« On a rarement vu un étalement si fort », commente Joanne Anglade-Garnier, la conservatrice de la réserve naturelle de SQY. Il y a deux semaines la canicule a frappé l’étang de l’Île de loisirs de SQY à Trappes. Des algues, dites « filamenteuses », et déjà présentes dans le lac, se sont multipliées pour recouvrir une grande partie de l’étang, comme l’a révélé France 3 Île-de-France. Cette soudaine prolifération a provoqué une réduction des activités nautiques, et de mauvaises odeurs s’échappent des algues, en raison de leur décomposition à la surface.
Forte heureusement, cette situation exceptionnelle prend doucement fin depuis la semaine dernière. « Ça va mieux. On a quasiment retrouvé une situation normale, témoigne la conservatrice. Et on adapte l’activité nautique en fonction des conditions de navigation. »
La présence de ces algues dans l’étang n’est pas une surprise, selon Joanne Anglade-Garnier. Elles ont toujours été là. Habituellement, ces algues, poussant en forme de filament, « apparaissent à chaque printemps et dans de nombreux étangs eutrophes (un milieu aquatique riche en nutriments, Ndlr). Elles s’accrochent aux plantes aquatiques, puis se détachent et flottent en surface. Et plus la température monte, plus elles grandissent », explique la conservatrice de la réserve naturelle de SQY. C’est son exceptionnelle prolifération qui a provoqué l’étonnement.
Les fortes chaleurs y sont donc pour quelque chose. « Nous vivons une année sèche et on a eu très peu de pluie. Il y a eu des pics de chaleur plus tôt, analyse Joanne Anglade-Garnier. L’étang est monté en température. » D’où l’étalement de cette plante à la surface du lac.
Autre explication, cette algue raffole des nutriments (phosphates, nitrates…) et l’étang de l’Île de loisirs en est rempli. « Si elle se développe bien ici, c’est parce que le lac est bien chargé en nutriments », résume la conservatrice. Ce point d’eau est en effet alimenté par des eaux des exploitations agricoles, et par les eaux pluviales de la ville, des routes, et des pavillons, qui passent par la commune de SQY. Et ces eaux sont trop chargées en nutriments, détaille Joanne Anglade-Garnier.
Mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir, rassure cependant la conservatrice. Cette plante n’est pas dangereuse pour l’homme, et, pour le moment, aucun effet négatif visible n’a été observé sur la faune et la flore du lac, comme la mort de poissons. « L’année prochaine, on verra s’il y a eu un impact, assure Joanne Anglade-Garnier, qui balaye tout risque de pollution chimique. La décomposition des plantes en surnombre consomme beaucoup d’oxygène. Et si les poissons meurent c’est justement parce qu’ils n’ont pas assez d’oxygène. »
Alors que faire pour éviter cette prolifération ? « Une vigilance plus forte sur la qualité de l’eau » serait l’une des solutions, propose la conservatrice de la réserve naturelle. Sachant que l’étang de l’Île de loisirs est actuellement en qualité moyenne en termes de charge en matière organique et nutriments, selon elle. Alors « on demande une meilleure qualité agricole, moins de pollution dans les villes. […] Il faut que l’eau qui arrive soit bonne », résume-t-elle, consciente que cette demande dépasse l’Île de loisirs.
D’autres solutions à court terme pourraient néanmoins être envisagées comme le curage du lac. Mais cela nécessiterait d’importants moyens financiers et une expertise que l’Île de loisirs n’a pas, selon la conservatrice.
À la fin du confinement, deux nouvelles espèces d’oiseaux ont fait leur nid
« Le site de la réserve naturelle de SQY ne s’est jamais aussi bien porté depuis le confinement », témoigne Joanne Anglade-Garnier, la con-servatrice de la réserve naturelle de l’Île de loisirs de SQY. Celle-ci fait référence aux deux nouvelles espèces d’oiseaux, qui sont venues pour la première fois se reproduire dans la réserve au moment du confinement. Ces deux espèces sont l’aigrette garzette et le milan noir. L’installation de ce dernier est d’ailleurs inédite. Sa dernière tentative de reproduction au sein de la réserve remonterait à 1958 selon Joanne Anglade-Garnier. Il faudra finalement attendre 2020 pour qu’il se reproduise ici. « La tranquillité de l’Île de loisirs a contribué à son installation. Normalement, c’est une espèce qui passe mais ne s’arrête pas », analyse-t-elle.
Mais le confinement n’est pas le seul responsable dans cette réussite. Cela fait une dizaine d’années que le nombre d’espèces différentes d’oiseaux reproducteurs augmente dans la réserve, nuance la conservatrice. « Le respect du niveau de l’eau » ou encore « la restauration de la roselière » (zone en bord d’étang constituée notamment de roseaux, Ndlr) auraient rendu la réserve plus attractive.