Les Saint-Quentinois ont été plusieurs milliers à se réunir afin de rendre hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Le 21 octobre, chacune des 12 communes de Saint-Quentin-en-Yvelines a organisé un rassemblement en sa mémoire. Que ce soit devant des mairies, devant des collèges ou dans des marches blanches, plusieurs centaines d’habitants ont à chaque fois répondu présents, tous ayant une pensée émue pour la famille.

« Aujourd’hui, nous nous associons à l’hommage national qui sera rendu à ce professeur ce soir à la Sorbonne, a déclaré François Morton, maire DVG de Guyancourt, pendant l’hommage qui s’est déroulé devant la mairie. Nous nous associons à tous nos concitoyens pour assurer à la famille de Samuel Paty que nous sommes à ses côtés. Car en l’attaquant, le terroriste a tué un homme, mais il a aussi frappé notre République entière. »

« Nous nous associons à tous nos concitoyens pour assurer à la famille de Samuel Paty que nous sommes à ses côtés », a déclaré le maire de Guyancourt dans son dicours.

Tous les discours d’élus auxquels La Gazette a assisté portaient ainsi un appel à l’unité. « Je tiens à insister sur le fait que l’unité nationale est de rigueur, l’unité de tous nos concitoyens face à ces épreuves, rien ne doit nous diviser, rien ne doit nous opposer, rien ne doit nous séparer », a par exemple insisté Philippe Guiguen (DVD), le maire des Clayes-sous-Bois, en conclusion de son allocution, après une marche blanche partie des deux collèges de la ville pour rejoindre la mairie.

Son homologue de La Verrière, Nicolas Dainville (LR), a entamé son discours par un message similaire, lors de l’hommage commun organisé avec le Mesnil-Saint-Denis devant le collège intercommunal Philippe de Champaigne. « Il s’appelait Samuel Paty et son nom résonne dans notre pays comme celui d’un martyr de la République, mort pour avoir enseigné la liberté d’expression, a déclaré Nicolas Dainville. Par son acte criminel infâme, ce terroriste a d’ailleurs jeté l’opprobre sur des millions de nos concitoyens qui n’aspirent qu’à vivre paisiblement leur religion au sein de notre République. […] La présence des représentants de tous nos cultes, ici même, témoigne de cette volonté commune de refuser la division qui menace et de faire front commun face aux ennemis de la France. »

Avant la minute de silence à Guyancourt, Najib, habitant de la commune, nous a expliqué qu’il ne « fallait pas rater » ce moment, « par hommage à monsieur Paty » et pour « dire qu’on est solidaire et que c’est un problème qu’il faut régler ensemble » : « Il faut que ça s’arrête un jour. » Confiant sa « sidération » lorsque les médias ont expliqué le déroulement du crime et précisant être de confession musulmane, Najib ne cache pas sa colère contre ceux qu’il qualifie de « bâtards religieux » : « Ils parlent au nom d’eux-mêmes, ils ne parlent pas en notre nom ! »

Aux Clayes-sous-Bois, plusieurs centaines d’habitants ont participé à la marche blanche partie des deux collèges de la commune pour rejoindre la mairie.

Dans leur discours, les responsables politiques ont également réaffirmé leur soutien au corps enseignant, plusieurs qualifiant Samuel Paty de « hussard noir de la République ». « Honneur à ceux qui ont choisi ce beau métier, ce dur métier, d’élever les consciences et forger les futurs citoyens », a ainsi déclaré le maire de Trappes, Ali Rabeh (Génération.s). Les enseignants étaient d’ailleurs logiquement nombreux aux hommages. Au Mesnil-Saint-Denis par exemple, derrière les élus, un groupe de professeurs tenait une large pancarte en carton sur laquelle était inscrite une citation de Paul Éluard.

« [C’était important d’être présents] pour défendre la liberté d’expression, parce qu’on est enseignants nous-mêmes », confirme une professeure, une autre soulignant l’aspect « symbolique » de se réunir devant le collège intercommunal. « C’est une communion avec les collègues, les autres enseignants aussi, c’est important de montrer une solidarité », complète une professeure, se rappelant justement avoir donné des cours sur la laïcité le jour même du drame de Conflans-Sainte-Honorine : « C’est un hasard du calendrier, mais forcément, on s’identifie. »

Et si les professeurs attendent des directives pour savoir comment le sujet sera abordé avec les élèves, ils confirment une certaine appréhension à l’approche de la rentrée scolaire. « Ça va être un moment douloureux, comme on l’a vécu au moment de Charlie hebdo, même plus… il va falloir répondre aux questions des enfants », confie une enseignante. Cette question semble en tout cas bien présente dans l’esprit des élus.

« C’est une communion avec les collègues, les autres enseignants aussi, c’est important de montrer une solidarité », indique une enseignante, sur la participation des professeurs aux hommages.

« Je vais contacter les chefs d’établissements de la ville de Guyancourt pour me mettre, ainsi que mes collègues élus, à leur disposition, nous a par exemple indiqué François Morton après son discours. Voir s’ils ont besoin de la présence d’élus en ce jour de rentrée de novembre, même si on est en attente d’un certain nombre de consignes de l’Éducation nationale. »

Dans la foule des différents rassemblements, tous affichaient en tout cas la volonté de défendre les valeurs de la République. « C’est important pour nous d’être là, pour le respect de toutes les personnes, de la laïcité, de la liberté, du droit à la caricature ; toutes les valeurs que, depuis des années, on essaye de défendre », nous a confié un couple des Clayes-sous-Bois.

Philippe Benassaya (LR), nouvellement élu député de la 11e circonscription, est aussi allé en ce sens lors de l’hommage au Mesnil-Saint-Denis, estimant que « la liberté ne se négocie pas, elle est indissociable de notre civilisation, de notre pays ». Et d’ajouter : « Le crime de Samuel Paty est le crime de trop, le énième crime de trop. Les pouvoirs publics doivent réagir et stopper la spirale du renoncement, nous attendons donc des mesures fortes. »