Le rendez-vous était très attendu. Lors du conseil municipal du 24 septembre à Villepreux, certains habitants suivaient la séance, retransmise grâce à des mégaphones, depuis l’extérieur d’une salle archicomble. Nombre d’entre eux étaient curieux de découvrir dans quelle atmosphère allait se tenir ce premier conseil depuis les événements de l’été.

Les événements de l’été, c’est-à-dire la prise de recul de Stéphane Mirambeau, seul maire LREM des Yvelines (élu sur une liste SE, Ndlr), annoncée le 14 juillet, pour raisons de santé, avant que l’on apprenne que l’édile était visé par une enquête pour harcèlement sexuel. Enquête toujours en cours et qui a plongé la majorité municipale dans la crise, accélérée par la décision du maire, début septembre, de revenir aux affaires mais de ne pas briguer un nouveau mandat. Ce retour, décidé contre l’avis de nombreux adjoints qui lui avaient conseillé de rester en retrait tant que ses soucis judiciaires n’étaient pas terminés, avait conduit à la démission du 1er adjoint Thierry Essling et de l’adjointe aux affaires sociales Valérie Fernandez.

Lors du conseil, l’ambiance est restée calme jusqu’à la dernière partie de la soirée. Les affaires courantes de la Ville ont été votées sans encombre, avant de laisser place à celles, plus fâcheuses, concernant l’administration générale. Car lorsque est venue l’heure d’aborder les derniers points de l’ordre du jour, le maire a vu sa majorité municipale se désolidariser de lui. Les désormais élus dissidents ont dégainé à coups de lecture de déclarations publiques actant la création de nouveaux groupes. La première flèche est décochée par Alexandre Guesnon, 7e adjoint.

« Les prises de position et décisions récentes du maire, les agissements ‘‘politiciens’’ auxquels nous avons dû faire face, ont contribué à semer le trouble et l’incompréhension et, au final, à entériner la rupture du lien de confiance pourtant indispensable entre un maire et son équipe », écrit-il dans sa déclaration, cosignée par Laurence Morelle-Losson, autre adjointe démissionnaire. Les deux élus, ont annoncé la constitution du groupe Villepreux d’abord, qui se veut « libre et indépendant ». Huit autres membres de la majorité se sont rangés à leurs côtés. « On sent dans votre ton que la campagne est lancée », rétorque Stéphane Mirambeau à son ex-adjoint.

Deuxième élue à lire une déclaration : Sylvie Sevin-Montel, dont le divorce avec le maire est plus que consommé depuis juillet. Le 15 juillet, elle a appris par les services municipaux que ses délégations lui avaient été retirées pour des raisons qu’elle assure ignorer, sans n’avoir reçu « aucun appel verbal ou écrit » du maire à ce sujet. « De plus, j’apprends peu de temps après que mes délégations ont été affectées à deux élus, ex-adjoints au maire, et acceptées par ces derniers, raconte-t-elle pendant le conseil municipal. J’en ai donc conclu qu’au minimum deux élus étaient favorables à mon retrait de délégations. » Elle dénonce même une « volonté commune de m’évincer de l’équipe ».

Et d’ajouter à l’adresse de Stéphane Mirambeau : « J’ai toujours fait face aux difficultés, à nos désaccords parfois, mais aussi à tes attitudes et tes comportements et ce, toujours dans le respect de ta fonction de maire […] dans un objectif d’intérêt général pour Villepreux. Mais là, la coupe est pleine. »

La tension entre le maire et celle qui était 2e adjointe a atteint son paroxysme lorsque Stéphane Mirambeau a dévoilé les raisons qui l’ont poussé à lui retirer ses délégations : il a laissé entendre qu’une des femmes qui l’accusait de harcèlement aurait été encouragée à porter plainte par Sylvie Sevin-Montel. Cette dernière qualifie ces propos du maire de « faux » et « honteux » et annonce qu’elle va « porter plainte à ce niveau-là ».

Entre-temps, l’élue villepreusienne avait annoncé quitter la majorité tout en restant au conseil municipal. Elle est rejointe par plusieurs élus, dont Corinne Ricaud, ex-4e adjointe. « Au moins, vous aurez le choix », ironise Stéphane Mirambeau à l’adresse des habitants. L’édile estime que « lâcher le maire comme il a été lâché, c’est assez unique » et que l’ « on a eu d’autres maires mis en cause dans des affaires beaucoup plus graves avec une équipe qui restait soudée au moins jusqu’au procès ».

C’est dans ce contexte de scission en deux groupes de la majorité, dont le maire est ressorti isolé, que s’est déroulée l’élection d’un conseiller communautaire, poste laissé vacant par Thierry Essling. Et c’est Laurent Blancquart, adjoint démissionnaire, qui lui succède à SQY. Mais l’élection la plus attendue était celle d’un 1er adjoint. Claude Bertin, doyen du conseil municipal et seul candidat, a été désigné, sauvant la Ville d’une mise sous tutelle par la préfecture.

Une élection permettant à Stéphane Mirambeau de terminer son mandat à la tête de la commune. Le maire entend « liquider les affaires courantes » durant ces six derniers mois. Ensuite, ce sera l’heure des élections municipales. « J’étais l’élément qui permettait cette union entre des courants de pensée qui s’opposaient, affirme-t-il. Maintenant, ils vont devoir proposer des choses indépendamment de moi. »

Une liste citoyenne se présente aux municipales

Tandis que la majorité se déchire et qu’au moins deux candidats devraient en émerger, une liste a, elle, déjà officiellement commencé à se constituer en vue des municipales. Portant le nom d’Agir avec vous pour Villepreux, il s’agit d’une liste sans étiquette se voulant « citoyenne, ouverte, plurielle et participative » et rassemblant des personnes de différentes sensibilités politiques (droite, gauche, centre) et de la société civile. On y retrouve, comme potentielle tête de liste, Valérie Bain, soutien de LREM à titre personnel, mais qui se dit issue de la « société civile ». Deux conseillers municipaux d’opposition SE, Emmanuel Olivier et Éric Magnon-Verdier, l’ont rejointe, de même que des candidats n’ayant jamais exercé une fonction d’élu auparavant.

Parmi les axes prioritaires : l’urbanisation, avec notamment la volonté de mettre en place « un moratoire sur tous les programmes immobiliers qui n’ont pas encore été lancés, pour avoir le temps de réfléchir sur le vivre ensemble et éventuellement d’aller à une révision du PLU », évoque Valérie Bain. L’écologie, le renforcement du lien entre les associations et de la programmation culturelle, ou encore l’attrait de commerces pour redynamiser le centre-ville, font aussi partie des projets mentionnés.