C’est un projet vieux de deux décennies qui pourrait connaître un nouveau report. Les travaux d’enfouissement de la nationale 10 étaient jusque-là annoncés pour démarrer dès cette année. Mais selon nos informations, l’État a récemment informé la ville de Trappes de ses difficultés de financements, à cause notamment des nombreuses dégradations de radars, et qu’il allait donc étudier les chantiers dont ses financements seront repoussés pour 2020, et ceux qui seront bien maintenus en 2019. Si plusieurs sources nous affirment que l’État aurait ainsi décidé que l’enfouissement de la RN 10 faisait partie des projets qui ne seront lancés que l’année prochaine, le maire de Trappes, Guy Malandain (DVG), assure que la décision du gouvernement sera connue d’ici la fin du mois.
Pour rappel, le coût total de l’enfouissement de la nationale 10 a été estimé à 95 millions d’euros lors de la signature du protocole d’accord pour le financement de l’opération fin 2016. Selon ce document, ratifié par l’ensemble des collectivités qui participent à ce montant, la répartition des financements est la suivante : 42 millions d’euros pour l’État, 27,5 millions pour la Région, 13,5 millions pour Saint-Quentin-en-Yvelines, 10 millions pour le Département et 2 millions pour la commune de Trappes. Un désengagement de l’État pour 2019, qui représente à lui seul près de 45 % du coût total estimé de l’opération, ne serait donc pas sans conséquence. Et pourrait décaler le début des travaux d’une année.
« Je peux vous dire, avec un certain nombre de précautions, parce que ce n’est pas définitif normalement, que les travaux de l’État sur la RN 10 devaient commencer, doivent commencer, en septembre de cette année (jusque-là, le mois de mars était évoqué, Ndlr), nous explique Guy Malandain, joint par téléphone au milieu de la semaine dernière. Au dernier comité de pilotage, il y a une quinzaine de jours, nous avons été informés [par le préfet] d’une difficulté de financement sur les [projets de] voiries, parce que les financements qui normalement devraient payer la contribution 2019 de l’État proviennent en partie de recettes qui ont été fortement atteintes, en particulier les recettes dues aux radars. »
Et le maire de Trappes de confirmer que l’enfouissement de la nationale 10 pourrait faire partie des programmes à en pâtir : « Il doit y avoir un choix gouvernemental sur les opérations que l’on peut reculer, et celles qu’on ne peut pas reculer. » Si plusieurs sources indiquent à La Gazette que l’enfouissement de la RN 10 fait à présent partie des projets dont le financement de l’État a été repoussé à 2020, Guy Malandain nous assure quant à lui que la décision n’a pas encore été officiellement prise.
« Nous considérons que depuis le temps qu’on attend, et vu la situation, l’enfouissement de Trappes doit rester dans les priorités retenues, et monsieur le préfet, qui travaille d’arrache pied sur ce sujet, organise une réunion à haut niveau à laquelle je participerai mais dont je n’ai pas encore la date », relate l’édile trappiste. Nous sommes en situation d’interrogation, et pas encore en situation de certitude. À la fin du mois, d’ici une quinzaine de jours, on saura. »
Guy Malandain confirme une certaine inquiétude suite à l’annonce d’un possible report, mais n’estime pas la situation « perdue d’avance ». « Il n’y a pas encore la décision officielle qui pourrait dire que ça ne se fait pas, assure-t-il. Je suis très attentif, pas content, mais pas encore déçu. » Dans le pire des cas, si l’État venait bien à repousser ses financements, le démarrage des travaux d’enfouissement de la nationale 10 à proprement parler (les travaux préalables ont déjà été lancés, Ndlr) pourrait être décalé d’un an.
