Si les lieux de culte sont en mesure de respecter les règles sanitaires qui leur sont imposées, elles pourront rouvrir. Ce sont les directives qu’ont reçues l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, curé de la paroisse catholique de Montigny-Voisins ou encore Mourad Dali, président du Cam78, le Collectif des associations musulmanes de Saint-Quentin-en-Yvelines et ses environs.

C’est ainsi que les trois églises de la paroisse Montigny-Voisins, à savoir l’église Saint-Martin, Saint Pierre du Lac et Notre-Dame, ont pu reprendre leurs offices les 23 et 24 mai. Sachant que les églises n’ont jamais vraiment fermé, mais les cérémonies n’avaient plus lieu. La mosquée de La Verrière a, quant à elle, rouvert le 29 mai, pour la troisième prière quotidienne. Pour la mosquée de Trappes, il a fallu attendre le 30 mai. En revanche, les synagogues de Saint-Quentin-en-Yvelines n’ont toujours pas voulu rouvrir. Selon le rabbin de Montigny-le-Bretonneux, Mendel Nisenbaum, elles attendent le rapport du groupe scientifique d’ici le 10 juin.

Ces décisions font suite aux annonces du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sur les modalités d’une reprise des cérémonies religieuses dans le respect des règles sanitaires, publiées dans un communiqué le vendredi 22 mai, avant la publication du décret au Journal officiel le lendemain.

« C’était un beau week-end de retrouvailles, se réjouit l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, suite à son week-end de reprise. Ça ne s’est jamais vu, une interruption de deux mois et demi. » Ce dernier a repris les offices le lendemain de l’annonce du ministre de l’intérieur. « On avait anticipé les choses et la logistique », reconnaît-il. Ainsi, les trois églises de Montigny-le-Bretonneux disposent d’un nombre de places limité, afin de respecter la règle de 4 m² par personne. L’église Saint-Martin ne peut donc pas accueillir plus de 50 fidèles au lieu de 180 auparavant. « On a divisé par trois, voire par quatre », explique l’abbé.

Les entrées se font également sur inscription en ligne afin de pouvoir répartir les Saint-Quentinois dans les différentes messes. « Tous les fidèles ne peuvent pas venir », révèle-t-il, bien qu’ils aient multiplié les messes. « Il y a 500 places pour 1 200 paroissiens », justifie-t-il.

Les mosquées de Saint-Quentin-en-Yvelines ont également dû trouver des solutions pour gérer le flux de personnes. La prière du vendredi étant la plus fréquentée, elle sera célébrée de nouveau à partir du 5 juin à la mosquée de Trappes. D’ailleurs, le centre islamique culturel et éducatif de Trappes SQY a informé sur sa page Facebook le 28 mai : « un nombre de places limité à 1 000 fidèles conformément aux préconisations sanitaires. » Sachant que le parking devrait être réservé à la célébration. Les voitures seront donc interdites. En attendant, la mosquée de La Verrière a rouvert pour toutes ses prières, hormis pour celle du vendredi, « où une nouvelle date de célébration n’est pas encore définie », annonce Mourad Dali, le président du Cam78.

Les restrictions se poursuivent ensuite à l’intérieur des lieux de culte. Pour ceux qui peuvent venir dans l’une des églises catholiques de Montigny-le-Bretonneux, le masque est obligatoire. Une équipe de bénévoles d’une trentaine de personnes s’assure en plus de la bonne utilisation du gel hydroalcoolique, avant l’entrée dans l’établissement. Les volontaires aident aussi au déplacement dans le lieu de culte, pour que la distanciation soit respectée. Les bancs sont désinfectés à la fin de chaque journée.

Les mêmes modalités sont appliquées dans les mosquées. En plus chaque fidèle doit apporter son tapis de prière personnel, peut-on lire dans un communiqué du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines (Cimy).

Mais ces règles sanitaires ne sont pas sans effets. Bien que l’abbé Pierre-Hervé Grosjean ait ressenti une « vraie joie » pendant les offices du week-end dernier, il a aussi perçu une ambiance lourde. « C’était à la fois pesant, car on portait tous le masque. Tout le monde était séparé d’un mètre des autres, même les enfants », décrit-il.

Cette atmosphère serait révélatrice d’une profonde envie d’exemplarité de la part des fidèles, selon lui. « Il s’agit de montrer qu’on est capables, avec un vrai souci du bien commun. […] On veut montrer que ce n’est pas plus risqué que d’autres activités qui ont repris », affirme l’abbé de Montigny-le-Bretonneux, en évoquant les transports en commun notamment. « Certains pensaient que le culte ne pouvait pas être professionnel. Mais si, on a une exigence très professionnelle », revendique-t-il.

Les mariages, les baptêmes, les communions, vont donc pouvoir reprendre. Et si les fidèles sont trop fragiles pour se rendre aux offices, c’est l’église qui viendra à eux. « On a proposé de venir leur apporter la communion », conclut-il.

Or, toutes les églises et mosquées de SQY n’ont pas rouvert, en raison de leur capacité à appliquer les règles sanitaires. « On n’a pas tous les mêmes moyens humains », explique l’abbé Pierre-Hervé Grosjean. Il en est de même du côté des mosquées. « C’est impossible que toutes les mosquées ouvrent le même jour dans les Yvelines, car chacune a ses particularités. Chacune a une configuration particulière, informe Mehdi Berka, secrétaire général du Cimy et président du Conseil régional du Culte Musulman (CRCM) Île-de-France Ouest. En revanche, on demande aux mosquées dans le même territoire de se concerter et d’ouvrir avec les mêmes conditions en même temps. »

En revanche, pour des raisons à priori différentes, les synagogues de SQY ont refusé de rouvrir. « On a préféré attendre les résultats du déconfinemenent à la mi-juin, pour être sûrs qu’il n’y ait pas de seconde vague », révèle le rabbin de Montigny-le-Bretonneux, Mendel Nisenbaum. Pour autant, cela ne les a pas empêchés de commencer à réaménager les lieux, d’envisager la mise en place d’une inscription en ligne et de multiplier les offices.