Il est 23 h 45 minutes et 12 secondes le 27 janvier lorsque son Imoca Bureau Vallée 2 entre au port des Sables-d’Olonne, après plus de 80 jours de course. Louis Burton vient alors de franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe 2020-2021 en 2e position. Il finira finalement 3e du classement général en raison des bonifications de temps accordées aux skippers qui étaient allés secourir Kevin Escoffier le 30 novembre, suite à son naufrage.

Un point sur lequel Louis Burton est d’ailleurs revenu au micro de la chaîne L’Équipe. « Il y a les gens qui l’auront vécu et il y aura ce qui sera écrit en fonction de l’heure à laquelle les autres vont arriver, estime-t-il. C’est ça qui restera. Mais ce n’est pas grave. Kevin Escoffier est en vie, à partir de là, il n’y a pas de question à se poser. » Pour le navigateur de 35 ans, il s’agissait du troisième Vendée Globe de sa carrière, le deuxième qu’il parvient à boucler. Il avait abandonné lors de sa première participation en 2012-2013 et s’était classé 7e en 2016-2017. Celui qui vit aujourd’hui à Saint-Malo, mais est né à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et a grandi dans les Yvelines se montrait très heureux de cette performance.

« C’est l’aboutissement d’un rêve de gamin qui était tellement lointain pour moi, qui ai grandi en forêt de Rambouillet, a-t-il d’ailleurs confié sur les ondes de France info. [Le Vendée Globe], j’avais envie d’y retourner pour faire mieux. Pourquoi pas pour gagner, en tout cas être sur le podium et ça s’est concrétisé cette fois-ci. Alors je veux garder l’idée qu’il faut toujours s’accrocher à ses rêves, que rien n’est impossible. »

Rien n’est impossible mais rien n’a été de tout repos non plus. Louis Burton, qui a grandi à La Celle-les-Bordes et passé beaucoup de temps à Maurepas dans sa jeunesse, en parallèle de sa pratique de la voile en Bretagne, a d’abord écopé de 5 h de pénalité pour départ anticipé, le 8 novembre dernier. Il fait ensuite mieux que se reprendre, puisqu’il remonte peu à peu. 6e au passage de l’équateur, 3e au cap de Bonne-Espérance, 2e début décembre. Les choses se passent plutôt bien pour le skipper de Bureau Vallée 2. Jusqu’au 20 décembre, lorsque son monocoque subit une avarie au niveau de sa grand-voile.

Il doit se dérouter vers l’île Macquarie, située entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique. « C’est souvent comme ça dans la voile, quand il y a un problème, ça entraîne des sur-problèmes, et ça a été le cas, a-t-il raconté en conférence de presse, suite à son arrivée. C’était un moment d’aventure de s’approcher de l’île Macquarie. […] À ce moment-là, ce n’était plus la course, c’était l’aventure. Ça m’a motivé pour réparer. Quand je repars de ce bout du monde, je suis explosé de fatigue… »

Il concède avoir un temps envisagé d’abandonner. « Pouvoir réparer et repartir, c’était très peu probable, a-t-il déclaré en conférence de presse. Merci à ceux qui m’ont convaincu [de ne pas abandonner], Servane (son épouse, Ndlr) en tête. […] Après, d’être revenu là, de couper quelques heures derrière Charlie Dalin (qui a franchi la ligne d’arrivée en 1er, Ndlr), c’est complètement lunaire. »

Car, reparti 11e après cet épisode, Louis Burton, qui est passé par toutes les émotions, a entamé une folle remontée, parvenant même à se placer 2e derrière le skipper d’Apivia. Même si, au final, avec le jeu des bonifications, c’est Yannick Bestaven (Maître Coq) qui a été déclaré vainqueur de ce Vendée Globe, Louis Burton rétrogradant d’une place.

Qu’importe, la 3e place reste le meilleur résultat de sa carrière, mais pas une fin en soi, car l’Yvelinois est ambitieux. « Je suis très fier d’avoir amené ce beau bateau jaune aux Sables pour la deuxième fois consécutive. Je suis un peu déçu car j’aurais aimé faire mieux qu’Armel (Le Cleach, vainqueur de l’épreuve sur le même type de bateau il y a quatre ans, Ndlr) », réagissait-il en conférence de presse. Louis Burton se tourne désormais vers le Vendée Globe 2024-2025, « celui que je vais essayer de gagner dans quatre ans, lance-t-il. Donc ça fera 14 ans que je prépare ma victoire au Vendée Globe dans quatre ans ». Rendez-vous dans quatre ans donc.

CREDIT PHOTO : Louis Burton – Bureau Vallée 2