Attendu par la municipalité depuis plus de 20 ans, le projet d’enfouissement partiel de la nationale 10 ne fait pas que des convaincus. Des riverains de la rue Danielle Casanova, dont les habitations sont à proximité directe du futur rond-point qui verra le jour au croisement de la RD23 et de la RN10, craignent justement que ce giratoire – comme celui qui sera construit au niveau de la RD912 – aggrave les conditions de circulation et entraîne donc une augmentation du bruit et de la pollution. Le maire de Trappes, Guy Malandain (DVG) se montre quant à lui catégorique : le projet sera « une vraie amélioration pour la ville et ne nuira à aucun riverain, au contraire ».

C’est à l’approche des élections municipales que les riverains de la rue Casanova ont souhaité alerter la presse. Mais aussi parce que le recours déposé il y a deux ans par l’Association de défense et représentation des intérêts des Trappistes (Adrit) contre la déclaration d’utilité publique du projet passera devant le tribunal administratif le 13 mars. Les deux ronds-points de trois voies à feux qui seront construits sont leur principale inquiétude.

« Nous, notre intérêt est que les Trappistes sachent qu’on va droit dans le mur. Pourquoi les voitures passent par ces deux ronds-points avec feux, et pas sous les ronds-points ? (une voie en souterrain sous chaque rond-point permettra de rejoindre la RN10 en direction de Paris depuis les départementales, Ndlr) », questionne Mohamed Kamli, président de l’Adrit mais également présent sur la liste « Engagement Trappes citoyens » aux municipales, arguant que ces ronds-points ont été « pointés du doigt » pendant l’enquête publique. Avec deux autres riveraines dont les habitations seront limitrophes du futur rond-point au niveau de l’Hippopotamus, ils estiment que ces deux giratoires à feux vont encore plus ralentir la circulation.

« Toute la circulation de Rambouillet et Paris, qui va aller en croissant, passera sur ces ronds-points dotés de huit feux… la circulation manquera de fluidité, maintient Mohamed Kamli, mobilisé depuis plus de dix ans avec l’Adrit, estimant que tous les usagers de la RN10 seront touchés. Le freinage et l’accélération vont rajouter du bruit et de la pollution. » Et d’ajouter, déterminé : « Le projet tel qu’il est n’est pas viable. » Ce que conteste sans hésiter le maire de Trappes.

« La circulation sera rendue plus fluide, par l’aménagement des ronds-points, qu’[avec] les feux tricolores aujourd’hui » installés sur chacun des deux carrefours et qui ralentissent déjà les automobilistes, insiste Guy Malandain : « Ils ont été calculés pour. » Concernant un passage de la nationale 10 sous les deux ronds-points, l’édile concède que la Ville ne l’a pas obtenu. « On est arrivés à un projet, dans les possibilités, qui est une vraie amélioration pour la ville. Et en ce qui concerne les riverains, ils seront bien plus protégés qu’aujourd’hui », insiste Guy Malandain.

Notamment, d’après ce dernier, les habitants de la rue Casanova, qui seront séparés du futur rond-point par un mur anti-bruit de 310 mètres de long pour 2 mètres de haut, dont les travaux ont récemment commencé. Un mur qui ne rassure cependant pas les riverains. « Le rond-point sera à 8 mètres de chez nous… Un mur de 2 mètres de haut n’a pas la qualité d’un mur antibruit, c’est minimum 2,5 mètres et qu’il soit au plus proche de la source du bruit », tranche une riveraine de la rue Casanova, Mme Moreno, aujourd’hui déjà très affectée par le bruit de la nationale. Là encore, Guy Malandain se veut rassurant.

« Les études ont été faites, […] c’est un mur de protection anti-bruit qui va absorber une part très importante du bruit que les personnes ont actuellement en rive de la nationale 10, parce qu’elles n’ont aujourd’hui rien qui les protège, insiste le maire. Je leur ai déjà dit et je maintiens ma position, parce que si ce n’était pas vrai, nous aurions demandé autre chose à l’État (qui est maître d’œuvre, Ndlr) ». Il précise par ailleurs que la Ville va construire un mur du même type, « parce que c’est une bonne protection », à « certains endroits le long de [la rue] Stalingrad Nord ».

Par ailleurs, les riverains réclament corps et âme depuis des années une maquette ou un visuel en 3D pour que chacun puisse visualiser le projet : « Tant qu’on n’a pas les plans, les Trappistes sont perdus dans le projet », estiment-ils. Car selon eux, des Trappistes pensent que le projet consiste à creuser un tunnel qui rejoindra les deux ronds-points. Alors que le projet est un enfouissement partiel de la nationale, dénivelée sur une longueur de près de 800 mètres et recouverte uniquement au niveau des trois plateaux urbains afin de relier les côtés de la ville. Une reconstitution 3D a justement été mise en ligne le 5 mars sur le site internet de la Ville. Et le maire de Trappes rappelle que les plans du projet sont connus depuis longtemps, et ont par exemple été présentés au cours de l’enquête publique.

CREDIT PHOTO : ARCHIVES