La Fédération française de football américain (FFFA) a annoncé fin février le gel des promotions et des relégations pour les compétitions séniors, face à la crise sanitaire qui a empêché les championnats 2020-2021 de débuter. « Le Comité directeur fédéral a décidé, en séance du 25 février 2021, de bloquer le système de promotions et de relégations pour la saison 2020-2021 de football américain en catégorie senior », indique-t-elle sur son site internet, précisant toutefois que cette décision « ne signifie pas qu’aucune compétition n’aura lieu lors de cette saison » et qu’elle « continue de travailler pour que les championnats se déroulent d’une manière adaptée aux contraintes, avec de nouveaux calendriers et de nouveaux format. »

Un scénario de reprise très éventuel donc, mais « ça ne concernerait que la D1 », selon Christine Blaugy, présidente des Templiers d’Élancourt, club phare de football américain à SQY, pensionnaire de D2 et qui n’a plus disputé le moindre match depuis plus d’un an. La dirigeante semble de toute manière ne pas se faire d’illusions sur un retour à la compétition en 2020-2021, alors que l’ouverture du championnat, contrainte par la pandémie, était initialement fixée à janvier, avant d’être repoussée à début mars, puis de nouveau reportée sans qu’aucune date ne soit cette fois annoncée. « Il faut au moins cinq semaines avant une reprise de championnat, car là, il n’y a pas de contacts, rien, explique-t-elle. Tant qu’il n’y a pas de feu vert de reprise en contacts par le gouvernement, on ne peut rien faire. » 

Le club, quelles que soient d’ailleurs les sections, ne peut en effet pour l’instant qu’organiser des entraînements sans contact, le samedi jusqu’à 17 h en raison du couvre-feu. Les seniors sont néanmoins fortement touchés par l’absentéisme aux séances. Christine Blaugy reconnaît que la situation « a découragé pas mal de seniors surtout », tandis que « les U16 et U19, eux, sont présents ».

Confirmation de ce sentiment du côté des joueurs seniors. « On commence [de plus en plus] à sentir un peu de démotivation des joueurs, car on voit que la date de reprise du championnat, qui était prévue pour début mars, n’aura finalement pas lieu, concède David Pradel, défenseur des Templiers. Donc là, c’est vrai que sur les derniers samedis d’entraînement, on a vu un peu moins de présents, surtout sur l’équipe première. Mais après, on sent quand même au niveau du groupe qu’il y a une certaine impatience des joueurs de reprendre. »

« Est-ce que, finalement, ça sera pareil » la saison prochaine ?

« Ça va faire un an qu’on a arrêté tout contact, [qu’il n’y a] plus aucun match, on est uniquement sur des entraînements sans contact depuis le mois de septembre. Donc il y a une grosse frustration de la part de toute l’équipe, et surtout, comme on a très peu de visibilité sur l’avenir, ça n’arrange pas les choses », confie-t-il, lui qui fait partie de la dizaine de joueurs à avoir été positifs au Covid depuis le début de l’épidémie, des cas sans « aucune forme sévère » et qui auraient été contractés en dehors du club, fait-il savoir.

Concernant une éventuelle reprise, David Pradel affirme d’abord qu’ « il y a un petit espoir de la part de certains joueurs de reprendre la saison ». Mais ne semble pas très optimiste, et glisse un peu plus tard : « On est conscients qu’il n’y aura pas de saison. » Comme sa présidente, il rappelle qu’ « il faut cinq semaines de préparation intense ». « Ça voudrait dire qu’on serait quasi fin avril pour une reprise, poursuit-il. Normalement, à cette période, on est déjà presque aux portes des play-offs, donc on ne se fait pas trop d’illusions sur une date de reprise. Ce qui nous inquiète plus, c’est l’année prochaine, en se disant : ‘‘Est-ce que, finalement, ça sera pareil, il n’y aura pas de saison ?’’. On a un peu peur de ça. »

Il ne voit pas non plus d’un très bon œil le gel des montées et descentes. « On joue quand même pour monter et aller chercher une place en D1, avance-t-il. Si aujourd’hui, on n’a pas de perspectives d’être en D1 même si on venait à être champions de France [de D2], ça ne nous donnerait pas forcément envie de faire l’effort d’aller au combat, sans rien à gagner. »

« Pour eux, ça me fait mal, résume quant à elle Christine Blaugy. Faire que des entraînements, c’est bien, mais au bout d’un moment, les gamins, même les seniors, eux, attendent du contact, mais ils ne peuvent pas. » Autre problématique soulevée par la présidente, la question économique. « Pour les seniors, c’est cher de payer une licence pour faire que des entraînements. […] Pour une équipe en D2, c’est 1 350 euros », glisse-t-elle, annonçant que le club «  va faire quelque chose pour ceux qui ont payé leur licence dans la totalité ».

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