C’est l’un des sports collectifs qui avait mis le plus de temps à se prononcer définitivement sur la suite à donner à ses championnats amateurs. La décision finale était tombée à la mi-avril : dans un communiqué, la Fédération française de football (FFF) annonçait mettre un terme « à l’ensemble des compétitions de ligues, de districts, des championnats nationaux du N3, du N2, de la D2 féminine et de futsal, et des championnats nationaux de jeunes (féminins et masculins). »
Estimant que la « reprise raisonnable des activités n’est plus possible », le communiqué ajoute qu’après consultation des différents acteurs, ont été prises les décisions suivantes : arrêt des compétitions à la date du 13 mars, fixation des classements selon le quotient nombre de points obtenus/nombre de matchs joués « afin de neutraliser l’effet des matchs reportés », départage des clubs à égalité de points en fonction du règlement de la compétition concernée, fixation du nombre de montées en fonction du règlement qui prévaut pour la compétition concernée, et limitation du nombre de descentes à une par poule.
Ce dernier point notamment, fait un heureux du côté des clubs de SQY : l’ES Trappes, avant-dernier de sa poule, aurait dû descendre si le championnat était allé à son terme et s’il avait conservé cette place. Mais la décision de ne reléguer qu’une équipe par groupe prise par la FFF dans ces circonstances exceptionnelles sauve leur place en Régional 2, division qu’ils avaient atteinte en fin de saison dernière pour la première fois depuis 35 ans.
« On avait un peu peur de la décision de la FFF, et quand elle était tombée, on était contents, avoue le président trappiste, Abderazak Guessoum. Le règlement stipule que c’est une montée et deux descentes, […]. Donc la position de la fédération et de la ligue est complètement satisfaisante pour nous, on sauve notre saison qui a été très difficile. On a été à la fois un peu surpris, et à la fois, c’est normal vu la crise sanitaire que l’on est en train de traverser, que l’on mette en avant l’aspect sécuritaire et le fait de garantir la protection des usagers ».
Autre formation saint-quentinoise dont l’arrêt des compétitions fait les affaires : l’AS Maurepas. Leaders de Départemental 1 pendant la majeure partie de cette saison écourtée, les Maurepasiens occupaient toujours cette position le 13 mars. Ils montent donc en Régional 3, une première depuis environ 30 ans pour l’équipe senior masculine. « D’un côté, on était plutôt contents et satisfaits, car on était à la bonne place au bon moment, même si la situation est un peu particulière, estime l’entraîneur, Christophe Roussey. Après, on est forcément déçus de ne pas aller au bout car on vivait un championnat plutôt agréable à jouer, intéressant. On était aussi en demi-finales de la coupe des Yvelines, donc on avait des objectifs intéressants à jouer jusqu’à la fin de la saison. »
Et d’ajouter : « Même si ce n’était pas un objectif auquel on pensait tous les jours (la montée, Ndlr), on avait pour idée de finir le plus haut possible et on avait un groupe cette année qui fonctionnait bien, vivait bien ensemble, s’investissait pleinement dans le travail, donc on espérait avoir cette montée. C’est vrai qu’au vu de la situation, il y a des choses plus graves que le football, mais on est quand même contents de pouvoir évoluer en ligue [régionale], en espérant que le championnat puisse reprendre en septembre. »
Le technicien fait d’ailleurs part de son envie de retrouver les terrains d’entraînement « entre début août et mi-août », même si, « pour l’instant, les installations à Maurepas seraient fermées jusqu’à fin août-début septembre ». Il espère pouvoir préparer le plus tôt possible un championnat qu’il pense « plus athlétique » qu’en départemental, « avec un football plutôt direct, des phases de transition très rapides, et pas forcément un football de conservation ».
Il y aura donc non plus un mais deux clubs de SQY à l’échelon régional en 2020-2021. Et du côté de Trappes, on a aussi hâte de reprendre. « On envisage des dates de reprise normales, sous conditions du protocole sanitaire s’il y en a un, fait savoir Abderazak Guessoum. On envisage de repartir normalement, c’est-à-dire mi-août reprise de nos seniors et de nos ligues, et vers septembre remise en route de tout le club. »
Reste néanmoins l’incertitude économique qui pèse sur la plupart des clubs dans le contexte actuel. « Comment accueillir les adhérents ? Comment faire avec eux ? Est-ce que l’on est capables et est-ce que l’on a les moyens de le faire ?, s’interroge le président. On est un club qui brasse 1 200 licenciés, avec des structures et des vestiaires déjà en diminution. […] Si le virus et les consignes perdurent, ça va être compliqué pour nous de reprendre normalement à la rentrée. »
Il se plaint notamment de ne pas avoir été assez aidé par les instances, alors que pourtant, la FFF affirmait dans son communiqué d’avril qu’elle allait annoncer « dans les prochains jours un plan massif de soutien au football amateur et ses 14 000 clubs ».
« À l’heure actuelle, la seule aide qu’on a pu utiliser, c’est le chômage partiel, fait savoir Abderazak Guessoum. Ça m’a permis de dégager de la trésorerie pour payer mes deux salariés. […]. Après, sur les aides de la FFF, de la ligue ou du district, moi je n’en ai pas vent. […] On a des retours de parents qui me demandent s’ils auront un remboursement sur la partie où les gamins n’ont pas joué, et à l’heure actuelle, je ne peux pas leur répondre et je n’ai pas les fonds. »
CREDIT PHOTO : ARCHIVES