Certains n’auraient pas été payés depuis le mois d’octobre. « On est presque à la limite de l’esclavagisme », affirme Ludovic Moronval, membre de la direction de l’Union départementale CGT des Yvelines. Le 3 décembre à Montigny-le-Bretonneux, une cinquantaine de travailleurs sans papiers d’une entreprise de démolition ont manifesté devant leur chantier, tambours battants et microphone à la main. Mal ou non déclarés, ils demandent à être régularisés et à travailler dans de meilleures conditions. Des accusations réfutées par la direction de l’entreprise.

Le même jour, la direction de la CGT des Yvelines a rencontré l’inspection du travail. Celle-ci est venue l’après-midi vérifier sur le chantier, l’ancien immeuble de l’Insee, si la réglementation du travail était respectée. En attendant les résultats, la CGT a pris rendez-vous avec l’entreprise, la semaine prochaine. « Nous allons faire le point sur le travail, voir si les bulletins de paie ont été débités, vérifier la régularisation des heures », déclare Sonia Porot, secrétaire générale de la CGT des Yvelines. 

Une dizaine de travailleurs n’auraient ainsi toujours pas été rémunérés, selon cette dernière. Et s’ils venaient à réclamer leur salaire, l’entreprise de démolition les menacerait de ne plus leur donner du travail, selon les affirmations des manifestants. Mais ces derniers continuent quand même de travailler, car « ils veulent avoir leurs papiers », estime Ludovic Moronval. L’un des travailleurs travaille par exemple sur des chantiers gérés par l’entreprise depuis 2016 et il n’a toujours pas été régularisé, selon ses déclarations.

Cela ferait plusieurs années que l’entreprise ruserait pour ne pas ou mal déclarer ses travailleurs, d’après la CGT. « Pour ceux qui ont des fiches de paie, […] ils sont déclarés absents environ trois semaines sur quatre dans le mois », explique le tract CGT. Sachant qu’en réalité les employés travailleraient sur le chantier tout le mois.

Les mauvaises conditions de travail sont une autre de leurs revendications. À priori équipés uniquement d’un casque et d’un masque, les employés assurent qu’ils seraient parfois en contact avec de l’amiante. « Normalement, ils devraient travailler en sas avec une combinaison », explique Ludovic Moronval. « Il n’ y a aucune sécurité et aucune protection. Ils ont un seul casque et pas de gants », affirme Amadou Dia, délégué CGT. La manifestation s’est finalement terminée en fin d’après-midi, suite au contrôle de l’inspection du travail. 

Cette situation ne serait pas un cas isolé. Il y aurait beaucoup d’autres chantiers en Île-de-France, qui déclareraient mal les sans papiers, selon Sonia Porot, qui affirme : « On va creuser sur d’autres chantiers. » 

Contacté par la rédaction, l’entreprise de démolition réfute toutes ces accusations. « Le chantier a commencé il y a seulement 15 jours et tous nos salariés sont déclarés », affirme la direction de la société. Bien que les manifestants présents ne fassent pas uniquement référence à ce chantier, mais à tous les autres pour lesquels ils ont travaillé sous la direction de l’entreprise.

Sur la question de sécurité, l’entreprise est catégorique : « On commence la journée avec un quart d’heure sécurité, et on donne aux ouvriers un masque, un casque et des gants. » D’ailleurs, ces travailleurs ne seraient pas en contact avec de l’amiante, selon l’entreprise. « On ne fait que du curage et de la démolition, ils ne travaillent pas là où il y a de l’amiante », se défend la direction qui ne craint pas le contrôle de l’inspection du travail. « On n’a jamais eu de problème avec l’inspection du travail. On va tout justifier […]. On est une petite PME, on essaye de s’en sortir, alors on est carré », conclue-t-elle.