Les Trappistes pourraient bien être amenés à revoter. Le 2 février, le tribunal administratif a en effet annulé les élections municipales de l’année dernière, et donc la victoire d’Ali Rabeh (Génération.s). Il est reproché à ce dernier un manquement aux dispositions du code électoral. Ali Rabeh a fait appel de ce jugement, et reste ainsi maire jusqu’à la décision du conseil d’État.
Dans les faits, le tribunal administratif a rendu deux décisions. La première est d’annuler les élections municipales, et fait suite au recours déposé par la liste d’opposition d’Othman Nasrou (Libres). La deuxième décision est la déclaration d’inéligibilité d’Ali Rabeh pour une durée d’un an et l’annulation de son élection en tant que conseiller municipal. Elle fait quant à elle suite à la saisie du tribunal administratif par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui avait rejeté le compte de campagne d’Ali Rabeh en décembre.
En résumé, il lui est reproché de ne pas avoir déclaré dans ses comptes de campagne les actions de solidarité menées pendant le confinement par l’association Coeurs de Trappes, dont il était président. Le tribunal administratif juge que ces actions opérées pendant la campagne ont eu pour effet de « valoriser l’action et la personne » d’Ali Rabeh, et ont été « de nature à altérer la sincérité du scrutin et le résultat des élections ».
« Je suis en désaccord total avec la décision, à mes yeux infondée, prise par le tribunal administratif, d’annuler l’élection municipale de Trappes, a réagi Ali Rabeh sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi je fais immédiatement appel auprès du conseil d’État, avec effet suspensif. » Il conserve donc son fauteuil de maire en attendant l’avis du conseil d’État, qui doit intervenir dans les six mois. « À tous mes amis et soutiens, soyez tranquilles : j’ai confiance en la justice qui nous donnera raison dans quelques mois », ajoute-t-il, assurant être « plus que jamais au travail sur le terrain » pendant que « [s]es adversaires encombrent les tribunaux ».
Une attaque que contredit son opposant. « Déjà, il y a des juges qui se prononcent, c’est la justice, c’est pas juste Mustapha Larbaoui et moi, tranche Othman Nasrou. Et surtout, de toute façon, on aurait eu un jugement parce que la CNCCFP, et c’est la loi, a saisi le tribunal de son côté. » Et celui qui est aussi vice-président du conseil régional d’ajouter : « M. Rabeh a triché durant la campagne électorale et il est sanctionné pour cela, d’ailleurs, on l’avait dit tout au long de la campagne […]. » Othman Nasrou est désormais également dans l’attente de la décision du conseil d’État et indique qu’il « respecter[a] la décision de justice quelle qu’elle soit ».
Guy Malandain (DVG), maire de Trappes pendant de nombreuses années et candidat défait l’année dernière, nous a quant à lui expliqué prendre acte de la décision du tribunal, non sans cacher un certain « plaisir ». « Et en même temps, l’analyse qu’ils font est une analyse de vérité : il y a eu transgression de moyens pendant la campagne électorale, et particulièrement entre les deux tours, mais pas seulement, estime Guy Malandain, qui siège désormais dans l’opposition face à son ex-adjoint. Donc on va être amenés à refaire des élections sauf si le conseil d’État, ce qui m’étonnerait, annule la décision du tribunal administratif. »
Même si une nouvelle élection n’est pas encore d’actualité, il faudra compter sur eux, d’une manière ou d’une autre, si le conseil d’État confirmait l’annulation du scrutin. Pour rappel, Ali Rabeh avait remporté le deuxième tour des municipales en juin 2020 avec 40,40 % des suffrages, devant Othman Nasrou (37,18 %) et Guy Malandain (22,40 %).
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