« Si le vaccin immunise le variant, ça sera une bonne nouvelle. Si ça dure trop, malheureusement… », Philippe Pain, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie des Yvelines (Umih) ne finit pas sa phrase, sous-entendant une situation complexe pour les bars et les restaurants. Bien que cette fédération ait pour objectif d’aider ces entreprises à maintenir leur économie en pleine crise sanitaire, le président ne cache pas que les semaines à venir seront décisives, et que de nouvelles faillites sont à craindre. « On n’a pas de perspective », regrette-t-il, au lendemain des annonces du premier ministre, Jean Castex.

Le 7 janvier, ce dernier a justement annoncé, sans surprise, le report de la réouverture des bars et des restaurants, initialement prévue le 20 janvier : « La perspective d’une réouverture en janvier n’est pas réaliste et reportée a minima jusqu’à mi-février. » Il a aussi assuré le maintien des aides « qu’il s’agisse du recours à l’activité partielle, aux prêts garantis, au fonds de solidarité rénové, aux différentes aides sectorielles. » Ainsi, les industries de l’hôtellerie vont pouvoir continuer à bénéficier du chômage partiel, jusqu’à 10 000 euros par mois en cas d’importante perte de chiffre d’affaires ou de 20 % du chiffre d’affaires mensuel dans la limite de 200 000 euros par mois, selon le site du ministère de l’économie des finances et de la relance.

Mais l’Umih veut aller plus loin et souhaite notamment rétablir le click and collect après 20 h, pour que les restaurateurs puissent augmenter leurs ventes, sans passer par des sociétés de livraison. « Ça évitera d’obliger le restaurateur à livrer [pour les commandes passées] après 20 h », illustre Philippe Pain, même s’il reconnaît que ce système de commande ne compense pas la perte du chiffre d’affaires des restaurants. « C’est très limité, c’est surtout pour être visible. On ne gagne pas beaucoup d’argent, fait-il le constat. Les restaurants qui s’en sortent bien sont rares. »

D’autant plus que tous les restaurateurs n’y ont pas recours. « C’est très difficile pour les restaurants haut de gamme », illustre le président de l’Umih. Il donne l’exemple de Au Chapeau gris à Versailles, qui ne pourrait pas le faire, en raison d’une logistique très différente des autres établissements.

Le click and collect concerne surtout les restaurants traditionnels. Les bars et les discothèques ne peuvent logiquement pas le mettre en place. Ces derniers sont d’ailleurs en mauvaise posture, selon Philippe Pain. « C’est l’hécatombe, reconnaît-t-il, en faisant surtout référence aux boîtes de nuit. Ça fera un an en mars. »

Pour tous ces établissements, les difficultés résident également dans le paiement du loyer et la réception des indemnités, qui peinent à venir des assureurs, selon Philippe Pain. Les restaurants, dont le contrat le permet, peuvent prétendre à des indemnités, en raison de leur fermeture. Mais à priori, « les assureurs ne font rien. On s’arme d’avocats pour essayer d’avoir nos indemnités », témoigne le président de l’Umih. La fédération propose d’ailleurs sur son site une plateforme pour étudier les contrats des sociétés, afin de déterminer si elles peuvent les attaquer en justice.

En attendant, la fédération tente de trouver des solutions pour soutenir l’économie de leurs entreprises. C’est le cas au marché Saint-Louis à Versailles, en collaboration avec Métro Trappes, où les restaurateurs ont des emplacements pour présenter leurs produits, faire leur pub ou du click and collect.

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