Le plus ambitieux projet de l’histoire du groupe. » La Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) annonce la couleur. Le nouvel institut MGEN de La Verrière, dont une bonne partie est déjà en service, est une réalisation colossale, dont les premières réflexions remontent à 2010. Planifié quatre ans plus tard, le chantier a lui débuté en 2016 et s’étend sur une surface de 35 000 m² de bâtiments, avenue de Montfort, près du château, dans un espace situé entre ville et campagne. Le site doit regrouper les activités de santé mentale, dont les bâtiments ont été livrés en début d’année, et celles de gériatrie. Ces dernières, actuellement installées au centre Denis Forestier près de la gare, déménageront début 2020, après livraison en fin d’année des deux édifices, l’un dédié au pôle Ehpad, l’autre au pôle médecine/Soins de suite et de réadaptation (SSR).

Au total, le site se décomposera en quatre pôles : psychiatrie adulte (accueillant des patients de 18 ans et plus), psychiatrie et psychopathologie de l’adolescent et du jeune adulte (pour des personnes de 13 à 25 ans), ainsi donc que les pôles médecine/SSR (comprenant la gériatrie, les soins palliatifs et l’addictologie) et l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Au total, environ 530 professionnels travaillent actuellement sur le site qui disposera d’une capacité de 485 lits. Pour rappel, la capacité cumulée des différents pôles s’élevait à 406 lits en 2014.

La partie dédiée à la santé mentale est, elle, déjà achevée, reste seulement à végétaliser certains secteurs. Elle est implantée sur le site de l’institut Marcel Rivière, fondé en 1959 et qui accueillait déjà le même type d’activités, mais dans des bâtiments vétustes, démolis et remplacés par deux pavillons livrés en début d’année.

Les différentes unités disposent d’outils à la pointe de la technologie, ce qu’il a été possible de constater lors d’une visite de chantier ouverte à la presse le 21 mai. Particulièrement en santé mentale, où des systèmes de vidéoprotection sont présents au niveaux de postes de soins, permettant ainsi de prévenir des « deux risques majeurs en psychiatrie : le risque suicidaire pour le patient et le risque d’avoir une agression pour le professionnel », d’après le docteur Fabien Juan, directeur de l’établissement.

La partie gériatrie, constitué d’un bâtiment SSR (Soins de suite et de réadaptation) et d’un Ehpad (photo) ne sera opérationnelle que début 2020.

Les patients bénéficient également d’aménagements permettant d’améliorer leur confort et leur détente. Toutes les unités sont ainsi dotées de terrasses, entourées de protections vitrées et de grilles pour éviter tout drame. Des tables de ping-pong devraient bientôt y être installées, tandis que des baby-foot ont déjà investi les salles d’activités de certains services.

Les chambres, elles, s’ouvrent grâce à des cartes magnétiques, chacune différente afin d’éviter les intrusions d’un patient dans la chambre d’un autre. Dans un souci d’équilibre entre sécurité et libertés, les fenêtres ne disposent que de petites ouvertures, en raisons des tendances suicidaires d’un certain nombre d’internés, notamment en post-urgence. Le site comprend également une unité de réintégration scolaire pour les 12-15 ans et les 16-25 ans.

D’une manière générale, « tous les troubles de la psychiatrie » sont accueillis dans les services, d’après le docteur Virgile Delemotte, cadre supérieur de pôle : troubles névrosés, addictologie, troubles psychiatriques aigus, troubles psychotiques, schizophrénie. « En février, on va aussi ouvrir un service réhabilitation psycho-sociale », annonce le médecin, précisant que celui-ci sera surtout destiné aux « patients qui mettent à l’épreuve différents projets de sortie et échouent » et qui sont « souvent difficiles à prendre en charge » dans les hôpitaux.

Dernière caractéristique et non des moindres concernant la santé mentale : les patients ne sont pas identifiables à leur tenue. « Tous les patients sont habillés en civil, fait remarquer Fabien Juan. Dans beaucoup d’établissements, quand la personne est hospitalisée en psychiatrie, ils se retrouvent en unité fermée et dans un premier temps en pyjama, ce qui n’est pas le cas chez nous. C’est dans l’idée d’un projet de soins personnalisé et pas d’un fonctionnement systématique qui va à l’encontre des libertés et du respect des personnes. »

Le second volet de ce vaste chantier, la partie gériatrie, ne sera opérationnel que début 2020, les bâtiments étant encore en construction. « Tout ce qui est gros œuvre est achevé, indique Julien Lidouren, responsable des projets immobiliers au sein du groupe MGEN. Il reste encore les finitions, les aménagements intérieurs des bâtiments sont encore à réaliser : les peintures, la pose des menuiseries intérieures, …. »

Après la livraison prévue fin 2019, il faudra compter le temps de déménager les résidents et les personnels du centre Denis Forestier, situé à une quinzaine de minutes à pied, ainsi que les différents outils de médecine présents sur le futur ex-site.

