« Finance en souffrance » peut-on lire sur une pancarte affichée sur le mur d’entrée du siège social de SKF, à Montigny-le-Bretonneux. Le 1er octobre au matin, une trentaine de salariés du service finance de cette entreprise suédoise, spécialisée dans la performance des équipements tournants, manifestent contre le projet de restructuration de SKF. Sur fond de réorganisation mondiale, un projet similaire avait déjà eu lieu pour les services communication et ressources humaines.

Cette fois-ci, 30 postes sur 35 au service finance devraient être supprimés, sur les sept sites répartis sur le territoire. Sont donc menacés les 17 postes du siège social à Montigny-le-
Bretonneux. Une partie de ces activités doit ensuite être délocalisée à Madrid, selon la direction de SKF contactée par la rédaction. « Ceci est en cours de discussion avec les partenaires sociaux (CSE le 1er octobre, Ndlr). Les négociations débutant prochainement », indique-t-elle dans un mail envoyé à la rédaction.

L’annonce officielle de ce projet remonte au 15 septembre 2020. Ce jour-là, les salariés du service finance ont été surpris par le nombre de postes menacés. « On travaillait encore sur des projets. Rien ne laissait envisager cela », indique Delphine Tacheau, représentante de la CGT et élue au CSEC du site de Montigny-le-Bretonneux. En effet, le 6 novembre 2019, ils auraient reçu une information non-officielle sur leur intranet, leur communiquant un projet de suppression de seulement quatre à six postes en finance. Ils sont désormais 30 à être menacés. « Il va peut-être être élargi », craint un des manifestants, qui préfère rester anonyme, avant de poursuivre : « Mon avenir est nullement garanti. »

L’incertitude règne sur le service finance. Les salariés français ne savent pas ce qu’ils vont devenir. « Je ne pense pas que grand monde ira en Espagne, donc ça va se finir par des licenciements. Et on ne nous a pas proposé d’aller en Espagne », pense Delphine Tacheau.

Pour le moment, on leur aurait dit qu’une passation de connaissances aura lieu entre eux et les nouveaux salariés d’Espagne. « On va former les Espagnols. On va faire une passation avec ceux qui vont récupérer notre poste en Espagne », rapporte-t-elle.

Sur ce point, la direction ne s’est pas encore clairement prononcée : « Des discussions et des négociations vont permettre à chacun des collaborateurs concernés de trouver une solution professionnelle et de bénéficier d’un accompagnement adapté, dans les meilleures conditions possibles. »

Mais les méthodes employées par la direction ne conviennent pas aux salariés qui se sentent lésés. « C’est de la maltraitance », lance Zora, une salariée âgée de 60 ans, avec 40 ans de carrière chez SKF. « On nous balance ça, comme ça, sans précisions. Cette façon d’avoir été traité. J’ai l’impression d’avoir été bafouée. L’humain n’est pas considéré », renchérit Magali, salariée en finance. Par conséquent, un DGI, Danger grave et imminent, a été lancé, pour « alerter sur la situation », annonce Delphine Tacheau.

Cette situation semble également toucher tous les salariés des autres services du siège social. Ils sont nombreux à descendre dehors ce matin-là, pour soutenir la finance, comme cette alternante en service customer grand compte : « J’ai une amie alternante en finance et ce matin, je suis arrivée, j’ai lu le tract et je suis venue soutenir. »