La 42e édition de la Ryder cup, organisée du 25 au 30 septembre 2018 au Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, a livré ses premiers effets, notamment sur l’économie locale. En juin, une étude révélait que l’événement avait rapporté 235 millions d’euros à l’économie française. Le 27 septembre dernier, soit un an après la tenue de l’événement, une nouvelle étude, pilotée par l’Observatoire de l’économie du sport, a été rendue publique par le ministère des sports. Elle décline les retombées de la compétition à trois échelles : nationale, régionale, mais aussi pour Saint-Quentin-en-Yvelines où les impacts se font également ressentir.

L’étude estime ainsi que l’impact économique total de la Ryder cup sur le territoire de SQY « s’établit entre 20,8 et 23,8 millions d’euros ». Avec « un panier moyen de chaque spectateur de 120 euros par jour, ce qui a permis à l’ensemble du tissu local de bénéficier à plein de cette opération, qui en plus, a été renforcée par les opérations montées par SQY, comme la diffusion de la compétition dans la fan zone ou les villages Ryder cup avec animations golfiques… », précise l’agglomération. Selon Jean-Michel Fourgous (LR), président de SQY, ces retombées ont notamment touché les restaurants, hôtels, ou encore les TPE-PME et se sont ressenties sur les commerces jusqu’à « un rayon de près de 50 km ».

Le président de l’agglomération évoque aussi « une promotion de SQY » sur quatre points principaux : notoriété, visibilité internationale, attractivité et sentiment d’appartenance à SQY. Sur le premier point, la notoriété globale du territoire saint-quentinois « a fait un bond assez important » grâce à l’organisation de la Ryder cup, qui a également apporté à SQY une « visibilité internationale que l’on n’avait pas, notamment en Europe, aux États-Unis et en Asie », précise-t-il. Concernant l’attractivité, il évoque la « bonne image auprès des entreprises car aujourd’hui, SQY est classé dans les territoires qui ont la capacité d’accueillir des événements mondiaux de haut niveau ». Quant à la fierté d’appartenance, elle se manifeste à la fois chez les gens qui habitent et ceux qui travaillent à SQY, « qui ne sont pas toujours les mêmes », rappelle Jean-Michel Fourgous.

Sur le plan médiatique, la couverture de l’événement a également contribué à placer SQY sous le feu des projecteurs, avec une portée internationale. D’après les documents de l’étude, ce sont près de 13 000 heures de Ryder cup qui ont été diffusées par 81 chaînes dans 118 pays. Sur les supports écrits, on dénombre environ 73 000 articles liés à l’événement.

« Nous avons relevé le mot ‘‘Saint-Quentin-en-Yvelines’’ dans 5 180 sujets/articles plurimédias pendant la période surveillée (du 15 septembre au 15 octobre 2018, Ndlr), précise l’étude. Si l’on met bout à bout les durées et les surfaces occupées par les retombées du mot-clé ‘‘Saint-Quentin-en-Yvelines’’, nous dénombrons 125 et 99 pages en presse et sur internet, 6 heures et 20 minutes en radio et 5 heures et 29 minutes en télévision. 18% des retombées sont considérées comme ‘‘dédiées’’ (présence du mot-clé de recherche ‘‘Saint-Quentin-en-Yvelines’’ dans le titre), ce que nous considérons comme impactant. »

Les effets au niveau touristique sont également importants. L’étude datant de juin révélait ainsi que 220 000 nuitées ont été enregistrées pendant la Ryder cup, et 8 % des spectateurs ont prolongé leur séjour au-delà de la semaine de l’événement. Si ces données sont d’ordre national, SQY a aussi bénéficié de ces effets et a obtenu une reconnaissance de la Région Île-de-France qui « nous a inscrits dans des commissions où nous n’étions pas avant en termes de tourisme golfique, qui débouche aussi sur le tourisme d’affaires », avance Jean-Michel Fourgous.

Pour Christophe Lepetit, économiste du sport, il faut « faire en sorte que cet événement irrigue l’ensemble du projet territorial et des politiques publiques du territoire » pour bénéficier de retombées durables.

Par ailleurs, selon l’étude de l’Observatoire des sports, la majorité des visiteurs étrangers a, sans surprise, découvert SQY à travers la Ryder cup. Seuls 20 % d’entre eux étaient déjà venus sur le territoire intercommunal auparavant. Il semble, tout de même, que SQY ait été quelque peu éclipsé par la région Île-de-France (Paris region en anglais, Ndlr), donnée plus significative aux yeux de nombreux spectateurs étrangers et notamment anglo-saxons, lesquels ont davantage perçu cette dernière comme territoire hôte. On peut aussi noter un écart très important entre certaines données à l’échelle locale et d’autres à l’échelle nationale, par exemple concernant les dépenses liées à l’organisation de l’événement. D’après l’étude, celles réalisées à SQY s’élèvent à 3,34 millions d’euros… sur un total de 104,1 millions d’euros.

