« On a dû palier une pénurie de protection criante », lance Guillaume Marcq, ingénieur en informatique et bénévole au sein de l’association Hatlab, qui regroupe les fablab du Sud des Yvelines. Avec sept autres Yvelinois, ils ont lancé un réseau de 230 volontaires, qui confectionnent des équipements de protection contre le coronavirus.
Appelé les Makers – à l’origine un mouvement international – ils sont venus en aide en urgence au personnel soignant, aux personnes fragiles ou encore aux commerçants, en leur fournissant des visières en plastique, des masques, des blouses, des sur-blouses, des charlottes ou encore des gants. « On a eu des Ehpad qui nous ont appelés à l’aide, car ils n’étaient pas équipés. Ils n’avaient ni masques ni blouses et ils avaient des patients qui avaient le Covid », déclare l’ingénieur en informatique. C’est à l’aide d’imprimantes 3D ou de machines à coudre, qu’ils ont commencé à produire.
Au total, 16 000 visières ont été conçues et délivrées pendant le confinement, selon Guillaume Marcq, qui reconnaît une situation d’urgence compliquée à gérer. « Les hôpitaux nous ont appelés à l’aide », raconte-t-il. Les volontaires ont alors répondu à l’appel en accomplissant 200 missions depuis le début du confinement. « à part les sous-vêtements, on a tout produit », ironise l’ingénieur en informatique. Pour ce faire, ils ont créé une page Facebook, intitulée « Makers contre le Covid-78 » afin de se faire connaître, de proposer leurs services et d’organiser la logistique.
Mais la collecte des matières premières a rapidement posé problème en raison de son épuisement sur le marché. « Ça a été compliqué de se fournir en élastiques et en plastique, raconte Guillaume Marcq. Maintenant ce sont les merceries qui sont dévalisées. On a du mal à trouver du fil et des aiguilles. » De plus, les dons de matières premières ont semblé ne pas toujours être suffisants. « J’ai utilisé les trois quarts de mon stock personnel et j’ai racheté du plastique pour une centaine d’euros », explique le bénévole.
Une fois la matière première collectée et l’équipement produit, il a fallu les adapter après qu’ils avaient été testés par les utilisateurs. « Le retour de terrain a rendu la tâche difficile, confie Guillaume Marcq. Les visières étaient d’abord trop grandes. Il a fallu les adapter aux gestes métier. » Ils ont alors remplacé l’élastique par un fermoir, le premier étant trop difficile à désinfecter ou trop serré pour les soignants. « Mais tout est mieux que rien », relativise-t-il.
Sachant que la plupart des membres du réseau avaient une activité professionnelle à côté. « Il fallait aller vite et pour les nerfs, c’est fatigant, témoigne Guillaume Marcq, qui était en télétravail pendant le confinement. Je me levais la nuit pour lancer les imprimantes. Il fallait qu’on produise car ils n’avaient rien. » En effet, selon lui, les hôpitaux auraient fait des commandes qu’ils n’auraient jamais reçues ou ils auraient reçu du matériel périmé.
Les Makers ont pu produire entre 5 000 et 6 000 masques, et entre 2 000 et 3 000 blouses dans les Yvelines. Par exemple, ont pu en bénéficier un
Ehpad de Montigny-le-Bretonneux, ou encore l’hôpital de Plaisir.
Mais en cette période de déconfinement, ils ont placé la priorité sur les libéraux et les cabinets médicaux en prévision de leur reprise. D’ici le 11 mai, ils ont déjà pris plus de 2 000 demandes. « On craint que les gens ne se réveillent à la dernière minute et veuillent des protections. On continue tant qu’on peut. Mais on sait qu’on aura moins de volontaires, s’inquiète Guillaume Marcq. Espérons que l’État et les industriels prennent le relais. »
CREDIT PHOTO : Guillaume Marcq