L’une est famille d’accueil et a créé sa marque de vêtements, l’autre travaille chez Ikea, est impliquée dans le monde associatif et est au conseil de quartier du Valibout. Ces deux femmes, Claudine Mentz et Aïssata Ly, ont voulu se rendre utiles pendant le confinement. « Je trouvais ça bizarre de rester chez moi et de ne rien faire alors que je peux aider », raconte Aïssata Ly. Toutes les deux ont alors décidé de monter le collectif Plaisir entraide, et rapidement les demandes alimentaires et de masques ont été nombreuses, tout comme le nombre de dons.

Tout a commencé depuis le balcon de Claudine Mentz. Elle livrait ses masques très colorés en wax par un système de poulies depuis sa terrasse. « Les mamies du quartier venaient sonner chez moi en bas et je leur descendais le sac », se rappelle-t-elle, assise dans son salon, entourée par des piles de masques, car les distributions ne se sont pas arrêtées.

Avec sa casquette de cuisinière, Aïssata Ly continue, elle, de faire régulièrement des repas maison pour 70 personnes. Ils sont le plus souvent distribués à l’hôtel Formule 1 de Plaisir, transformé en hôtel social, pour loger plusieurs dizaines de familles et des sans-abris. « Ils sont sans cuisine dans l’hôtel. Il y a un micro-onde pour 70 personnes », révèle-t-elle. Aïssata Ly fait toujours dix repas en plus de sa commande initiale, pour en donner après aux plus démunis dans les quartiers. « On s’est aperçus qu’il y avait une grosse demande », confirme Claudine Mentz.

Plus de 700 repas ont été distribués et plus de 2 000 masques ont été donnés. Composé d’un noyau dur de sept personnes et d’une vingtaine de collaborateurs, Plaisir entraide a également donné des masques et des confiseries aux pompiers de la commune, aux aides-soignants, aux ambulanciers… Tous les milieux sociaux les ont sollicités. « On avait des familles déjà à la rue qui étaient des habituées, des familles en situation précaire, des retraités, illustre Claudine Mentz. On avait même des ingénieurs qui nous ont contactés pour des masques. » Le collectif a également donné des vêtements, des poussettes, des serviettes hygiéniques, des brosses à dents, un fauteuil roulant, des savons bio…

Ces distributions ont été possibles grâce aux nombreux dons. « On s’est retrouvés à gérer quelque chose qu’on n’avait jamais fait avant. Une fois, j’ai reçu un don de 200 euros, s’étonne encore Aïssata Ly. On a dû stopper aussi des dons car on n’arrivait plus à stocker. » Sachant que ceux qui recevaient donnaient aussi en retour. « On a vraiment senti ce besoin de venir en aide », affirme Claudine Mentz. Et leur mission continue. Elles ont fait une distribution de repas cuisinés à l’hôtel social de Plaisir le mardi 2 juin à 17 h 30. Leur succès est tel qu’elles envisagent de créer une association.