Après l’annonce de la fermeture du site Spherea à Elancourt, il y a deux semaines, c’est au tour d’un autre équipementier aéronautique Permaswage, aux Clayes-sous-Bois, d’annoncer un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et une possible fermeture de son site. Ce plan devrait entraîner le licenciement de 73 salariés sur 155 et une possible délocalisation du site dans la Drôme. Sachant que Permaswage est le deuxième employeur de la commune, selon le maire Philippe Guiguen, (DVD). Suite à ces annonces, l’intersyndicale CGT, CFDT et CFE-CGC manifeste au sein de l’entreprise, depuis le 21 septembre. Cette fermeture pourrait entraîner une crise sociale et économique.
« On est presque 100 % de grévistes sur le site », affirme Juan Chikh, délégué syndical CGT. Les manifestants désirent un PSE allégé, et une meilleure indemnité de départ que celle proposée. Ils refusent également la fermeture du site, résume le délégué syndical. « Le problème, c’est qu’on va se retrouver avec un plan de licenciement de 73 personnes, puis avec un deuxième, comprenant le reste du personnel (qui ne veut pas partir, Ndlr) courant 2021 », s’inquiète-t-il. Même si ce dernier reconnaît la baisse d’activité dans le secteur de l’aéronautique.
Airbus, leur principal client, représenterait entre 80 et 85 % de leur plan de charge, selon le maire de la commune. « Compte tenu des difficultés, le plan de charge va être réduit et Permaswage va avoir moins d’activité », observe le maire des Clayes, compréhensif sur « la nécessité de réduction des effectifs ». Mais ce dernier ne comprend pas une telle décision de délocalisation. « Je m’étonne de [cette volonté] de quitter un tel territoire, qui défend autant l’emploi », s’interroge Philippe Guiguen.
Lors d’une réunion entre les syndicats et le directeur général, le 22 septembre, l’intersyndicale a notamment voulu négocier l’annulation de la délocalisation dans la Drôme, à Saint-Vallier. Celle-ci implique une fusion avec KaliStrut Aerospace, une autre entité du groupe américain Precision Castparts Corp. (PCC), dont fait partie Permaswage. L’entreprise dans la Drôme est d’ailleurs également frappée par un PSE. 80 personnes devraient être licenciées sur 192.
Pendant les négociations, le directeur général aurait annoncé être prêt à reculer sur la délocalisation, en précisant qu’il n’était pas le seul décideur, raconte le délégué syndical CGT. Quelques jours après, alors sans nouvelles du directeur général et des décideurs, les manifestants ont décidé de poursuivre le mouvement de grève et de suspendre les négociations. La grève a ainsi été reconduite jusqu’au 2 octobre. « On pense qu’on est menés en bateau par la direction. On n’a aucune information sur rien. On se demande si notre directeur a vraiment informé les Américains », annonce Juan Chikh.
D’autant plus que cette crise sociale risque également de se transformer en crise économique. « Il n’y aura plus personne pour produire nos pièces. On met en péril la chaîne de montage », alerte le délégué syndical. Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication des raccords hydrauliques pour Airbus, ou encore Dassault. « Un domaine très pointu », selon le maire. Et « les clients ne sont même pas au courant », assure Juan Chikh.
Malgré nos nombreuses sollicitations, la direction de Permaswage n’a pas donné suite à nos demandes d’interview avant la mise sous presse de l’article.