Adieu les pompes à essence ou gasoil, bonjour les prises de courant. Dans le contexte actuel de transition écologique, les véhicules électriques apparaissant comme une solution de remplacement, les collectivités se dotent de plus en plus d’équipements pour favoriser leur émergence, en déployant notamment des bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides sur l’espace public. Dans les Yvelines, le Syndicat d’énergie des Yvelines (SEY78) apparaît comme un acteur majeur dans leur implantation. Cette autorité a en charge le déploiement sur une large partie du département, et l’année en cours et celle qui suit devraient constituer un tournant dans l’accélération de l’implantation de bornes.
« Il y a 41 bornes qui avaient été déployées par un autre aménageur et que l’on a reprises, indique Paulo Dos Ramos, technicien maîtrise de l’énergie, en charge du programme de déploiement au SEY78. Il y aura plus de 140 bornes [sur les Yvelines]. En juin 2020, le déploiement devrait être terminé ». Et de préciser que « 80 à 85% » devraient être posés « avant la fin de l’année ».
Certaines villes yvelinoises sont déjà en avance sur la sortie de terre de ces bornes. C’est le cas par exemple de Feucherolles et Port-Marly. À SQY, l’implantation dans le domaine public est plus tardive, mais à Maurepas et Coignières, des bornes ont été installées durant l’été. Dans cette dernière commune, deux des quatre bornes mises en place – sur la place de l’église et le parking près du silo – sont déjà opérationnelles. Les deux situées à la gare devraient l’être au cours de ce mois-ci. « On les installe dans des lieux assez fréquentés, de façon à ce qu’elles soient utilisées réellement », explique Didier Fischer, maire SE de Coignières.
Villepreux devrait également emboîter le pas de ces deux villes durant ce mois d’octobre. Une borne est prévue avenue de Touraine, en centre-ville. « On avait une demande de certains habitants d’avoir en centre-ville un point d’accès pour pouvoir recharger leur véhicule, par exemple quand ils viennent au marché faire leurs courses, nous confiait le 11 septembre dernier Laurent Blancquart (SE), alors adjoint en charge de l’urbanisme opérationnel et des travaux, qui a depuis démissionné de son poste. On pense aussi que c’est dans l’ère du temps : on parle de plus en plus des voitures électriques et Villepreux se doit aussi d’offrir ce service-là à ses habitants. »
Chaque borne déployée par le SEY78 sera double, pouvant donc raccorder deux voitures. Leur installation est subventionnée réduisant ainsi le reste à charge pour les communes. « Quand il n’y a qu’une borne, c’est subventionné par la Région, quand il y a deux bornes, il y a une subvention de la Région et en plus une subvention de l’Ademe, précise Paulo Dos Ramos. La partie pose de la borne coûte 5 680 euros HT. Ensuite, vous avez des frais annuels pour l’exploitation de la maintenance de la borne de 570 euros HT. En moyenne, il restera entre 20 et 30 % de reste à charge pour la commune. »
Pour les utilisateurs, il en coûtera 0,20 euro/kWh délivré, et un tarif de connexion de 0,80 euro (incluant deux heures de recharge, Ndlr). Au-delà de deux heures de connexion, il faudra s’acquitter d’un supplément de 0,01667 euro la minute*, soit un euro par heure, peut-on lire sur les documents du SEY78. Pour des temps de charge variables selon les modèles de véhicule, entre deux à six heures pour une batterie à vide. « Le but de ces bornes-là, c’est des charges d’appoint, développe Paulo Dos Ramos. C’est pour cela que l’on essaie de placer ces bornes à des endroits stratégiques. […] Les gens vont arriver, ils voient une borne, et le temps de leur rendez-vous, ils vont l’utiliser pour recharger un peu. »
Plusieurs communes saint-quentinoises comme Maurepas, Coignières ou Villepreux ont donc adhéré au projet du SEY78, mais d’autres ont choisi d’autres prestataires. C’est le cas de La Verrière, qui a préféré se rapprocher du Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication (Sipperec). Pour un coût d’installation de « 8 000 euros environ » pour une borne installée en novembre 2018 et alimentant un véhicule de la mairie, avec « une subvention couvrant 25% de ce coût », fait savoir Isabelle Le Coz, adjointe DVG au développement durable. L’élue verriéroise ajoute que deux autres bornes, accessibles au public, verront le jour fin 2019, sur le parking de la mairie et au village.
De son côté, Plaisir avait initialement rejoint « un groupement de commandes présidé par le SEY » mais n’a « pas donné suite à ce groupement, ayant trouvé un partenaire privé qui en installerait gratuitement sur la ville », indique la municipalité plaisiroise par courriel. Elle ajoute être « encore en phase pré-opérationnelle » et étudier actuellement « les zones d’implantation dans la ville ».