« [Pour] la santé mentale, les unités étaient sur le site, on a déplacé environ 130 patients, qui pouvaient se déplacer physiquement, souligne Fabien Juan. Demain, on doit déplacer 116 résidents, 49 personnes sur soins de suite réadaptation aux personnes âgées, une unité de médecine et une unité de soins palliatifs, donc ça pose des questions organisationnelles bien plus importantes, et des questions éthiques, que ça ne vienne pas perturber la prise en charge des personnes venant du site de Denis Forestier vers le nouveau site. »

« Il y a énormément de logistique, un nettoyage médical à prévoir, l’installation de l’informatique, des télés, des meubles un peu spéciaux dédiés à notre activité », ajoute Julien Lidouren. Sur le plan architectural, il fait savoir que les bâtiments du pôle gériatrie sont « en béton armé » et que, pour l’accueil de personnes âgées, a été fait le choix d’ « une assise assez importante avec un revêtement d’aspect pierre ».

En psychiatrie, les chambres s’ouvrent grâce à un système de cartes et leurs fenêtres ne disposent que de petites ouvertures, en raison du risque suicidaire présent chez certains patients.

À l’inverse, sur les structures de la santé mentale, ont été privilégiés « des matériaux bois, avec le marquage des nervures, de la vie, qui prend et s’intègre dans le site boisé », détaille-t-il. La hauteur des constructions sur l’ensemble de l’institut va « du simple rez-de chaussée à R+4 », expose-t-il également, avançant l’ « aspect très horizontal » du projet.

Également en travaux, un plateau technique et de rééducation verra ensuite le jour sous l’Ehpad et le bâtiment de SSR. « Il accueillera l’ensemble des patients avec des équipements tels que la balnéothérapie, une grande salle de sport et des salles de consultations diverses », développe Julien Lidouren. À cela s’ajoute un restaurant avec terrasse, au centre du site, où le personnel et les patients prendront leur repas ensemble, ainsi qu’un amphithéâtre extérieur. « L’ensemble des aménagements seront terminés en fin d’année prochaine », fait savoir le responsable des projets immobiliers.

Le chantier, porté par l’entreprise de BTP Spie Batignolles et l’agence d’architecture Aia, a réuni environ 300 ouvriers, « qui commencent aujourd’hui à baisser en termes d’effectifs, car on passe sur des corps d’état architecturaux », selon Julien Lidouren. Le projet est certifié Haute qualité environnementale (HQE), ce qui s’oppose aux anciens bâtiments de santé mentale qui étaient « une vraie passoire énergétique », selon les termes de Stéphanie Roger, membre du bureau national de la MGEN en charge des établissements.

Le coût global du projet s’élève à 100 millions d’euros dont 10 millions investis par la MGEN sur ses fonds propres et 10 millions par le Fonds national de solidarité et d’action mutualistes. Le reste sera financé « par un emprunt qui sera remboursé par l’activité de l’établissement », évoque Stéphanie Roger. Elle affirme que ce projet s’inscrit pleinement dans la politique de la MGEN, qui espère, « contribuer à la réduction des inégalités territoriales et financières dans l’accès aux soins, proposer des soins de qualité à tous », rappelant qu’« il n’y a pas de dépassement d’honoraires chez nous ».

« C’est une réponse de grande proximité pour la gériatrie, un peu plus large pour la santé mentale, abonde le docteur Juan. 80% des patients qui sont pris en charge sur l’établissement ne sont pas mutualistes MGEN et 100% viennent d’Île-de-France. » Il assure que ce projet « a été construit tout au long en partenariat avec l’ARS (Agence régionale de santé, Ndlr) ».

Dans son dossier de presse, la mutuelle insiste également sur l’importance « de proposer une prise en charge tout au long de la vie : de l’adolescent à la personne âgée pour la population des Yvelines et d’Île-de-France ». Et Stépanie Roger de résumer : « Ce n’est pas juste un projet immobilier ou médical, c’est un peu tout en même temps, c’est aussi un projet sociétal. »