« On veut qu’au moment des Jeux paralympiques, on puisse montrer au monde entier ce qu’est capable de faire la France en termes de sport et handicap, avec une balance hyper technologique et numérique. » Le professeur Genêt affiche clairement son ambition au sujet de l’Institut de santé parasport connecté (ISPC). D’après son communiqué de presse, ce projet est « unique au monde », et doit voir le jour à SQY en 2024.

Professeur en médecine physique et réadaptation à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), François Genêt est à l’origine de ce projet d’institut qui devrait regrouper activités de santé, recherche et formation, et s’étendre sur 10 000 m². Un projet qui a commencé à germer dans son esprit en 2015, « environ deux ans avant que l’on ait les JO », confie-t-il. Son idée est née de plusieurs constats.

« Tout d’abord, l’espérance et la qualité de vie des personnes en situation de handicap ne cesse d’augmenter en France, explique le médecin. La problématique, c’est que l’on se retrouve avec des personnes développant des pathologies dont on ne s’occupait pas avant car ils mouraient plus jeunes. […] On n’était donc pas structurés pour les suivre et les dépister. Le deuxième constat est que l’amélioration de la qualité de vie de ces patients-là fait qu’ils sont de plus en plus exigeants. […] La technologie leur permet de faire des tas de choses, donc ces personnes ont envie de le faire. »

Et de citer l’exemple d’une de ses patientes, hémiplégique (paralysée d’un côté du corps, Ndlr). « Elle m’a dit ‘‘Inventez-moi l’arc qui va me permettre de faire du tir à l’arc’’. » Ce cas de figure illustre le besoin pour la médecine de se structurer « pour offrir à l’ensemble de cette population les outils qui permettent de pratiquer dans de bonnes conditions », selon François Genêt.

Le professeur, qui enseigne également à l’UVSQ, estime donc qu’« il était temps » de créer cet institut qui redéploiera « ce que l’on fait à Garches et à l’UVSQ » et s’appuiera sur « une forte balance de recherche technologique, l’arrivée de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la domotique, de tout ce que les nouvelles technologies peuvent apporter pour rendre [les personnes en situation de handicap] de plus en plus autonomes. »

La partie santé viserait à accompagner les personnes handicapées dans leur pratique du sport, avec un objectif de 20 000 consultations par an. « Ce n’est pas un institut de soins, ce sera un institut où les gens pourront venir pour avoir leur certificat d’aptitude, un suivi spécialisé de leur pratique et les [outils] techniques dont ils ont besoin pour pratiquer, et savoir dans quels lieux pratiquer, tient à préciser François Genêt. Derrière, il y aurait une dimension ‘‘base de données’’ car le but est aussi de préciser les suivis spécifiques. […] Le sport est aussi pathogène, donc il faut savoir l’encadrer et le structurer, pour laisser ces patients pratiquer en toute quiétude. »

Le pôle recherche sera lui avant-gardiste. « Ce sera la seule structure en France où il y aura des living labs, c’est-à-dire des structures sportives totalement connectées avec analyse du mouvement par des technologies extrêmement pointues dont ne bénéficie pas aujourd’hui le sportif valide », avance le médecin. Quant à l’institut de formation, il serait rattaché à l’UVSQ et accueillerait 250 étudiants qui ne se destineraient pas forcément à devenir médecins mais aussi à exercer dans les professions de la réadaptation (kinés, ergothérapeutes, …).

« L’objectif est de créer une structure de référence nationale et probablement internationale qui puisse attirer tous les chercheurs dans le domaine de l’analyse du mouvement et de la physiologie du sport et du handicap, résume le professeur. Cette population en situation de handicap a très envie de s’intégrer dans la société. On pourra montrer à la population valide les bienfaits du sport santé et du sport loisir en passant par cette population. »

Le lieu précis d’implantation est « encore en discussion », mais il y a « un site qui est très bien positionné », malgré « des projets concurrentiels », avoue François Genêt. Ce sera en tout cas bien à SQY, ce qui se justifie pour lui par trois raisons : la proximité de l’UVSQ, que SQY soit « le pôle national de l’intelligence artificielle, de la technologie », et la présence de trois sites olympiques.

Ce projet de très grande ampleur doit néanmoins encore être discuté à l’Élysée le 5 décembre. « Il faut que tout cela soit décidé pour le début d’année 2020, fait savoir le professeur Genêt. Dans un mois, tout sera clair. » Néanmoins, le professeur Genêt se montre plutôt optimiste. « Au début, c’est moi qui demandais les rendez-vous, maintenant ce sont les ministères, l’ARS, la Région, qui m’appellent pour me demander quand je viens », assure-t-il. 

En cas de validation du projet, « on pourrait terminer toutes les études fin juin et les constructions pourraient commencer en 2021 », évoque le spécialiste de médecine physique, qui parle d’un coût se situant « entre 25 et 40 millions d’euros ». Pour le financement, « on est en contact avec des gros industriels, l’État, des régions », glisse-t-il.

Et d’insister sur l’importance de réfléchir à « comment cet institut va gagner de l’argent pour avoir un équilibre financier de fonctionnement » et pérenniser le site. « On ne crée pas cela pour les Jeux paralympiques, mais pour donner des possibilités à la pratique du sport pour les personnes en situation de handicap après 2024 », prévient François Genêt.

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