À SQY, ce sont d’ailleurs pour l’instant surtout des zones privées telles que les parkings de centres commerciaux (comme Auchan à Maurepas, Ikea à Plaisir, One nation aux Clayes-sous-Bois, Ndlr) et les véhicules des flottes communales ou intercommunales qui sont équipés. Le parking de l’hôtel d’agglomération compte ainsi « une vingtaine de bornes » selon son président Jean-Michel Fourgous (LR), également maire d’Élancourt, où près de « 20 % de la flotte » de la municipalité est constituée de véhicules électriques et hybrides, approvisionnés notamment grâce à « quatre bornes de recharge à notre centre technique ».
La commune d’Élancourt « prévoit de déployer, sur 2020, une flotte de véhicules électriques aussi pour les services de l’hôtel de ville avec des bornes de recharge, dont certaines à destination du public » et « a rencontré le gestionnaire du parking souterrain des Sept mares », qui « prévoit la mise en place de bornes de recharge », annonce-t-il.
D’autres villes espèrent aussi étendre leur offre à l’espace public, mais reconnaissent que les avancées sont quelque peu ralenties à l’approche des élections. « C’est une prévision, mais on est en période électorale et les choses sont bloquées », reconnaît Christophe Goux, adjoint aux voiries et aux infrastructures à Voisins-le-Bretonneux, ville qui compte déjà des bornes électriques mais pour les véhicules municipaux. Et l’élu d’évoquer la possibilité d’implanter les futures bornes « sur les zones de covoiturage si elles se développent sur notre commune » (une zone de covoiturage est actuellement en test au Champ du loup, Ndlr) et « dans des lieux stratégiques, des lieux commerçants », avançant que ce type d’équipement est aussi prévu « sur les futurs sites comme la Remise ».
À Montigny-le-Bretonneux, le son de cloche est similaire, la Ville travaillant « sur un projet d’installation de bornes de rechargement pour les véhicules électriques à destination du public ; pour le moment la réflexion est en cours et sera développée pour le prochain mandat », affirme la commune, qui dispose déjà de bornes pour ses six véhicules municipaux électriques.
Certaines communes préfèrent également temporiser avant d’accélérer davantage le déploiement de bornes, comme à Élancourt. « Il y aura une intensification très forte le jour où on saura quel type de recharge sera définitivement choisi en termes de maturité, qui le gérera et quel est le besoin », argue Jean-Michel Fourgous, mentionnant des dysfonctionnements liés à une maintenance insuffisante sur certaines bornes en Île-de-France. « On a besoin d’une norme juridique, et [de savoir] à quel moment il y aura une légalisation des voitures autonomes, car ce sont les voitures autonomes qui vont donner l’accélération des voitures électriques », poursuit-il.
D’autres élus s’interrogent sur le réel futur niveau de demande pour ce type de dispositifs. « Ce n’est peut-être pas quelque chose qui va se généraliser », confie Isabelle Le Coz, qui avoue ne pas avoir « vu de véhicules électriques sur La Verrière », tout en assurant qu’il est « nécessaire quand même » de se doter de quelques bornes.
Mais pour Paulo Dos Ramos, le besoin est déjà là, d’autant que SQY fait partie des secteurs encore peu pourvus en termes de bornes publiques. « Les gens attendaient ce déploiement, car les bornes existantes n’étaient que dans le Nord du 78, de Mantes-la-Jolie à Achères, mais toute la partie en dessous [manquait de bornes] », assure le représentant du SEY78.
Pour lui, il faut « faire qu’il y ait un bon maillage et que les gens qui souhaitent passer à l’électrique […] puissent voir qu’il va y avoir un déploiement du réseau, qu’ils auront une borne pas trop loin de chez eux, et que si les gens hésitent, pourquoi pas passer à l’électrique, qui est un peu le souhait de tout le monde aujourd’hui. » Mieux accompagner pour inciter à se tourner vers ce type d’énergies, en somme.
Un certain nombre de communes saint-quentinoises semblent prêtes à aller dans ce sens. « Tout le monde n’a pas investi dans des véhicules électriques, mais c’est aussi une incitation pour aller vers ce type de véhicules », expose Didier Fischer. Mais l’édile coigniérien prévient : « On ne couvrira pas non plus toute la ville. […] On va déjà expérimenter nos quatre bornes et ensuite, on fera peut-être un bilan dans six mois ou un an pour voir comment elles sont utilisées. »
*Article mis à jour le 8 octobre à 16 h 30 : comme nous l’a fait remarquer un lecteur, une erreur s’était glissée dans l’article. Contrairement à ce que nous indiquions, pour les bornes déployées par le SEY78, au-delà de deux heures de connexion, il faut s’acquitter d’un supplémentent de 0,01667 euro la minute. Et non 0,1667 euro la minute comme indiqué précédemment.