Ils sont une cinquantaine à faire la queue ce jeudi 24 septembre à 10 h, devant les anciens locaux d’une école à Trappes, transformés en centre de dépistage, au 2, allée Saint-Exupéry. Une vingtaine de personnes attendent déjà à l’intérieur du centre, où s’est installé le laboratoire Eurofins Bionnis. Ce dernier ne devait pas faire plus de 150 tests PCR par jour la semaine dernière.

Ce jour-là, sa capacité journalière est atteinte dès 9 h 10. Les grilles sont fermées, alors que le laboratoire ferme à 14 h. Par chance, des personnes arrivent encore à être acceptées ponctuellement, quand la file d’attente diminue. Pour certains patients, ce centre de dépistage est leur dernière chance de faire un test sans rendez-vous, avec une réponse sous 24 h.

C’est le cas de Steve, chef de projet informatique, qui doit absolument avoir un résultat avant lundi pour reprendre ou non le travail. « Je me suis renseigné sur d’autres centres, mais ils prennent que sur formulaire en ligne […] et la réponse se fait par mail et j’étais sans réponse depuis lundi », explique-t-il. Nadia, une auxiliaire de vie en école maternelle à Élancourt, a appelé plusieurs laboratoires, dont certains à Saint-Quentin-en-Yvelines. Aucun n’a pu la recevoir. « Il n’y avait plus de places », assure-t-elle.

C’est « un parcours du combattant », et ce sont « les rescapés », illustre, débordée au sein du centre, Aurélie Le-Marcis, chef de projet et développement chez Eurofins Bionnis. Elle ajoute : « Et on est là pour ça ».

Justement, ces Centres de dépistage et de diagnostic covid (CDDC) supplémentaires sont au nombre de 20 en région parisienne, depuis la semaine du 21 septembre. L’Agence régionale de santé Île-de-France (ARS) les a mis en place, afin de renforcer l’accès aux tests PCR. Ouverts six jours sur sept jusqu’à la fin de l’hiver, ces centres, dont celui de Trappes, accueillent, pour le moment, et ce, pendant 15 jours, uniquement les publics prioritaires âgés de plus de 6 ans, sans rendez-vous de 8 h à 14 h.

Pour accéder au centre, ces derniers doivent se prémunir d’une prescription médicale en cas de symptômes. Les personnes cas contacts, qui ont été prévenues par la CPAM ou l’ARS, peuvent également se présenter. Enfin, les professionnels de santé et ceux intervenant à domicile sont également prioritaires. Pour les autres, il faudra attendre 15 jours. Alors le centre sera ouvert au « tout-venant entre 14 h et 19 h », indique Marion Cinalli, la directrice de la délégation départementale des Yvelines à l’ARS.

Et si Trappes a été choisie pour convenir d’une ouverture d’un centre de dépistage, c’est en raison de son « taux d’incidence, de positivité, et du taux de recours aux tests PCR […]. C’est une commune où les indicateurs ne sont pas favorables et qui est centrale, facilement accessible », révèle la directrice départementale de l’ARS. Le centre de dépistage à Trappes a pour objectif de couvrir le Sud des Yvelines, alors que le CDDC à Mantes-la-Jolie couvre le Nord, énonce-t-elle.

Ce matin-là, les habitants ne viennent en effet pas que de Trappes, mais de Maurepas, Montigny-le-Bretonneux, ou encore du Mesnil-Saint-Denis. C’est le cas de Philippe. Ce père de famille est accompagné de son fils Julian, symptomatique. Cela fait plus d’une heure qu’ils font la queue. Son fils a des difficultés respiratoires, de la fièvre, des mots de tête et mal à la gorge. « J’ai appelé le Samu, raconte Philippe. C’était impossible d’avoir un rendez-vous avec un médecin. J’en ai essayé plusieurs, mais les rendez-vous étaient pleins, même si on leur dit qu’on a des suspicions Covid. […] J’ai eu le 15 qui m’a donné un SMS (en guise d’ordonnance, Ndlr), qui devrait suffire. »

En effet, les patients, suspicieux d’avoir le coronavirus, mettent parfois 15 jours avant d’obtenir un rendez-vous chez le médecin, selon Aurélie Le-Marcis. C’est pourquoi le laboratoire prévoit également une salle de consultation sans rendez-vous, en plus, avec un médecin traitant pour établir un diagnostic et délivrer des ordonnances.

Cette situation provoque parfois des crises d’impatience et d’incompréhension. « Les gens sont parfois nerveux, car c’est un parcours du combattant », relève Aurélie Le-Marcis. C’est le cas d’un homme avec ses enfants, que la sécurité refuse à l’entrée du laboratoire à Trappes. « Ça ferme à 14 h et c’est sans rendez-vous, vous êtes obligés de nous prendre », lance le père de famille furieux. Il est alors 10 h 45.

Un membre du personnel du laboratoire lui explique pourtant la limite à 150 tests par jour. Sachant qu’elle doit passer à 500 dans 15 jours, selon Marion Cinalli. Mais le père de famille ne veut rien savoir. Sa fille a une angine et elle ne peut pas retourner à l’école si elle n’a pas fait de test, selon lui. Le membre du personnel finira par prendre la famille, en ajoutant : « Nous travaillons jour et nuit, on est au bord de l’explosion. »