Le Tour du monde en 80 jours. Le titre du roman de Jules Verne peut aussi s’appliquer au périple de Louis Burton, qui a bouclé le Vendée Globe en exactement 80 jours, 10 h 25 min et 12 s, le 27 janvier dernier. Trois semaines après cette aventure, le 18 février, le skipper de 35 ans s’est confié à La Gazette par téléphone. Le ton de sa voix laisse encore deviner beaucoup de fatigue. Il faut dire que le marin n’a visiblement pas eu le temps de tellement se reposer pendant les trois semaines qui ont suivi son arrivée, même s’il devait ensuite partir en vacances.
« C’est encore très présent, glisse-t-il. Il y a eu aussi un enchaînement assez important puisque l’on a monté toute une opération avec mes partenaires pour faire l’acquisition d’un nouveau bateau, revalider les contrats pour cinq années supplémentaires, donc pour l’instant, ça a été très intense. [Il y a eu] beaucoup d’enchaînement médiatique autour du projet. »
Il a vécu un véritable « ascenseur émotionnel », selon ses propres termes. Pénalité de 5 h dès le départ pour avoir coupé la ligne trop tôt, remontée aux avant-postes, puis avarie l’obligeant à se déporter et repartir 11e, avant une nouvelle remontée pour couper la ligne d’arrivée en 2e position, Louis Burton a connu le très bon comme le plus difficile. « Je n’ai pas eu trop le temps de m’ennuyer, c’est passé très vite, admet-il. J’ai eu à bord des moments exceptionnels de plénitude et [aussi] des galères qui ont failli me contraindre à l’abandon, […], et à chaque fois, ça s’est bien passé, donc je suis très content de la course in fine. »
Le passage par l’Île Macquarie, située entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique, et où il a dû se réfugier pour réparer son rail de grand-voile, le 20 décembre, a sans doute été le moment le plus difficile. Mais le navigateur a pu s’appuyer sur le soutien de ses proches et sur des stratégies payantes. Voilà notamment comment il a pu franchir la ligne d’arrivée en 2e position. Suite aux bonifications de temps accordées aux concurrents ayant secouru Kevin Escoffier, il s’est finalement classé 3e. Le meilleur résultat de sa carrière. « Dans la classe Imoca, ma meilleure place était 4e sur une grande épreuve. [Cette 3e place], ça veut dire qu’on progresse, que je progresse sur l’eau, juge-t-il. C’est 3e du Vendée Globe, qui est l’équivalent des JO pour les athlètes ou de la Coupe du monde pour les joueurs de football […]. C’est une très grosse réussite personnelle et une réussite d’équipe. »
Ce qui donne envie d’aller chercher encore plus haut lors de la prochaine édition dans quatre ans. « En coupant à la 2e place, le mieux qu’on puisse faire après, c’est couper à la 1re, affirme le skipper. C’est un sport mécanique, alors, forcément, ça veut dire aussi plein de choses par rapport au bateau, à la machine, à l’équipe. On a pu […] acheter le bon bateau pour viser des victoires sur le prochain cycle. Donc, j’irai au prochain Vendée Globe avec l’objectif de la victoire. Maintenant, il y a aussi des marins exceptionnels qui seront alignés, avec certains qui pourront faire construire des bateaux de toute dernière génération, qui seront probablement plus rapides sur le papier. » Sans oublier, souligne-t-il, tous les aléas de la course.
Mais il pourra compter sur un partenariat renouvelé avec Bureau Vallée jusqu’en 2026, avec qui il est engagé depuis dix ans, et l’achat d’un nouveau bateau. « C’est un Imoca qui […] était sponsorisé par l’Occitane en Provence, précise-t-il. C’est un bateau qui a été mis à l’eau très tardivement avant le Vendée Globe, donc qui a eu une préparation très courte, mais qui a tout de suite montré un très gros potentiel de vitesse à toutes les allures. C’était vraiment le bateau qu’il fallait acheter. En plus, ce bateau était dans un timing qui nous permettait de participer à la saison 2021 avec déjà un bateau performant. Si on avait gardé Bureau Vallée 2, on l’aurait modifié, mais qu’en 2022. Donc on saute un cran tout de suite pour pouvoir ensuite viser mieux au niveau sportif. »
« J’ai beaucoup navigué à SQY quand j’étais gamin »
De quoi observer l’horizon sereinement pour celui qui est aujourd’hui malouin mais a grandi dans les Yvelines, dans la forêt de Rambouillet, à La Celle-les-Bordes, et connaît bien SQY. « J’ai beaucoup navigué à SQY quand j’étais gamin, on avait un petit catamaran de sport et on tannait notre père pour qu’il nous emmène tirer des bords sur le lac (sur l’étang de l’Île de loisirs, Ndlr) », raconte-t-il. Même si la passion pour la voile « a plutôt démarré en Bretagne pendant nos vacances, l’été, et aussi dans le Berry ». Une passion qui va continuer à le porter lors de ses prochaines échéances, à commencer par le Tour de l’Europe en juin, et la Transat Jacques Vabre à la fin de l’année.
CREDIT PHOTO : Louis Burton – Bureau Vallée 2