Le Covid-19 ne doit pas faire oublier les autres virus sévissant à cette période de l’année, notamment la grippe saisonnière, dont la campagne de vaccination a commencé le 13 octobre et se terminera le 31 janvier. Une campagne qui se déroule donc dans ce contexte inédit de crise sanitaire, impliquant ainsi de donner, « plus encore que les années précédentes, la priorité à la vaccination des personnes les plus fragiles et des soignants », indique le ministère de la santé sur son site internet. L’objectif étant « d’approcher les 75 % de couverture vaccinale telle que préconisée par l’OMS chez les personnes ciblées par les recommandations », ajoute le ministère.

Les publics considérés comme prioritaires se voient ainsi délivrer un bon de la sécurité sociale pour une prise en charge à 100 % du coût du vaccin. Il s’agit des personnes âgées de 65 ans et plus, des personnes souffrant de certaines pathologies, présentant une forte obésité, des femmes enceintes, et des personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ou dans un établissement médico-social d’hébergement, quel que soit leur âge, rappelle l’Assurance maladie, ajoutant que « les professionnels de santé et […] des établissements médico-sociaux [et] l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois à risque de complication grave de la grippe et des personnes immunodéprimées » sont aussi concernés par la vaccination.

Dans les Yvelines, 290 789 bons de prise en charge avaient été envoyés au 10 novembre, nous a informés la Caisse primaire d’assurance maladie du département (CPAM 78). Si le ciblage de publics fragiles s’est renforcé, la couverture vaccinale a néanmoins augmenté en 2020 en comparaison à l’année dernière. Dans les Yvelines, elle s’élevait, le 10 novembre, à 7,8 % sur l’ensemble de la population et 37,4 % sur l’ensemble de la population fragile, contre 5,2 % sur l’ensemble de la population et 25,4 % sur l’ensemble de la population fragile en 2019, selon la CPAM 78.

En première ligne, on retrouve notamment les pharmacies, où sont bien sûr commercialisés les vaccins, et qui peuvent, depuis 2019, pratiquer les injections. Celles des Yvelines ne font pas exception à la règle, avec pour certaines, une pénurie qui est arrivée très vite. C’est le cas, par exemple, de la pharmacie du centre Brigitte, à Plaisir. Elle a reçu 850 vaccins juste avant le début de la campagne de vaccination et a « tout vendu en 15 jours », confie Amélie Hay, pharmacienne au sein de la structure, qui laisse entendre que de nouveaux approvisionnements du laboratoire ne sont pour l’instant pas prévus, mais espère « en avoir un peu par le grossiste ».

Effet Covid ou pas, la pharmacienne explique en tout cas que certains clients, considérés comme prioritaires d’autres années, mais qui ne se faisaient pas vacciner, sont cette fois venus. « On n’a pas fait de ventes, contrairement aux années précédentes, évoque-t-elle. On a laissé la priorité aux personnes fragiles, et on s’est aperçus qu’il y avait beaucoup de gens qui recevaient leurs bons de la Sécu les années précédentes, mais qui ne le faisaient pas. Et cette année, ils ont décidé de le faire. »

Même constat à la pharmacie Adda Piquet, située au centre commercial Espace Saint-Quentin, à Montigny-le-Bretonneux. « Les gens qui ne se faisaient pas vacciner les autres années car ils étaient contre, cette année ils se font vacciner », note Romain Socquet, pharmacien titulaire et propriétaire de l’officine, à qui il reste « quelques-unes » des 1 200 doses de vaccin reçues. Avec la priorisation, il mentionne aussi le cas de figure de clients qui « n’avaient pas forcément le bon de la Sécurité sociale et avaient l’habitude d’acheter leurs vaccins » et qui « n’ont pas pu les acheter cette année ».

L’enseigne, qui avait commandé 10 % de doses de vaccin en plus par rapport à l’année dernière, effectue « une cinquantaine d’actes de vaccination par jour », contre une trentaine en 2019, d’après son propriétaire. Ce qui rajoute énormément de travail à des équipes ne chômant déjà pas et devant aussi gérer les tests antigéniques, « qui nous mobilisent deux personnes », souligne Romain Socquet. « La vaccination nous mobilise une, voire deux personnes, donc on a 20 % des effectifs dédiés à faire autre chose, précise-t-il. Les tests antigéniques, les besoins de vaccination, les préparations de commandes à livrer pour les personnes qui sont fragiles, qui sont multipliées par trois voire quatre en période de confinement, […] ça entraîne une surcharge de travail et un stress énorme pour toutes les équipes. »