Le Premier ministre Jean Castex annonçait le 18 mars un confinement d’un mois, sept jours sur sept, en plus d’un couvre-feu repoussé à 19 h. Les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), réparties dans l’agglomération de SQY, devraient donc obtenir une heure de répit dans leur préparation et leur distribution. Une nouvelle qui devrait les soulager quand on sait que le couvre-feu de 18 h a provoqué une nouvelle organisation plus contraignante, que ce soit pour les Amapiens – adhérents à l’Amap – ou pour les agriculteurs et producteurs.

Une distribution des paniers étendue jusqu’à 20 h

Pourtant, leur situation s’était améliorée en février dernier grâce à la dérogation accordée par la préfecture des Yvelines, qui leur permettait de distribuer leurs paniers jusqu’à 20 h, selon Jean-Nicolas Morelle-Losson, président de l’Amap de Villepreux. « On a pu revenir à nos horaires habituels, un peu raccourcis à 19 h 30 », s’était réjoui le président.

Mais ce privilège n’a pas duré. Le 9 mars, l’arrêté préfectoral a été retoqué. « Les préfectures ont le droit de prendre des dérogations pour durcir les consignes en vigueur, mais pas pour les adoucir. La préfecture des Yvelines nous avait confirmé avoir pris cette mesure par soutien à notre philosophie et nos démarches. Aujourd’hui on leur a demandé de retirer cette dérogation », explique Mathilde Szalecki, chargée de formation des partenariats Amap au réseau Amap Île-de-France, dans un mail, adressé le 9 mars à une adhérente. Retour donc à la case départ pour les associations, contraintes d’appliquer à nouveau le couvre-feu de 18 h, qui n’est pas sans conséquence.

Ils n’ont que 30 minutes devant eux avant l’arrivée des adhérents venant chercher leur panier hebdomadaire. Pour ce faire, deux adhérentes s’occupent de la pesée des carottes, des pommes de terre, des oignons, etc.

« Les gens qui faisaient la distribution des paniers facilement à 18 h 30, ne peuvent pas venir à 16 h 30 », affirme dans leur local, Christine Bouvet de Gouttes, porte-parole et adhérente de l’Amap de Saint-Martin à Montigny-le-Bretonneux. Le 18 mars à 16 h 30, quatre Amapiens s’activent avec beaucoup d’énergie pour préparer les 30 paniers de fruits et de légumes.

Ils n’ont que 30 minutes devant eux avant l’arrivée des adhérents venant chercher leur panier hebdomadaire. Pour ce faire, deux adhérentes s’occupent de la pesée des carottes, des pommes de terre, des oignons, etc., pendant que deux autres remplissent les rangées de cagettes. « Ce n’est pas toujours facile », reconnaît la porte-parole.

Cet horaire impose également un nouveau rythme au maraîcher Marc-Albert Bourdassol, de Magny-les-Hameaux, qui doit commencer sa préparation plus tôt. D’ailleurs, ce jour-là, il a un peu de retard. « Ce matin, j’ai fait une plantation de choux de printemps et ça m’a pris du temps, j’ai fini à 11 h. Il a fallu ensuite récolter la mâche, éplucher les poireaux, pour les paniers et ça m’a mis dans le jus », raconte-t-il, promettant de s’y prendre plus à l’avance la prochaine fois.

D’autres producteurs sont également touchés. Au sein de l’Amap d’Élancourt, le boulanger doit faire ses pains plus vite que d’habitude, rapporte Jean, adhérent et bénévole auprès de l’association. Ou encore, « le producteur d’œufs ne peut pas venir plus tôt. Alors, il amène les œufs chez le maraîcher, qui les apporte ensuite pour la distribution », illustre-t-il.

« Du coup les producteurs ont un salaire moins élevé »

Il en est de même pour les adhérents, qui ne peuvent pas tous venir chercher leur panier. À Montigny-le-Bretonneux, la distribution se fait entre 17 h et 17 h 50 et pour certains, c’est trop tôt. Alors, « il y en a qui ramassent pour les autres », rassure Christine Bouvet de Gouttes. C’est notamment le cas de Michel, Ignymontain en télétravail, qui est venu chercher son panier vers 17 h. « Ça nous arrive de nous arranger et de ramener le panier à ceux qui ne peuvent pas venir. On s’entraide si besoin », soutient-il.

D’autres adhérents ont par contre été plus radicaux en ne renouvelant pas leur contrat pour l’année 2021, au vu de la situation sanitaire incertaine. À Élancourt, par exemple, l’Amap a perdu quelques membres, à cause du manque de visibilité de ces derniers, selon Jean. « Du coup les producteurs ont un salaire moins élevé », conclut-il.