Si quelqu’un consulte les annales du baseball dans quelques décennies, et cherche le champion de France 2020, il pourra chercher longtemps. Coronavirus oblige, l’édition de cette année du championnat hexagonal n’existe tout simplement pas. Elle devait commencer début avril. Mais en raison de la situation épidémiologique, le report jusqu’au 1er avril déclarée par la Fédération française de baseball (FFBS) a rapidement été étendu jusqu’au 1er juin, avant qu’une annulation définitive de toutes les compétitions nationales 2020, et donc du championnat, ne soit décrétée en bureau fédéral le 5 mai (le Challenge de France était lui déjà annulé depuis le 15 mars, Ndlr).

Du côté de certains clubs, il semble que l’on se soit plié à cette décision sans vraiment avoir le choix. C’est notamment le cas chez les Cougars de Montigny-le-Bretonneux, qui s’apprêtaient à disputer leur 11e saison parmi l’élite. « Dans un premier temps, on nous annonce un report, rappelle Franck Le Carpentier, président des vice-champions de France 2018. Vu que l’on a des joueurs que l’on fait venir de l’étranger, ça a été un peu compliqué de pouvoir déléguer les arrivées sans certitude qu’il y ait un championnat. [D’habitude], on accélère les entraînements à partir de la 2e quinzaine de février pour arriver à plein régime à la 2e quinzaine de mars […]. Là, on a interrompu notre activité tout début mars […]. Les joueurs ne l’ont pas bien vécu. »

Il juge que l’annulation « est assez logique dans les circonstances mais ne nous arrange pas ». Et évoque la situation de ses joueurs « qui vont perdre complètement une saison », mais aussi le cas des autres principaux championnats européens, qui ont repris ou vont bientôt reprendre, même si les coupes d’Europe sont, elles, annulées. « Et vu que l’on est toujours en concurrence pour les joueurs, ça risque de devenir compliqué », concède le président.

Les Cougars ont aussi perdu gros économiquement. « Entre les manques à gagner merchandising, sponsors, toutes les buvettes qui n’ont pas eu lieu, les soirées ou les repas, on est à 35 000 euros de manque à gagner, déplore Franck Le Carpentier. On est en panne de fonds propres, car, certes les licences ont été payées, mais on a toute une activité merchandising qui est à l’arrêt […] Et au niveau partenariats privés, on a perdu tous nos partenaires. »  

Et les dispositifs d’aide pour surmonter ces difficultés sont très peu nombreux, selon lui : « Les seules annonces, c’est le mouvement ‘‘Soutiens ton club’’ lancé par le CNOSF, qui est une campagne de dons à l’attention des particuliers […]. Les seules garanties que l’on a eues, au niveau de la Région, de l’Agglomération, du Département et de la mairie, c’est de faire comme si la saison avait eu lieu, c’est-à-dire qu’en termes de subventions, ils auraient pu nous réclamer l’argent puisque finalement, on n’a pas fait de saison, mais ils ne le feront pas. S’ils l’avaient fait, on mettait la clé sous la porte. »

Le président confie d’ailleurs que dans un tel contexte, « certains petits clubs de D1 pourraient […] péricliter ». Et Montigny ? « On n’est pas en danger, assure Franck Le Carpentier. Mais on a méchamment mangé sur nos fonds propres. » Le club a d’ailleurs lancé un appel aux dons en ligne. « Si j’arrive à grappiller 2 000 ou 3 000 euros sur du don, plus des demandes d’aide exceptionnelle [aux collectivités] qui viennent de partir, on va arriver à restaurer nos fonds propres », glisse le président.

Les Cougars entendent bien affronter cette période délicate financièrement et, sur le plan sportif, reprendre au plus vite leur activité. Sur sa page Facebook, le club annonce avoir obtenu de la mairie un retour aux terrains d’entraînement à partir de cette semaine. Des entraînements très restreints et conformes à la phase 2 du protocole de la FFBS. « Le protocole exige que vous arriviez au stade avec un masque, du côté entrée gymnase, fait savoir le club à ses adhérents. Vous devez disposer d’une solution pour nettoyer vos mains en arrivant. Toute personne ne se pliant pas au protocole se verra refuser l’accès au terrain. »

« Ce n’est pas vraiment du baseball […] mais de la remise en forme, donc des parcours d’agilité, de la frappe mais où tout le monde porte des gants, en plus des gants que l’on portait habituellement », résume Franck Le Carpentier, qui aimerait aussi disputer des matchs amicaux « en septembre ou octobre ». Pour le championnat en revanche, il faudra attendre le printemps 2021.

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