Ces études révèlent un certain nombre d’éléments importants, mais qui sont souvent le résultat de mesures de court terme, comme le fait remarquer Christophe Lepetit, économiste du sport au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges, qui a participé à l’étude présentée fin septembre. « Ce que l’on a mesuré, c’est l’impact économique de court terme, qui était lié directement à l’accueil de la compétition sur la semaine fin septembre 2018 », relativise-t-il, ajoutant que ces retombées sont « limitées dans le temps ». « Ce qu’il faut tenter de privilégier lorsque l’on est un territoire d’accueil, c’est de faire en sorte que l’événement qui est accueilli à un instant T puisse laisser une trace durable », explique-t-il.

Il faut, pour ce faire, anticiper l’accueil d’un tel événement, c’est-à-dire « préparer assez longtemps en avance, dès que l’on a la certitude que l’on obtiendra l’organisation […], l’héritage de cet événement », développe l’économiste du sport, qui insiste sur l’importance de mettre en œuvre « un programme d’actions destiné à sensibiliser les populations locales et à attirer des populations extérieures sur le territoire, à la fois sur l’événement mais aussi à plus long terme ».

Cela se caractérise pour lui par « l’acceptation de l’accueil d’un événement tel que la Ryder cup avec des publics scolaires, des entreprises du territoire, avec des publics issus de quartiers sensibles ». « [Il faut] associer les populations locales à l’événement qui va se dérouler, autant que faire se peut car on sait que ça a été compliqué, notamment sur les trois jours de compétition, vu la course très forte aux billets, estime Christophe Lepetit. Mais il faut faire en sorte que cet événement irrigue l’ensemble du projet territorial et l’ensemble des politiques publiques au niveau du territoire. »

Il qualifie d’« assez intéressant » le travail effectué par l’agglomération en ce sens. « SQY, dans le peu de champ qu’on lui a laissé (l’organisation de la Ryder cup étant surtout placée entre les mains de l’European tour, Ndlr), semble avoir mis en place un ensemble d’actions éducatives avec les opérations dans les écoles, collèges et lycées, des actions économiques avec les grands comptes (entreprises nationales et internationales, Ndlr), sociales avec la découverte du golf par le plus grand nombre, voire des actions sur la Ryder cup avec le village mis en place au centre commercial », observe-t-il. Ce dernier, nommé Golf experience, a largement attiré les populations locales, puisque l’étude dénombre 79 % de Saint-Quentinois pour l’édition 2018 de ce village d’animations golfiques.

Christophe Lepetit semble favorable à d’autres études à l’avenir pour véritablement déterminer les effets durables de l’événement. Il prône notamment une démarche partant de trois à cinq ans en amont de l’accueil de la compétition, et se poursuivant jusqu’à cinq à sept ans après l’événement pour mesurer les effets à long terme. Cette démarche « permettrait de couvrir tout le cycle de vie de l’événement et donc de pouvoir à la fois mesurer les effets de court et de long terme et l’efficacité de la politique publique », détaille l’économiste du sport.

Reste que les effets déjà constatés devraient donner une impulsion supplémentaire à SQY en vue de l’accueil de prochaines échéances sportives majeures. La crédibilité de l’agglomération s’est également renforcée à travers l’organisation de cette Ryder cup, qui a été « du zéro faute », assure Jean-Michel Fourgous, rappelant qu’initialement, « nous, les élus, avions un doute sur notre capacité à organiser un tel événement ». De quoi consolider à l’avenir les perspectives d’accueil d’autres grands événements et donc générer de nouvelles retombées, et ce alors que les Jeux olympiques se profilent dans moins de cinq ans, avec quatre sites d’accueil à SQY.

« Le crédit de nos capacités d’organisation a fait un bond, on le sent dans tous nos contacts avec nos partenaires », se félicite Jean-Michel Fourgous. [Après la Ryder cup], les commerçants m’ont dit ‘‘Monsieur le président, vous refaites ça quand vous voulez’’ (l’organisation d’une telle manifestation, Ndlr), confie-t-il. Ils me reprochaient simplement qu’il fallait que je les prévienne de l’intensité, notamment car ils n’avaient pas eu suffisamment de réserves. Je leur ai dit ‘‘il y a les JO en 2024, donc préparez-vous’’, car c’est cinq fois plus fort et ça dure un mois. »

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