Assister à un spectacle se tenant au Théâtre de SQY (TSQY) depuis l’autre bout du département ou de la France, en ayant l’impression d’être sur place. C’est possible avec la nouvelle technologie développée par la startup ignymontaine Scale-1 Portal, spécialisée dans la réalité virtuelle, qui, comme l’avait déjà révélé TV78, a collaboré avec le TSQY depuis le printemps dernier pour tester cette solution.

« On regarde ce qui se passe sur le territoire saint-quentinois et qui peut coller avec ce que l’on fait […]. On est tombés sur cette société, Scale-1 Portal. […]. En voyant ce qu’ils faisaient, on s’est dit ‘‘Tiens […], pourquoi ça ne s’appliquerait pas au théâtre ?’’ […] On les a rencontrés, on est allés essayer leur dispositif », explique Lionel Massétat, directeur du TSQY, qui cherche à rendre ses spectacles accessibles à un large public, et travaille en ce sens avec des hôpitaux, prisons, Ehpad.

« Notre souhait n’est pas de faire du spectacle virtuel, tempère-t-il néanmoins. En revanche, des gens ne peuvent pas se déplacer. Par exemple, on travaille depuis un an ou un an et demi avec l’hôpital pédiatrique de Bullion, qui accueille 170 patients jusqu’à 18 ans. Les trois quarts ne peuvent pas se déplacer. »

C’est alors que la réalité virtuelle prendrait son sens. Elle a été expérimentée le 8 octobre dernier à l’occasion de la répétition générale du concert de la chanteuse Rosemary Standley et de l’ensemble Contraste. Elle fonctionne notamment grâce à un système de projection et des lunettes 3D permettant de suivre le spectacle à distance en ayant l’impression d’y être. Même si, dans ce cas précis, il n’a pas été possible d’installer le dispositif à l’hôpital de Bullion, comme initialement prévu, en raison du contexte sanitaire. C’est donc une pièce attenante à la grande salle du théâtre qui a été choisie. Le public, notamment des mécènes du théâtre, était au nombre de 15 personnes en salle, comme l’artiste, et 15 devant le système, avec une rotation tous les quarts d’heure.

« On va filmer en 360 degrés et 3D un spectacle et on va renvoyer ce contenu sur trois écrans d’à peu près 12 m², précise Olivier Legrand, directeur général de Scale-1 Portal. Les gens sont équipés de lunettes 3D et sont sur un lieu différent par rapport au spectacle, et vont pouvoir profiter de l’événement en 3D avec le son, en étant immergés au pied de la scène pratiquement. La caméra est posée à 1 m des artistes, donc vous avez un point de vision comme si vous étiez pratiquement sur scène. » Il assure que l’essai a été concluant, avec des spectateurs « surpris de pouvoir assister à un spectacle dans [c]es conditions », et que « les gens du théâtre […] ont eu des retours positifs ».

Autre levier du dispositif : le scan. « On va scanner l’artiste et les personnes qui sont devant l’écran virtuel, explique Olivier Legrand. On prend l’artiste, on en fait un avatar, et on l’envoie sur un écran sur un autre site, et sur l’autre site, ils ont aussi le même dispositif, ce qui fait qu’on peut avoir un échange entre l’artiste et les spectateurs. »

La technologie a donc commencé à se mettre au service du spectacle au travers d’un partenariat gagnant-gagnant entre le TSQY et Scale-1 Portal. « On est vraiment dans une collaboration qui nous intéresse les uns les autres », juge Lionel Massétat, espérant « donner de la visibilité au travail » de l’entreprise et que celle-ci perfectionne le système « de manière à ce qu’il soit utilisable par plein de théâtres » « Ils ont amené leur savoir-faire en termes de prise de son et l’artiste, et nous, on a apporté en échange notre technologie pour pouvoir aussi la tester », abonde Olivier Legrand.

Des deux côtés, on espère que la collaboration se renouvellera pour d’autres spectacles. D’ici là, Scale-1 Portal aura peut-être le temps de perfectionner encore sa technologie, même si « tout est opérationnel puisqu’on a fait les tests et que ça a bien fonctionné », assure Olivier Legrand, qui évoque toutefois « des évolutions matérielles » à venir sur une telle innovation. Une innovation qui devrait être accessible au grand public à partir de 2021 depuis un smartphone. « Je pense que les opérateurs vendront des packages avec le téléphone + les lunettes », glisse le directeur général de Scale-1 Portal, qui parle d’un coût de « 1500 euros » le lot « avec une fourchette haute ».

CREDIT PHOTO : Scale-1 Portal