Se faire livrer du carburant en quelques clics depuis son smartphone, c’est possible avec Refuel. Cette start-up, dont les bureaux sont à Trappes, donc proches du dépôt pétrolier de Coignières, est née de réflexions menées en 2015 par les frères Miguel et Rodolphe Gaudencio, pour mettre en place une solution révolutionnant l’approvisionnement de véhicules, et qui a débouché sur les premières livraisons en 2018.

Le client se connecte à l’application et rentre sa plaque d’immatriculation. Apparaissent alors différentes informations sur son véhicule (modèle, type de carburant…) et lui est indiqué dans combien de temps il sera livré, via une camionnette munie d’une pompe à carburant à l’arrière. Une sorte de station service mobile, en somme. « Je vais recevoir un message me demandant d’ouvrir mon véhicule pour que le ‘‘runner’’ (le chauffeur-livreur de la camionnette, Ndlr) ait accès à la trappe à carburant, précise Philippe Bion, directeur commercial de Refuel, rencontré à l’occasion du SQY business day en novembre. Une fois que vous avez validé votre emplacement, le prix apparaît et vous choisissez la quantité de carburant. »

Et de poursuivre : « L’utilisateur ne touche plus au carburant, ce sont nos ‘‘runners’’ qui gèrent tout, ce sont les seuls habilités à utiliser les pompes. Ils ne peuvent faire le plein que des véhicules qui ont enregistré une commande. Ils ont une application sur laquelle ils reçoivent la commande, il y a l’immatriculation du véhicule, ils la vérifient, et si c’est la bonne, ils décrochent la pompe, font le plein et raccrochent. »

Diesel, diesel platinium (l’équivalent de l’excellium, Ndlr), sans plomb 98, sans plomb 95, bioéthanol, et pour les professionnels non routiers, GNR, sont autant de types de carburant proposés. Le tout pour un prix équivalent au tarif en station service classique (hors access et hypermarchés, Ndlr), plus les frais de service. « Au lieu d’être à 1,55 ou 1,60 euro [le litre], vous allez être à 1,65 ou 1,70 euro », glisse Philippe Bion. Et pour quelques euros de plus, il est possible de bénéficier de prestations annexes, comme la pression des pneus, le nettoyage du pare-brise ou la livraison de liquide de lave-glace.

La clientèle reste pour l’heure presque exclusivement professionnelle. L’entreprise cliente dispose, en plus de l’application mobile habituelle, d’une webapp. Un compte client ainsi qu’une application et des identifiants sont attribués à l’entreprise, qui donne ensuite accès « à ses différents salariés à tout ou partie des fonctions de la webapp », via laquelle elle peut se faire livrer sur les véhicules qui y sont répertoriés, fait savoir Philippe Bion.

Les agences de location de voitures font partie des principales entreprises à utiliser les services Refuel. La start-up travaille aussi avec des sociétés dans le BTP, les transports, la messagerie, le nettoyage ou encore des ambulanciers. Mais pour les particuliers, il faudra attendre. « Si on ouvre aux particuliers, on risque d’avoir une demande très importante, justifie Philippe Bion. Quand on va démarcher des professionnels, c’est parce qu’on sait qu’on est capable de les accompagner dès aujourd’hui. »

La livraison au grand public fait néanmoins partie des projets de la start-up, notamment lorsqu’elle parviendra à recruter des licenciés de marque, c’est-à-dire des indépendants utilisant des véhicules appartenant à Refuel, qui seront formés au centre de formation de l’entreprise, agréé par l’État, et devraient commencer leur collaboration avec Refuel dans les prochains mois. Les « runners », eux, sont pour l’instant une dizaine, pour un parc d’une quinzaine de véhicules.

Des véhicules dotés de plusieurs systèmes de sécurité pour prévenir les risques liés aux produits transportés. En cas de vol d’un de ses camions, Refuel peut par exemple « neutraliser à distance le carburant », tandis que « pour la partie risques d’incendie, on a un système avec une cartouche de retardant, […] donc si on balance les cartouches dans notre cuve, […] le point de combustion est retardé », mentionne Philippe Bion.

L’entreprise prend d’ailleurs très au sérieux la réglementation, assure le directeur commercial. « L’histoire Refuel a démarré il y a quatre ans, évoque-t-il. Nous avons pris le sujet par un aspect réglementaire. » Et d’assurer par exemple : « On a les mêmes pompes que celles des stations services, elles sont certifiées, […] on récupère les vapeurs d’essence, ce que toutes les stations services ne font pas. »

Implantée essentiellement en Île-de-France, Refuel ambitionne d’étendre ses livraisons à l’échelle nationale cette année, « mais en ciblant les grandes métropoles françaises », précise Philippe Bion. « En 2021, on devrait être déployés sur l’intégralité du territoire, toutes les moyennes et grandes villes françaises, et en parallèle, on travaille déjà au déploiement à l’international, […] mais ça, on l’a mis en stand-by, on voulait d’abord avoir une solution éprouvée, que l’on maîtrise parfaitement en France, avant de déployer, […] car même si l’idée est simple, la solution n’est pas si évidente à mettre en œuvre. »