« Pour certains, la rue est une poubelle. Je ne pensais pas qu’on pouvait jeter des détritus par la fenêtre », s’interroge, désabusée, Valérie Telliez, à l’initiative du collectif Guyancourt objectif ville propre. Ce dernier a été créé en janvier 2021 et est déjà à l’origine de 13 opérations citoyennes, qui ont permis de ramasser 13 000 litres de déchets depuis le début de l’année, sans compter les gros objets, tels que les pneus, les matelas, les plaques de cuisson, les radiateurs, ou encore les pots d’échappement.
Ce jeudi 4 mars, ils sont 11 bénévoles à être équipés de pinces et de gants, place Cendrillon à Guyancourt. Dirigés d’une main de fer par la créatrice du collectif, ils s’activent à ramasser les déchets sur la place, au niveau du boulevard du Château et de l’avenue Léon Blum. Valérie Telliez leur remet à tous un plan avec les zones à couvrir selon le groupe dans lequel ils sont.
« Il est grand temps d’agir et faire évoluer les mentalités. Ça passe par l’éducation, la prévention, des actions, et chaque acteur aujourd’hui doit prendre sa part de responsabilité », affirme-t-elle. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à le penser, au vu du nombre d’adhérents qui composent son collectif. « Je suis très surprise de la dynamique du groupe et je pense que beaucoup attendaient ça », observe-t-elle.
« Je connais bien le quartier et je sais qu’il y a du boulot »
Au total, ils sont 160 volontaires, sans compter les enfants, à tourner régulièrement sur les opérations, selon ses informations. Igor, un cuisinier à l’arrêt depuis un an, les a rejoints ce jour-là pour la première fois. « Je connais bien le quartier et je sais qu’il y a du boulot, explique-t-il. Ça meuble mes journées et ça me permet d’être utile. »
D’autres collectifs et associations se sont engagés dans le même combat dans plusieurs communes de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le collectif Élancourtois, ensemble pour une ville propre, créé en juin 2020, compte sur son groupe Facebook 308 membres. Ils organisent régulièrement des opérations de ramassage les week-ends, soit une quinzaine depuis juin 2020. « C’est peu, mais avec le Covid, ça nous a un peu coupé l’herbe sous le pied », regrette malgré tout Patricia Paris, à l’origine du collectif.
Mais les opérations ne disparaissent pas pour autant, bien qu’elles soient moins nombreuses. C’est le cas pour l’association Je respecte ma ville à Montigny-le-Bretonneux. « Cette année est une année spéciale en raison de la crise sanitaire. Nous avons été ralentis dans notre campagne de sensibilisation au respect du cadre de vie », explique Annie-Rose Ba, la présidente de l’association ignymontaine. Sachant que cette association a pour habitude d’organiser le World clean up day, des rondes de quartiers propres ou encore des défis zéro mégot.
Je respecte ma ville reprend alors progressivement, notamment avec son action « écocitoyenne » du 21 mars, qui a associé les conseils de quartier de la ville. « C’est aussi une jauge pour évaluer l’impact du confinement sur l’engagement associatif. Ça nous permet aussi de nous entraîner à organiser des événements selon les nouvelles normes sanitaires », poursuit-elle.
Plaisir en transition, une autre association engagée, a décidé de passer à l’étape supérieure. Les membres ont commencé il y a cinq ans par des « randos zéro déchet », avant d’organiser en 2018, le World clean up day à Plaisir. Alors, cette année, les volontaires veulent mettre en place des opérations de collecte trimestrielles, annonce Laetitia Toussaint, membre de la commission zéro déchet au sein de l’association. « Il y a une forte demande des Plaisirois », souligne-t-elle.
Et cela peut se comprendre, quand on voit la rapidité avec laquelle les sacs se remplissent pendant une opération. À Guyancourt, près de l’avenue Léon Blum, une partie des volontaires ont rempli quatre sacs en trente minutes. Ils ont également trouvé une moquette, un matelas et un canapé recouvert de mauvaises herbes, sur le bord de la route. « Ça fait longtemps qu’ils sont là eux à mon avis », en déduit Valérie Telliez.
« Ce silence assourdissant [des élus] est surprenant »
« Ça fait trois fois qu’on ramasse dans le quartier [du Pont du Routoir] et il y a encore plein de déchets alors qu’on y est allés il y a trois semaines », poursuit-elle, avant de regretter un manque d’engagement du côté de la municipalité. « Les volontaires s’étonnent d’œuvrer sans que nos actions aient un impact auprès de nos élus. Ce silence assourdissant est surprenant », soutient-elle. Même si le service de propreté urbaine et les dons des commerçants les aident régulièrement dans leurs actions.
Mais plusieurs communes soutiennent davantage les associations. Par exemple, la commune de Plaisir collabore avec Plaisir en transition dans le lancement des opérations trimestrielles de collecte de déchets prévues pour cette année. La dernière édition de début mars a réuni 90 Plaisirois.
La maire de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger (LR), l’a justement évoquée lors du dernier conseil municipal. « Je trouve ça assez dommageable qu’on soit obligés de faire ce genre de démarche pour nettoyer la ville, alors qu’elle est largement nettoyée par tous les agents, regrette-t-elle. Mais on voit que l’incivilité est […] grandissante, et c’est assez général puisque nous parlons déjà du World clean up day du mois de septembre 2021, pour faire un regroupement au niveau des 12 communes de l’agglomération. »