Alors qu’une grève nationale de l’éducation est organisée sur tout le territoire français le 26 janvier, les enseignants et les infirmiers scolaires de SQY se sont mobilisés à Guyancourt. Ils sont une quarantaine à avoir manifesté contre leurs conditions de travail et la décentralisation de la médecine scolaire.

Ce matin-là, devant la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) située à Guyancourt, le personnel éducatif fait preuve d’originalité pour clamer ses revendications. Les syndicats de l’enseignement, dont le Syndicat des professeurs d’EPS de l’enseignement public des Yvelines (SNEP-FSU), organisent un match de volley-ball, alors que le thermomètre indique zéro degré dehors. L’objectif : montrer dans quelles conditions les professeurs d’EPS doivent désormais exercer.

En effet, depuis le 16 janvier et pour une durée de 15 jours minimum, « les publics mineurs ne peuvent pratiquer leurs activités physiques et sportives qu’en extérieur », indique le site du ministère chargé des sports. Et pour partager cette nouvelle directive, les syndicats ont invité l’administration à descendre pour faire un match avec eux. Mais ce matin-là, personne de la DSDEN ne viendra taper dans le ballon.

Les professeurs d’EPS réclament la mise en place de demi-groupes pour continuer la pratique du sport en intérieur, surtout pendant cette période hivernale. « Il y a un besoin chez les élèves de bouger. Le couvre-feu les empêche de pratiquer après les cours, il leur restait le sport scolaire, mais ce n’est plus le cas », regrette Bruno Maréchal, professeur d’EPS au collège Youri Gagarine à Trappes et cosecrétaire académique de la SNEP-FSU des Yvelines.

Parmi leurs autres revendications, les infirmiers scolaires se révoltent contre la possible fin de leurs permanences dans les établissements. « Les infirmières et médecins scolaires seraient transférés au sein des PMI [Protection maternelle et infantile], sous l’autorité des Départements, et verraient leurs missions restreintes au médico-médical », regrette le communiqué de presse de la SNEP-FSU. À la place, « on fera des visites », résume, atterrée, la gréviste Véronique, infirmière au collège Paul Éluard à Guyancourt.

Ce qui ne convient pas aux infirmières présentes à la manifestation. « On ne sera plus au sein des établissements, il n’y aura plus d’accueil. Tout ce qu’on fait : l’aide éducative pédagogique, sur le handicap, la prise en charge des jeunes en difficulté psychologique… Si on disparaît… », s’inquiète Delphine, infirmière au collège La Couldre. Sachant que le lien de confiance entre les infirmières et les élèves, pour que ces derniers se confient, sera plus difficile à mettre en place, selon Nathalie, infirmière au lycée Descartes et au lycée Dumont d’Urville.

Les enseignants ont également tapé dans le ballon pour dénoncer les suppressions de postes, qui se poursuivent, malgré l’augmentation du nombre d’élèves, sans compter les heures supplémentaires qui s’accumulent, comme l’indique leur communiqué. Pour autant, dans le dernier communiqué de l’académie de Versailles, le nombre de postes en équivalent temps plein est en augmentation, soit 92 en plus dans le premier degré et 197 dans le second degré pour la rentrée 2021.

Du côté des évolutions de salaire, le point d’indice des professeurs n’évoluerait pas suffisamment vite, depuis son dégel en 2016, selon Maud, professeure d’allemand au lycée Descartes. « Avec l’effet de l’inflation, on perd en pouvoir d’achat », poursuit-elle, malgré les 400 millions d’euros de revalorisation prévus par le budget 2021. Mais cette somme ne serait pas suffisante et ne concernerait pas tout le monde, selon la manifestante. C’est le cas des agents contractuels ou encore des assistants d’éducation.

Enfin, la mise en place de la réforme du baccalauréat et le passage au contrôle continu pour certaines épreuves, sur fond de crise sanitaire, auraient imposé un calendrier strict pour les acquis, mettant la pression aux enseignants, qui doivent appliquer le programme dans les temps. « On aurait souhaité un allègement du programme pour rattraper celui du premier confinement », témoigne Chadia, professeure d’histoire et de géographie au collège Louis Pergaud.