Suite au couvre-feu annoncé le 14 octobre face à la dégradation de la situation sanitaire en Île-de-France et dans huit métropoles françaises, les conséquences étaient redoutées dans de nombreux secteurs d’activité, dont le sport, déjà à l’arrêt pendant six mois lors de la première vague. Les nouvelles restrictions concernant le domaine sportif ont été précisées samedi, jour d’entrée en vigueur des nouvelles mesures, par le ministère chargé des sports et les préfectures des départements concernés, dont les Yvelines.

Si les sportifs professionnels et sportifs de haut niveau inscrits sur listes ministérielles et leurs partenaires d’entraînement, ainsi que les juges et arbitres officiels, bénéficient d’une dérogation pour accéder aux équipements même pendant le créneau de couvre-feu, à savoir de 21 h à 6 h, pour les autres la situation est plus complexe. De nombreux athlètes et clubs yvelinois vont ainsi voir leur pratique affectée. Notamment ceux effectuant des sports d’intérieur.

Si les Yvelines étaient jusqu’ici épargnées par la fermeture des gymnases, salles de sport et piscines couvertes, qui concernaient Paris et la petite couronne, ce n’est désormais plus le cas et ces équipements ne sont plus accessibles, outre les sportifs professionnels et de haut niveau, qu’aux publics prioritaires : scolaires, mineurs dont la pratique est encadrée, étudiants Staps, personnes en formation continue ou professionnelle, personnes pratiquant sur prescription médicale, et personnes en situation de handicap.

Pour les adultes amateurs, l’accès est interdit. Avec ce que cela implique sur le déroulement des championnats. En basket par exemple, le club phare de SQY, Trappes, n’a pas pu disputer son match du week-end face à Bezons, et ne pourra plus s’entraîner. Ce qui suscite une certaine incompréhension chez le président du club, Jacques Michelet. « Nous avions déjà pris les dispositions pour faire notre match […] le dimanche (au lieu du samedi soir, Ndlr)[…] pour respecter le couvre-feu, raconte-t-il. On avait l’accord de tout le monde sauf du préfet. […] On donnait notre accord pour qu’il n’y ait pas de spectateurs. Dans un gymnase comme Mahier, dans un espace comme celui-là, 25 personnes avec l’organisation, quel risque de cluster est-ce qu’on générait ? »

Sauf que la Nationale 3, où évolue Trappes, ne fait pas partie des divisions considérées comme professionnelles et les gymnases ne sont donc pas accessibles, même pour des matchs à huis clos. « Il n’y a pas de rémunération mais des indemnités qui peuvent être versées aux joueurs, mais il y a néanmoins du sport de haut niveau, estime Jacques Michelet. Qu’est-ce qui change, du point de vue de la santé, entre une équipe ProA, et une équipe de N3, dans les conditions d’entraînement et de match ? »

Il résume à propos des restrictions : « Du point de vue de la santé, de la raison sociale, de la sécurité, et du point de vue économique, il n’y a que des aberrations. Je ne m’oppose surtout pas à la protection de la santé des gens, […] je dis simplement que les mesures prises sont contre-productives à propos de l’effet recherché. » Et, sur le plan sportif, frustrantes pour des Trappistes qui réalisaient un début de saison parfait avec quatre victoires en autant de rencontres. « Comment allons-nous pouvoir tenir nos jeunes joueurs, […] comment allons nous pérenniser notre équipe ? », s’inquiète le président, qui envisage de demander une dérogation.

Pour les sports de plein air, comme le football ou le rugby, la pratique reste autorisée à condition de se conformer aux horaires de couvre-feu, et devra donc s’effectuer en journée, sauf pour les sportifs professionnels qui disposent des mêmes dérogations que pour les disciplines d’intérieur. Dans le cadre des championnats amateurs, les matchs se déroulent très souvent l’après-midi, donc leur tenue n’est pour l’instant pas remise en cause. La question des entraînements, souvent en soirée, est en revanche plus problématique.

Illustration avec le Plaisir rugby club. « On est obligés de revoir toute notre organisation avec des séances d’entraînement qui seront avancées et donc le fait de ne pas être sûrs d’avoir tous nos joueurs, déplore l’entraîneur Sébastien Roncalli. Ça va devenir très compliqué, surtout qu’on vient d’apprendre que l’on n’avait plus le droit aux vestiaires. Autant cet été, ça ne posait pas de problème, autant là, tout faire en extérieur avec les températures qui commencent à baisser, ça va devenir très compliqué. Et au point de vue équité sportive, nous, clubs d’Île-de-France sommes impactés et pas les autres. »

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