« Cela faisait trois jours que j’avais des symptômes qui pouvaient faire penser au Covid », justifie Frédéric après avoir réalisé un test antigénique à la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 16 novembre. Ce jour-là, le nouveau centre de dépistage, réalisant uniquement ces tests par prélèvement nasopharyngé comme pour le PCR, a été inauguré à l’intérieur de la gare. Autrefois un café-snack, ce lieu accueille désormais, entre 13 h et 19 h, au moins jusqu’au 1er décembre, les Saint-Quentinois qui veulent se faire tester et obtenir un résultat en 15 minutes. D’ailleurs, après ce laps de temps, Frédéric est rassuré, il est diagnostiqué négatif. Il va pouvoir retourner sur son lieu de travail, juste à côté de la gare.

Il fait justement partie du public cible. Porté par la région Île-de-France et piloté par la Croix-Rouge et l’entreprise de coordination d’infirmières « Juste à temps », ce centre de dépistage a été installé pour toucher un maximum de personnes. « La gare est très fréquentée de manière générale par la population du bassin, les travailleurs des sièges sociaux, les jeunes », explique Camille Degroote, responsable des dépistages Covid à la Croix-Rouge pour l’ Île-de-France. Ainsi, jusqu’à 200 tests antigéniques par jour pourront être réalisés.

100 % gratuits, les tests antigéniques peuvent être réalisés, depuis le 28 octobre, dans d’autres lieux que les lieux habituels d’exercice des professionnels de santé habilités à les réaliser. C’est le cas en pharmacie, chez le médecin, ou encore auprès d’infirmières au sein des maisons des familles à Plaisir et au Scarabée à La Verrière.

Rapides, avec un résultat s’apparentant à celui d’un test de grossesse, ils ont pour objectif de désengorger les laboratoires, souvent pris d’assaut, mais également d’identifier plus rapidement les foyers et les vrais cas à risque, énonce Marion Cinalli, directrice de la délégation départementale des Yvelines à l’ARS. Dans cette dernière affirmation, elle fait référence aux patients les plus contagieux, que le test antigénique détecte en 15 minutes.

Moins sensible que le PCR, en termes de recherche de trace du virus, il permet néanmoins, s’il est positif, d’écarter rapidement un cas à risque. En revanche, si le test est négatif, il peut ne pas avoir détecté une légère trace du virus, et donc révéler un faux négatif, selon les explications de la professeure en virologie à l’UVSQ, Marie-Anne Rameix-Welti. Sachant que « si on a moins de virus, on est moins contagieux », rassure-t-elle. « C’est une stratégie comme une autre. On peut se permettre quelques faux négatifs, si on peut tester plus de monde pour écarter les plus contagieux », interprète-t-elle.

Autrefois un café-snack, ce lieu accueille désormais, entre 13 h et 19 h, au moins jusqu’au 1er décembre, les Saint-Quentinois qui veulent se faire tester et obtenir un résultat en 15 minutes.

Mais seules certaines personnes peuvent y avoir accès. Le patient présentant des symptômes du coronavirus doit être âgé de moins de 65 ans et ne doit pas risquer de développer une forme grave, selon la doctrine d’utilisation des tests antigéniques du ministère de la Santé. En plus, il est préférable de venir faire le test moins de quatre jours après, en cas de symptômes, seulement s’il est impossible d’avoir un rendez-vous PCR avec un résultat en 48 heures, complète Marion Cinalli.

Pour accueillir ces patients, la pharmacie du centre de Trappes, par exemple, a mis en place un barnum en face de son officine. Mais une des pharmaciennes assistantes regrette que les tests ne soient pas ouverts aux plus de 65 ans. « C’est dommage car il y a plus de personnes de 65 ans qui ont les symptômes, remarque Anne-Isabelle. Pour augmenter la couverture, il faut le proposer au maximum, car plus on est décelé vite, plus on est rapidement pris en charge. »

D’ailleurs, si le test est positif, le patient n’a pas besoin de le confirmer avec un test PCR. En revanche, s’il est négatif, « le médecin prenant en charge le patient pourra […] sur la base de son évaluation clinique, prescrire un nouveau test RT-PCR. », indique le ministère de la santé.

Concernant les cas contacts issus d’un foyer ou non, ils ne peuvent en revanche pas prétendre aux tests antigéniques. Ils doivent privilégier le test PCR, « car en termes de recherche de gènes, c’est plus profond avec le PCR. Les cas contacts demandent une recherche plus complète », justifie la directrice de la délégation départementale des Yvelines à l’ARS.

