« L’urgence médicale est notre premier client dans le secteur de la santé », affirme Emmanuel Fievet, fondateur de la start-up Aircaptif, spécialisée dans la conception et la fabrication de structures gonflables légères. À l’intérieur de son entreprise à Trappes, de gros sacs et plusieurs extracteurs d’air d’Orano – anciennement Areva – siègent dans la salle de test.
Composant leur nouveau produit pour la santé, ces éléments permettent de constituer une chambre à atmosphère contrôlée personnalisable. À destination du domaine médical, cette pièce modulable en structure gonflable, découverte dans un article du Parisien, sert à isoler les malades et les soignants dans un espace où l’air est stérile, au sein d’un hôpital par exemple. « Ça peut servir à la vaccination », imagine Bruno Dumont, responsable commercial chez Orano. Aircaptif et le géant du nucléaire sont partenaires pour ce nouveau produit. La start-up a conçu la chambre et Orano le système de ventilation, qui permet de filtrer l’air.
Depuis le début de la crise sanitaire, la jeune start-up créée en 2017 a intégré le marché de la santé. Et ce secteur a clairement contribué à la multiplication de son taux de croissance par quatre en 2020. Son chiffre d’affaires est passé de 250 000 à 1 million entre 2019 et 2020. « Il y a un an, on n’était pas dans le domaine de la santé, mais suite à la conception de la chambre avec Orano, on réalise un chiffre d’affaires plus important », observe Frédéric Montagard, directeur général adjoint d’Aircaptif et responsable des start-up au sein de Thales. Il a été détaché du grand groupe pour structurer la start-up, et Thales est un de ses clients.
Travaillant principalement pour le secteur spatial, aéronautique, du nucléaire, de l’événementiel et du BTP, Aircaptif s’est mis à la santé, suite à un appel à candidatures, lancé par la direction générale de l’armement lors du premier confinement. « Il y avait un souci sur Mulhouse. Il y avait trop d’affluence de malades. On aurait dit une situation de siège en tant de guerre », se rappelle Bruno Dumont. L’appel consistait à trouver une solution à cette situation.
C’est de là qu’est née la chambre blanche, après qu’Orano a contacté Arcaptif pour une collaboration. « On s’est dit, on va faire cette chambre blanche pour faire comme un hôpital de campagne », raconte le responsable commercial. Le projet n’a pas été retenu mais il en a séduit d’autres. Plusieurs offres seraient en cours, selon Bruno Dumont. Notamment, une pour une mission à l’étranger, des militaires devraient se rendre sur place cette semaine, selon lui.
Cette chambre a la particularité d’être légère et modulable. Grâce à la technologie du kitesurf, venant des deux fondateurs, qui possèdent également un magasin de réparation et de vente de matériaux kitesurf, Wanikou, ils ont utilisé les boudins des voiles pour créer cette structure légère. Le matériau choisi est le polyuréthane étanche. La chambre se monte en 40 minutes et tient dans trois sacs.
« Avant, c’était le PVC qui était utilisé, mais c’est quatre fois plus lourd et ça prend plus de volume. On ne peut pas le mettre dans une voiture. Et au froid, ça craquelle alors que la tente non. Et le PVC est poreux, il y a toujours de l’air qui passe », explique Frédéric Montagard.
Et pour contrôler l’atmosphère, l’extracteur d’air d’Orano permet de mettre en dépression et de filtrer l’air extrait de la chambre confinée. « Nos essais ont permis de démontrer que 99 % des particules de la taille d’un virus sont arrêtées par les filtres », ces derniers étant utilisés dans le nucléaire, indique Bruno Dumont.
En parallèle, d’autres produits ont vu le jour. Mais ils ont surtout été vendus à l’étranger. « Il y a des pays qui engagent beaucoup de moyens », glisse Frédéric Montagard. Alors avec la même technologie inspirée du kitesurf, des cellules de transport pour patients contaminés ont été conçues, mais aussi des harnais pédiatriques, ou encore des sas pour ambulanciers, énumère le fondateur. Et « il y a d’autres projets », mentionne-t-il, sans les nommer.
Leur vente dans le médical représente donc 30 % de leur chiffre d’affaires et cette part va continuer d’augmenter. « La santé va faire grossir notre chiffre d’affaires », évalue Emmanuel Fievet. Sachant qu’il envisage une multiplication par quatre de ce dernier en 2021.
En plus, la start-up compte rapatrier le reste de son activité, soit les trois quarts, expatriés pour le moment en Chine. Pour ce faire, ils vont investir en 2021 dans des machines, qui vont créer de l’emploi. Les deux fondateurs envisagent de recruter 30 personnes cette année. Ils sont actuellement 23. Ils étaient trois, il y a un an.