« On veut travailler, mais pas au rabais », « Ségur à avaler », « Le médico-social, c’est pas des sous-soignants, l’équité salariale c’est maintenant ». Les slogans se sont multipliés. Ils étaient 150 à 160, selon certains syndicats, à s’être rassemblés le 26 novembre au Centre hospitalier de Plaisir (CHP) sur les 350 agents médico-sociaux de l’établissement. Un personnel privé de la revalorisation de 183 euros octroyée par l’État dans le cadre du Ségur de la santé pour le personnel hospitalier et qui a manifesté à l’appel de plusieurs syndicats pour dénoncer cette situation, touchant 20 % de l’effectif du CHP, selon leur communiqué.

« C’est totalement injuste : même boulot, même grade, même fonction, et pas le même salaire », s’indigne Corinne Le Pape, de la CGT. Une injustice dénoncée aussi par ses collègues des autres syndicats. « Comment accepter que de l’autre côté de la rue, sur le pôle sanitaire, ils touchent [ces revalorisations], et qu’ici, ils ne touchent pas, alors qu’ils ont le même travail, c’est quand même s’occuper de patients avec pour certains des fragilités psychiques et d’autres des handicaps », souligne Bruno Robyn, secrétaire adjoint FO 78 et agent hospitalier détaché à la sécurité. « Et notamment affectés par le Covid, on en a peut-être même plus que sur le sanitaire », poursuit Christophe Ory, membre du bureau FO du CHP.

Tous rappellent ainsi que les médico-sociaux se sont, eux aussi, retrouvés en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. Valérie Louis, secrétaire départementale Sud 78, va même plus loin : « C’est dans le pôle handicap que l’on a perdu le plus de gens pendant le Covid. », affirme-t-elle. « C’est une aberration. Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière de syndicaliste. Et c’est des secteurs extrêmement durs, on s’occupe de personnes handicapées nuit et jour, s’insurge la représentante syndicale. On est un seul hôpital, avec plusieurs services […], mais c’est un seul établissement, il n’y a pas de distinction, il n’y en a que aujourd’hui à cause de ce truc-là », peste-t-elle à propos de Ségur, dont elle affirme que même des personnes qui l’ont signé sont contre. « Notre directeur est passé dans tous les services pour dire qu’il déplorait cette mesure », glisse-t-elle.

Valérie Louis pointe la stratégie du gouvernement au sujet d’un complément de 183 euros qui « n’est pas dans les grilles de salaires, ça veut dire que même pour ceux qui l’ont, peut-être qu’ils vont un jour l’enlever, le baisser ». Et s’inquiète pour l’avenir : « Les gens qui sont en médecine ne vont jamais vouloir venir travailler là, ils ne vont pas vouloir perdre 183 euros. Ces services vont être désertés. »

Une pétition de 305 signatures devait être remise le jour-même à la direction, qui «  nous a assuré de son soutien, elle nous a dit qu’elle-même avait fait des démarches pour faire remonter à la fédération hospitalière et notamment aussi aux élus », annonce Corinne Le Pape, qui déplore en revanche n’avoir reçu aucun retour des autorités, alors qu’une lettre avait été envoyée au gouvernement.

Le sentiment d’être mis de côté domine d’ailleurs chez le personnel. « Ce n’est même plus une histoire d’argent, c’est de la déconsidération totale, du mépris », lâche Bruno Robyn. « Au départ, c’était pris pour un oubli, deux mois après, on pense que c’est vraiment volontaire, abonde Christophe Ory. Ils font de la discrimination sur des corps de métiers identiques, donc ils seront obligés de réagir, mais sous combien de temps ? Quel montant ? Et avec un effet rétroactif ? On n’en sait rien. »

Dans le même temps, une manifestation d’agents du médico-social se tenait à Versailles, devant la préfecture, à laquelle ont pris part plusieurs services de Saint-Quentin-en-Yvelines. Une autre, nationale, est prévue à Paris le 3 décembre, alors que, d’après les syndicats, plus de 50 000 personnes en France sont concernées par cette non-revalorisation.