Un dépôt de plainte pour violences conjugales peut durer entre trois et cinq heures et il arrive souvent que le parent soit accompagné par son enfant, car il n’a pas pu le faire garder. « Ce n’est pas possible pour un enfant d’assister à cela », affirme Estelle Goulard, intervenante sociale au commissariat de Plaisir.
C’est pourquoi, à Plaisir, depuis fin février, la micro-crèche privée À nos anges réserve un de ses berceaux pour garder un enfant âgé de 10 semaines à 4 ans, issu d’un parent victime de violences intra-familiales (90 % de ces derniers sont des femmes). L’objectif étant de permettre à la femme ou l’homme victime de faire ses démarches et de protéger l’enfant de la situation.
Garder et protéger ces enfants
Cette crèche, d’une capacité de dix berceaux, a ouvert début février. Avant cela, la gestionnaire Géraldine Chamouard a travaillé comme chargée de mission au sein de l’association d’aide aux victimes de violences morales intra-familiale, AJC, à Maurepas. Et en se professionnalisant lors d’un DU (Diplôme universitaire) sur la lutte contre les violences faites aux femmes, elle a fait un stage au commissariat de Plaisir. C’est là qu’elle a pris conscience de l’accueil complexe des parents accompagnés par leurs enfants non scolarisés. « Ce n’est pas un lieu pour un enfant », soutient-elle.
Néanmoins, les victimes n’ont pas toujours de moyens de garde. « On bricole comme on peut », décrit l’intervenante sociale. Si elle le peut, elle fait garder l’enfant par un policier disponible, quand le parent est en rendez-vous.
D’où l’intérêt de la mise à disposition d’un berceau pour garder et protéger ces enfants qui n’ont pas à subir les démarches du parent victime, qui peuvent être violentes psychologiquement. Le commissariat est la première marche, mais il y a aussi le passage devant « l’unité médico-judiciaire, l’assistante sociale, l’avocat, le psychologue », énumère Géraldine Chamouard.
La femme ou l’homme victime peut aussi assister à des groupes de parole ou être en confrontation au commissariat. « Pendant toutes ces démarches sociales et juridiques, elles ont souvent l’enfant », poursuit la gestionnaire de la crèche.
Alors qu’à la micro-crèche, l’enfant peut être accueilli entre 8 h et 18 h. « Ça peut être le temps du rendez-vous et ça peut être aussi pour les quatre heures qui suivent après une confrontation, car c’est un moment dur d’un point de vue émotionnel », illustre Géraldine Chamouard.
Cet accueil va aussi permettre d’observer l’enfant et d’évaluer son vécu de la situation familiale. « Ça me permet d’avoir un retour sur comment la séparation par exemple se passe, car l’enfant est impacté », explique Estelle Goulard, qui travaille en collaboration avec la micro-crèche.
Maintenant que le berceau est disponible, l’objectif est de rentrer en contact avec tous les autres acteurs de ces démarches sociales et juridiques pour qu’ils aient le réflexe d’orienter le parent victime vers la micro-crèche. C’est le cas des sages-femmes, des avocats, des associations de groupes de parole, ou encore des associations d’accueil de jour pour femmes victimes de violences comme l’Étincelle. Pour le moment, seul le commissariat de Plaisir et le CCAS de la commune sont au courant. « La semaine prochaine nous avons rendez-vous avec la gendarmerie », fait le point la gestionnaire de la crèche.
Cet accueil supplémentaire a été possible grâce au financement de la Région Île-de-France et de la mairie de Plaisir. « On a eu un très fort pré-financement », admet Géraldine Chamouard. Sachant que le service n’est pas gratuit. « Mais avec les aides de la Caf, le coût est quasi nul », nuance-t-elle. Néanmoins, le Département n’a pas à ce jour participé au financement, alors que cet accompagnement relève de sa compétence.
Ouvrir l’accueil des garderies en primaire à ces enfants
Pour aller plus loin, la mairie de Plaisir aurait pour projet d’ouvrir l’accueil des garderies en primaire à ces enfants, âgés entre 5 et 7 ans, même s’ils n’y sont pas inscrits, afin d’aider les parents victimes de violences dans leur démarche.