de vaccination partout, c’est super, mais s’il n’y a pas de doses, ça ne sert à rien. »

Le cotitulaire de la Grande pharmacie des Clayes-sous-Bois avait finalement reçu ses deuxième et troisième flacons en fin de semaine dernière et a vacciné ses patients avec le jour-même de la réception. Soit une vingtaine d’injections, qui s’ajoutent aux sept effectuées avant la suspension. À la pharmacie du Manet, ce sont dix personnes qui ont été vaccinées le 19 mars, et dix autres le 25, sur un créneau de trois heures dans l’après-midi. Le local de produits orthopédiques de l’établissement a pour l’occasion été aménagé en espace de vaccination. Ni l’officine ignymontaine ni son homologue clétienne n’avaient noté d’effets indésirables sévères chez leurs patients au moment de notre entretien. Seulement, pour certains, fièvre, douleurs au bras, nausées voire vomissements. « Ça dure 24 à 48 heures, après ils sont sur pied », assure Joëlle Rajerison.

Des patients qui, pour le moment, ont plus de 70 ans, ou plus de 55 ans mais des comorbidités, rappelle l’Assurance maladie sur son site internet. Pourtant, Bruno Maleine, qui possède lui une pharmacie dans le Val-de-Marne, affirme avoir inscrit sur ses listes « des patients qui ont plus de 55 ans, qui n’ont pas de facteurs de comorbidités, à qui on a dit ‘‘On reviendra vers vous quand on aura contacté tous les patients qui eux, dans la même tranche d’âge, ont ces fameux facteurs de comorbidités’’ ».

Le président du conseil de l’ordre des pharmaciens d’Île-de-France rappelle que ce sont les officines qui, à réception des doses, contactent les patients, mais explique pour que les plus âgés, « un certain nombre ont entre-temps trouvé » un créneau dans un centre de vaccination et que « finalement, ce sont les patients de la tranche d’âge un peu moins élevée, la cinquantaine ou la soixantaine, qui eux sont très demandeurs, car, pour le moment, ils n’ont pas accès aux centres de vaccination ».