En effet, le test antigénique a beau ressembler au PCR dans son exécution, il est légèrement différent : « On va moins profondément et la tige est moins épaisse », décrit Alexa, l’infirmière libérale qui a pratiqué pendant trois jours les tests antigéniques à la gare de SQY, la semaine dernière.

Ces tests sont également recommandés lors d’opérations de dépistages ciblées. Par exemple, sont concernés les personnels asymptomatiques des établissements médico-sociaux hébergeant des personnes âgées et des personnes handicapées. Le test est fortement recommandé à leur retour de congés, comme les vacances de la Toussaint, indique le ministère de la Santé. Les patients admis en urgence dans un établissement de santé doivent également passer un test antigénique « pour prendre les bonnes décisions de prise en charge », poursuit la note du ministère de la Santé.

Les passagers aériens en liaison entre la métropole et les territoires ultra-marins font également partie des cibles à dépister. L’objectif étant d’éviter les foyers. « Si vous avez des avions qui atterrissent et qu’il faut prélever tout le monde, c’est compliqué avec un PCR. […] À l’aéroport, le test antigénique évite l’explosion des clusters et permet d’écarter tout de suite les plus contagieux », explique Marie-Anne Rameix-Welti. Dans le cadre de ces dépistages ciblés, le test antigénique, qu’il soit positif ou négatif, ne doit pas être confirmé par un test PCR, toujours selon le ministère.

Ainsi, certaines pharmacies à Saint-Quentin-en-Yvelines se sont déjà équipées pour faire les tests en intérieur ou dans un barnum à l’extérieur. Depuis le 3 novembre, la Pharmacie Bleue, au sein d’Auchan à Maurepas, accueille ses patients dehors dans une cabane en bois. Dès les premiers jours, le personnel testait une trentaine de personnes par jour.

Sur quinze employés, ils sont quatre à avoir été formés pour pratiquer le test, selon Charlène, préparatrice au sein de l’officine. Mais toutes les pharmacies ne peuvent pas en dire autant. Celle du Sud Canal à Montigny-le-Bretonneux, n’a pas la structure adaptée. « On n’est pas assez nombreux pour mettre en place les tests. Ça demande beaucoup de mise en place. Les normes sont contraignantes et on ne peut pas se le permettre », explique la pharmacienne.

Le test antigénique a beau ressembler au PCR dans son exécution, il est légèrement différent : « On va moins profondément et la tige est moins épaisse », décrit Alexa, l’infirmière libérale.

En effet, la réalisation des tests antigéniques en pharmacie demande un équipement particulier. Il faut un local isolé, les testés ne doivent pas croiser les non-testés, les pharmaciens ou pharmaciennes, qui pratiquent le test, doivent mettre une tenue particulière, remplir un dossier pour chaque patient… « Ça peut-être un frein », observe la virologue.

Ce qui n’est pas le cas en gare de SQY, le local choisi a deux boxes pour la réalisation des tests, et une équipe de plusieurs personnes de la Croix-Rouge s’occupe de faire les dossiers et de donner les résultats. Ça va vite. D’autres centres de dépistage similaires se sont également mis en place à SQY, comme à Plaisir à la Mosaïque et à Flora Tristan. À La Verrière, la ville a consacré une salle du Scarabée à la réalisation de tests antigéniques tous les samedis de 9 h à 13 h, en collaboration avec des infirmières libérales.

Les médecins peuvent aussi réaliser des tests antigéniques, mais comme pour les pharmacies, il faut pouvoir les faire dans un lieu isolé. « Il faut un endroit dédié, […] isolé du cabinet et facilement nettoyable, explique Dominique Gignac, le secrétaire général de l’ordre des médecins des Yvelines. Déjà qu’en temps normal, on se met en condition avec masque, visière, avec pas plus d’une personne en salle d’attente… »

Ajouter ce service de tests risque de rendre leur activité plus chronophage, selon lui. « Les médecins sont déjà impactés car ils prennent beaucoup de précautions et ça prend du temps. Le flux de patients n’est pas le même. On ne peut pas avoir plus de patients », poursuit-il.

Mais la multiplication des lieux de tests pourrait peut-être les soulager. Une nouvelle opération de dépistage, ouverte à tous, a lieu les 1er et 2 décembre au Vélodrome national de SQY de 9 h à 18 h, en s’inscrivant sur Doctolib. 2 000 tests antigéniques pourront être réalisés.