Ils sont 126 salariés (sur 155) de Permaswage à avoir assigné au conseil de prud’hommes, le 16 octobre, l’équipementier aéronautique des Clayes-sous-Bois. En grève depuis trois semaines contre la possible fermeture du site et pour un allègement du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), menaçant de licencier 73 salariés, ils accusent leur entreprise d’avoir neutralisé les effets de la manifestation, selon le délégué syndical CGT Juan Chikh et David Metin, l’avocat des salariés.
« Permaswage a mis en place un planning, qu’elle a modifié, ce qui a décalé le chômage partiel », explique l’avocat spécialisé dans la défense des salariés, des représentants du personnel et des syndicats. Cette décision aurait ainsi empêché les employés de toucher leur chômage partiel pendant la grève. « C’est illégal », affirme David Metin, d’où l’assignation.
Pour autant, les salariés n’ont pas poursuivi les manifestations. « On a stoppé la grève momentanément », affirme Juan Chikh. Elle a pris fin le vendredi 9 octobre en raison de plusieurs cas positifs au Covid-19. L’entreprise a finalement fermé l’établissement le 13 octobre, à cause de neuf cas positifs détectés. Les grèves s’essoufflaient également à cause de l’absence de réponse de la part de la direction. « Trois semaines, ça faisait long. On n’a eu aucun interlocuteur. On ne sait rien sur le PSE. On est au stade zéro », regrette Juan Chikh.
Cette situation dure depuis le 22 septembre, à la suite d’une réunion de négociation entre l’intersyndicale et la direction, après qu’elle a annoncé le PSE et la possible fermeture du site, qui devrait entraîner une délocalisation dans la Drôme. Celle-ci implique une fusion avec KaliStrut Aerospace, une autre entité du groupe américain Precision Castparts Corp (PCC), dont fait partie Permaswage. Sachant que l’équipementier aéronautique des Clayes-sous-Bois est le deuxième employeur de la commune, selon le maire Philippe Guiguen, (DVD), (voir notre édition du 29 septembre).
Alors, l’intersyndicale a voulu négocier l’annulation de la délocalisation lors de cette réunion. Pendant les discussions, le directeur général aurait annoncé être prêt à reculer sur la délocalisation, en précisant qu’il n’était pas le seul décideur, nous avait raconté le délégué syndical CGT, fin septembre. Quelques semaines après, les salariés sont toujours sans nouvelles du directeur général, et des décideurs.
« On ne dit rien, car on est en train de travailler sur les détails. […] Il n’y a pas de volonté de cacher », déclare le directeur général de Permaswage, Damien de Veyrac, contacté par la rédaction. Il annonce la reprise des discussions lors d’une réunion prévue le jeudi 22 octobre, « concernant le sujet global ».
En attendant, l’assignation de Permaswage a été renvoyée au 20 novembre. L’avocat de l’entreprise aurait demandé « un délai pour préparer la défense », annonce l’avocat des salariés. Mais David Metin ne semble pas convaincu par cet argument : « Il avait largement le temps d’y répondre. »
Le renvoi devrait repousser les délibérations en décembre, alors que les salariés demandent une application immédiate de leur chômage partiel. « Le juge ne va pas demander l’application en décembre, puisqu’elle devrait s’appliquer maintenant. […] Mais le juge ne veut rien entendre », regrette-t-il. Le directeur général, quant à lui, a déclaré ne pas avoir de commentaires à faire sur l’assignation de son entreprise.