À Plaisir, les grandes surfaces font peur, alors les habitants se rabattent sur les marchés qu’ils fréquentent en plus grand nombre. Mais aux Merisiers à Trappes, la disparition des volants (les stands de vêtements et de fournitures) a fait fuir les habitants, qui venaient principalement pour eux. Voilà ce qui oppose ces deux marchés de Saint-Quentin-en-Yvelines,en période de confinement, qui n’ont pas les mêmes problèmes.

Ainsi, cette nouvelle quarantaine autorise les marchés à rester ouverts, à partir du moment où ils vendent des produits de première nécessité. Ce qui n’était pas le cas lors du premier confinement en mars, avril et mai, pendant lequel tout était fermé.

Cette fois-ci, la donne a changé, et dans le bon sens pour le marché de Plaisir, qui note une augmentation de la fréquentation de ses étalages. « On a plus de monde depuis le confinement. Les gens vont moins dans les grandes surfaces », observe Christelle, gérante de son stand de fruits et de légumes, le mardi 10 novembre au matin.

Les clients se sentiraient plus rassurés au marché que dans les supermarchés où les distanciations seraient moins respectées, selon Stéphane, à la tête du camion boucher à l’entrée du marché couvert de Plaisir. « On a une clientèle plus âgée qui respecte », indique-t-il. Christian, un habitué, confirme : « Je me sens plus en sécurité qu’en grande surface. »

Le brassage est en effet contrôlé à l’entrée de la structure. Les jours où il y a le plus de monde, comme le vendredi et le samedi matin, le placeur filtre les entrées. « On fait rentrer une centaine de personnes », précise Christelle, du stand de fruits et légumes.

Le marché de Plaisir connaît aussi une nouvelle clientèle, qui avait déjà commencé à venir avant le confinement. « C’est tous les nouveaux arrivants qui viennent au marché », en déduit le boucher Stéphane. Il y a aussi ceux qui souhaitent soutenir les petits commerçants. C’est le cas de Valérie, qui a également remarqué une augmentation de la fréquentation : « Je viens toujours deux fois par semaine. […] Si personne ne vient, ils ne vont pas tenir. »

Et justement, le marché se porte bien. « Financièrement, c’est mieux qu’avant. Ça fait deux week-ends qu’on travaillent très bien », affirme Denis, un employé du boucher charcutier.

Mais on ne peut pas en dire autant pour le marché des Merisiers à Trappes. Le vendredi 13 novembre au matin, les volants n’occupent plus le parking comme auparavant. Fini les stands de vêtements, de nécessaire de cuisine, de beauté ou encore d’hygiène. Le bitume est vide et il faut aller à l’intérieur du marché couvert pour retrouver les stands alimentaires.

Ces derniers seraient moins fréquentés qu’auparavant. « À part le samedi, sinon il y a personne. On travaille avec les volants d’habitude. Mais ils ne sont plus là. Avant, les gens achetaient à l’extérieur et après ils rentraient à l’intérieur », explique un des bouchers-charcutiers du marché couvert. « S’il n’y a pas de vêtements, il n’y a pas de marché », résume-t-il.

C’est le cas d’Estelle, elle est uniquement venue ce vendredi pour retrouver les stands de vêtements. Ces derniers n’étant pas là, elle ne reviendra pas. En effet, ces volants en extérieur participaient à la vie du marché et à son dynamisme. « Avant, c’était une balade, illustre Aziza. Maintenant, je ne viens que pour l’essentiel. Je fais vite, puis je pars. »

En plus, l’acte de faire l’attestation en découragerait certains ou serait trop compliqué pour d’autres, selon d’autres exposants. L’employée de la boulangerie S. Soua explique : « Comme c’est obligatoire de faire une attestation, ceux qui sortent du travail, ils ont la flemme de venir ensuite au marché, car il faut faire une attestation. » En revanche, Mohammed, du stand des légumes et des herbes, fait une autre hypothèse. Selon lui, à Trappes, la population vieillissante et d’origine étrangère aurait des difficultés à faire les attestations de déplacement.