Si tel était le cas, pour ne pas perdre une année, Guy Malandain pousserait pour un autre calendrier. « J’ai proposé un autre ordre de mise en chantier qui nous permettrait de commencer quand même, au cas où il n’y aura pas d’argent de l’État, les travaux en septembre », explique-t-il. Le maire propose ainsi de commencer les travaux, plutôt que par l’enfouissement de la nationale au niveau de la mairie, par l’aménagement du carrefour entre la RD 912 et la RN 10 « parce qu’en mobilisant les financements de la Région, du Département, de SQY et de la Ville prévus pour 2019 dans la convention financière, on peut financer ce carrefour-là ». Et d’ajouter : « Comme de toute façon il faut le faire (ce carrefour, Ndlr), en inversant l’ordre du chantier, on ne perdrait pas une année. »
C’est d’ailleurs l’ordre des travaux qui a les faveurs du maire de Trappes depuis le début. « C’est une option qui s’avère fondée techniquement, et s’avère, dans ce cas-là, être une bonne solution par rapport aux ennuis financiers de l’État », estime Guy Malandain. Contactés sur ce possible report des financements de l’État sur le projet d’enfouissement, ni la préfecture, représentante locale de l’État, ni la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui a déjà investi dans les opérations préalables à l’enfouissement de la RN 10, n’ont pu répondre aux sollicitations de La Gazette avant la mise sous presse de cette édition.
L’enfouissement de la nationale 10 : un projet vieux de 20 ans
Si Trappes est donc dans l’attente d’une décision de l’État qui confirmera le début ou non des travaux d’enfouissement de la nationale 10 pour 2019, la commune attend ce projet depuis de très longues années. Et pour cause, il a été évoqué pour la première fois au moins en 1998, avant d’être enfin programmé en 2016 avec la signature d’un protocole d’accord financier liant l’État, la Région, le Département, Saint-Quentin-en-Yvelines et la Ville pour ce projet titanesque estimé à 95 millions d’euros.
« C’est quand même une ville qui est abîmée toute la journée, y compris la nuit, par les camions qui passent, rappelle le maire DVG de Trappes, Guy Malandain, au sujet de ce projet pour lequel il bataille depuis des années. C’est une autoroute qui traverse la ville. » En effet, la RN 10 est un axe qui coupe la ville en deux, et « supporte un niveau de trafic très soutenu de 70 000 véhicules par jour, en moyenne annuelle avec une forte part de poids-lourds (10 %) », rappelle une page dédiée au projet, datant de fin 2016, sur le site internet étatique de la Direction des routes Île-de-France (Dirif). Avec des conséquences sur le bruit, le cadre de vie et la qualité de l’air.
Le projet d’enfouissement va consister à déniveler la nationale, « jusqu’à sept mètres de profondeur par rapport à son niveau actuel sur une longueur de 775 mètres », indique le site internet de la Dirif. Au-dessus de cette route, trois plateaux urbains vont être construits pour rejoindre les deux parties de la ville : au niveau de la mairie, l’un pour faire la liaison entre la rue de Montfort et l’avenue Carnot, et l’autre entre la rue de la République et le cours de la Corderie.
Les objectifs de cet enfouissement, désignés par la Dirif, sont de « rétablir les échanges entre les quartiers de la ville », « d’améliorer les conditions de circulation » sur la nationale 10, et « de mieux intégrer les circulations des transports en commun et des modes actifs (cycles et piétons) ».
De plus, dans le cadre de ce projet, à chaque extrémité de l’enfouissement, le carrefour entre la nationale 10 et la RD23 (au niveau de l’Hippopotamus, Ndlr), et celui entre la nationale et la RD912 (face au Pavillon bleu, Ndlr) seront entièrement réaménagés. Ils seront transformés en vaste rond-point à feux, avec la création d’un passage souterrain en-dessous de chacun d’eux permettant des accès directs des deux routes départementales vers la nationale, d’après les documents de la Dirif. Ces derniers prévoient que l’aménagement de ces deux carrefours permettra notamment de « fluidifier le trafic », d’« améliorer les conditions de sécurité des usagers » et de « marquer les entrées de ville ».
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