Depuis le déconfinement, les marchés reprennent progressivement leurs droits. Après deux mois d’arrêt en raison de la pandémie de Covid-19, de nombreuses communes ont obtenu le feu vert de la préfecture pour permettre à leurs commerçants de réinstaller leurs étals et au public de venir faire ses emplettes, dans des conditions sanitaires strictes.

À Maurepas, par exemple, le marché a rouvert le 13 mai pour les commerçants de bouche, sous le chapiteau de la place Riboud, en centre-ville. Avec trois impératifs à respecter : « un petit nombre de personnes […] admis à la fois sous le chapiteau », « file d’attente extérieure […], avec notamment la distance minimale de un mètre à respecter entre chaque client », « les ‘‘gestes barrières’’, le port d’un masque, la désinfection des mains […] obligatoires », et « gel hydroalcoolique […] fourni à l’entrée », indique la commune.

Une reprise pour le plus grand soulagement des commerçants. « surtout que financièrement il n’y a plus rien, la trésorerie il n’y en a plus, et puis ça fait du bien de sortir », confie Samantha Gourgon, rencontrée le 20 mai au stand L’Amie de pain sur le marché de Maurepas, qu’elle tient avec son père. « Petit à petit, on recommence la vie active », se félicite Mohamed, vendeur de pain et de pâtisseries françaises et orientales au marché des Merisiers, à Trappes. Ce dernier a repris le 27 mai pour l’alimentaire, avec notamment le port du masque obligatoire et entrée et sortie distinctes.

Les marchands avaient donc hâte. Il faut dire que les caisses sont vides, ou du moins sonnent creux. « Pendant deux mois, on n’a pas travaillé », souligne Mohamed. À L’Amie de pain, Samantha Gourgon a, elle, livré ses produits pendant une partie du confinement, et continue à le faire, « mais ce n’est pas ça qui renfloue les caisses », déplore-t-elle. Son père et employé de sa société ajoutant que les livraisons se chiffrent au maximum à « 30 % du chiffre d’affaires ». « On a fait des livraisons, mais on ne faisait pas les mêmes prix que dans les marchés, c’est mieux les marchés », indique Nabila Bernard, vendeuse de volailles sur le marché de Maurepas, dont les pertes dépassent les 40 % du chiffre d’affaires.

Les aides (chômage partiel, 1 500 euros versés par l’État dans le cadre du fonds de solidarité…), ne peuvent non plus suffire à compenser ces pertes. La reprise d’activité reste donc le meilleur remède à ces maux économiques, et les précautions sanitaires prises semblent permettre de prendre le pas sur l’appréhension du virus. « On applique les gestes barrières à fond, on a des masques, des gants, et du gel hydroalcoolique », assure Samantha Gourgon, qui a également protégé son stand grâce à un film plastique.

« Au début, c’était difficile de trouver [des équipements de protection], mais là, c’est accessible à tout le monde, on en trouve partout, complète Mohamed. On travaille avec des masques, des gants, du gel hydroalcoolique, on essaie d’emballer plus les produits. »

De quoi inciter les clients à venir malgré le contexte épidémique ? Les avis sont partagés. « Le premier mercredi (le 13 mai, Ndlr), c’était très bien, mais comme c’était la réouverture, les gens voulaient un peu voir ce qu’il en était, constate Samantha Gourgon. Samedi (le 16 mai, Ndlr), c’était un mini-samedi, mais ça dépend, j’ai des collègues qui ont cartonné. » Mais dans l’ensemble, selon la marchande maurepasienne, « ce n’est plus du tout les mêmes chiffres qu’avant » en termes de fréquentation : « il n’y a pas plus de trois ou quatre clients au stand, il n’y a pas de stress, de speed ».

« C’est calme, ce n’est pas comme d’habitude, mais peut-être que ça viendra avec le temps », abonde Nabila Bernard. Une reprise en douceur donc, un constat, semble-t-il, partagé sur le marché de Trappes. « J’ai eu une trentaine de clients, faisait savoir Mohamed, moins d’une heure avant la clôture de la journée de reprise. En temps normal, j’en ai une cinquantaine. Mais c’était le premier jour, petit à petit ça va venir. »

Certains ont malgré tout arpenté les allées, parfois même sans crainte. « Je travaille dans le médical, et pour moi, c’est un virus comme les autres, c’est parce qu’on ne le connaît pas que l’on a réagi comme ça », estime Cloé, une Trappiste habitant juste à côté. D’autres sont partagés entre satisfaction de voir les règles globalement respectées et incertitude pour la suite. « Je ne sais pas si les gens savaient encore que ça avait rouvert, il faudra voir quand il y aura plus de monde », se demande Hafida.