Inquiétude autour de la construction future d’un immeuble de bureaux et d’activités sur une parcelle libre à l’entrée du quartier de Villaroy. Dans une lettre ouverte publiée en ligne, des habitants et associations, réunis sous le nom « Défendons la prairie de Villaroy », demandent aux élus locaux l’abandon du projet.

« Nous, associations et habitants impliqués sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines nous vous demandons des explications sur la pancarte immobilière qui a surgi sur la prairie située à l’entrée de la ville de Guyancourt, […] à la grande surprise de tout le monde », indique en ouverture la lettre, qui est adressée au président de SQY, Jean-Michel Fourgous (LR), au maire de Guyancourt, François Morton (DVG), et aux élus guyancourtois siégeant à l’Agglomération.

Sur ce terrain de près de 5 000 m², situé en face du Campus des services de l’automobile, un immeuble proposant 2 800 m² de bureaux et d’activités est en effet prévu. Pour permettre ce projet, cette parcelle appartenant à SQY doit être déclassée, et le conseil communautaire de novembre a donc voté l’ouverture d’une enquête publique, qui s’achève le 23 février.

« Destruction d’îlots de verdure »

« L’approbation du lancement de l’enquête publique en vue du déclassement de la piste cyclable qui traverse ce terrain est un feu vert que vous avez donné à la cession de la prairie en vue de son artificialisation », regrette la lettre ouverte, signée par près de 70 Saint-Quentinois. Ces derniers dénoncent la « destruction, au nom du projet, d’îlots de verdure indispensables à l’adaptation au changement climatique au cœur des villes, et qui doivent être sanctuarisés pour diminuer l’artificialisation des sols ». Ils craignent aussi que cela ne ferme « Villaroy aux autres quartiers ». La « prairie de Villaroy » y est décrite comme une « Zone à conserver (Zac) ».

Sollicité par La Gazette, le maire de Guyancourt rappelle que ce projet est prévu « déjà depuis longtemps », dans la continuité de la Zone d’aménagement concerté (Zac) : « C’est une parcelle qui a toujours été urbanisable, et qui était depuis très longtemps un terrain vague. » Concernant l’artificialisation des sols, il juge qu’il faut regarder ce qui est fait dans l’ensemble de la commune.

« Moi, j’ai un regard global sur la ville de Guyancourt, et la démarche de Guyancourt a toujours été […] particulièrement sensible à toutes ces questions-là, avance François Morton, réfutant l’idée d’une « bétonisation » de la ville. On se focalise sur cette parcelle qui était un terrain vague, et on oublie totalement ce qui est fait à côté : la préservation des terres agricoles à la Minière, la volonté exemplaire du nouveau quartier qui va arriver, etc. » Aussi, selon le maire, la construction de ce bâtiment n’empêchera « pas de relier l’ensemble des autres quartiers » à vélo ou à pied, il faudra « simplement […] contourner cette parcelle ».

La lettre ouverte interroge également la pertinence de construire un nouvel immeuble de bureaux. « Quel symbole pour l’entrée de quartier de notre ville verte, bleue et solidaire, d’ériger des mètres carrés de bureaux dont on sait qu’ils ne se rempliront jamais comme avant, tant le modèle du bureau présentiel est en train de s’effondrer ? », questionnent ainsi les signataires, qui s’appuient sur les chiffres de l’effondrement du marché des bureaux dans la région depuis le début de la crise sanitaire.

Un point sur lequel François Morton assure avoir des garanties. « J’ai eu l’assurance depuis le départ que s’il n’y avait pas de preneurs sérieux, de toute façon, il n’y aurait pas de bureaux, insiste l’édile. Et si ce projet perdure sur Guyancourt, c’est bien parce que, malgré le cadre sanitaire et le contexte qu’on connaît, certaines entreprises continuent à vouloir se développer, donc il y aura forcément preneur, je ne suis pas très inquiet. Et, encore une fois, s’il n’y en a pas, il n’y aura pas de projet, et puis c’est tout. »

« Préserver les équilibres de la ville »

Le maire résume son souhait de « préserver les équilibres de la ville de Guyancourt », ce qui demande une « attention particulière sur les changements climatiques et la transition écologique », mais doit aussi passer par le développement économique, qui apporte des « ressources pour la ville », et « l’emploi local ». Si la lettre appelle les élus à revenir sur ce projet, il y a peu de chances que la demande aboutisse. Le projet semble en effet sur de bons rails désormais, même si aucune date n’est encore avancée. Sollicitée, l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines n’a pas donné suite.