Vincent Fournier, salarié à La Poste et représentant départemental CGT-Fapt 78, était convoqué le 18 septembre, en commission disciplinaire. « La Poste me reproche des prises de parole, c’est-à-dire s’adresser aux collègues de travail, ce qui, pour le commun des mortels, est la base du boulot d’un syndicaliste », explique-t-il. Le même jour, un rassemblement se tenait devant le siège de la direction départementale à Guyancourt, en soutien à leur collègue. Trente à quarante personnes se sont mobilisées, dépendant notamment du centre de Versailles.

Des représentants de différentes organisations syndicales étaient présents. Parmi eux, Gaël Quirante, secrétaire départemental Sud Poste 92. « Vincent, dans le cadre de notre grève, […] a toujours été avec nous », clame-t-il avec véhémence face à la foule. Il évoque même « un scandale d’État », faisant référence au reportage d’Envoyé spécial diffusé le 12 septembre sur France 2 et qui faisait notamment état de pressions du résultat voire même de suicides de près de cinquante salariés au sein du groupe.

Plus largement, la mobilisation dénonçait donc la politique de La Poste, notamment les réorganisations et ses conséquences en termes d’emploi. Un combat que mène quotidiennement Vincent Fournier. « Il y a un plan de suppression de tournées et d’emplois prévu pour le mois de novembre, et il y en a au moins une dizaine (d’emplois concernés, Ndlr) sur Versailles, ce qui fait 10 % des effectifs du site », confie-t-il, dénonçant une direction qui agit « pour faire peur, montrer que les gens qui bougent, qui se mobilisent, interviennent dans les centres, on ne les laisse pas tranquille ».

Lors de ses deux précédents passages devant la commission, en 2015 et 2019, il avait à chaque fois écopé d’une semaine de mise à pied. Contacté au lendemain de sa nouvelle convocation, Vincent Fournier nous a confié que la commission ne s’était « pas entendue, comme prévu ». « Ça fait deux voix de chaque côté (sur les quatre sièges de la commission, deux sont occupés par la CGT et les deux autres par des représentants de la direction, Ndlr) et dans ce cas-là, c’est la direction qui décide, explique-t-il. Là, ils demandent quinze jours [de mise à pied], qu’ils vont probablement mettre. » Et le syndicaliste de redouter, à l’avenir, des sanctions plus lourdes. « Le directeur de Versailles me dit régulièrement : “on va vous licencier”, assure-t-il. Mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter. »

La Poste n’a elle pas souhaité s’exprimer « tant que la décision n’a pas été prise concernant cet agent ». Concernant les restructurations, l’entreprise rappelle qu’elle doit s’adapter à un « environnement marqué à la fois par la baisse des volumes du courrier […], l’augmentation des volumes de colis […] et par l’évolution des modes de vie des Français qui souhaitent une distribution plus rapide des colis et plus de services à domicile », reconnaissant qu’elle « peut mener alors des projets d’évolution d’organisation qui vise à améliorer le service rendu à nos clients et à développer les nouveaux services attendus par ces derniers ». Évolutions qu’elle assure être « conduites dans le dialogue, en construction avec les postiers concernés, et dans le respect du dialogue avec les partenaires sociaux ».